United States of America · 15 juin 2008 · 4 min
L'humilité intellectuelle et le pluralisme, valeurs essentielles de l'éducation au 21e siècle
Atlanta, Géorgie, le 18 avril 2008 - Son Altesse l'Aga Khan, imam (chef spirituel) des musulmans ismailis, a aujourd’hui exprimé la nécessité que les écoles à travers le monde ajoutent à leurs matières traditionnelles l’enseignement du pluralisme, une valeur selon laquelle les personnes d'origines différentes sont nos égales.
Alors qu’il prononçait la Conférence Peterson, organisée à l’occasion de la réunion annuelle du programme du Baccalauréat International (IB) à Atlanta, l'Aga Khan a souligné qu'une vision pluraliste n'est pas une compétence innée et qu'elle doit être acquise au travers de l'éducation.
« D’expérience, l’être humain n’a ni le don ni le désir de considérer l’Autre comme son égal dans la société », a-t-il déclaré. « Le pluralisme est une valeur qui doit être enseignée. »
Le chef spirituel des musulmans chiites imamites ismailis, une communauté ethniquement et linguistiquement diversifiée vivant sur les cinq continents, a souligné l'importance de la diversité culturelle sur une planète en constante mondialisation, un phénomène qui, parfois, constitue une menace pour les identités culturelles. Il a aussi averti que la quête de l'identité peut mener à l'exclusion. « La quête de l’identité risque alors de se transformer en processus d’exclusion et de nous définir en fonction de ce à quoi nous nous opposons plutôt qu'en fonction de ce pour quoi nous nous battons ».
« Je suis convaincu que la coexistence de ces deux puissantes tendances – une sorte de nouveau mondialisme d’un côté et de nouveau tribalisme de l’autre – sera, dans les années à venir, au cœur des préoccupations de nos responsables de l’enseignement. Cela sera d’autant plus vrai dans le monde en développement, qui constitue une véritable mosaïque d’identités », a-t-il ajouté.
Il a également déclaré vouloir relever ce défi au travers du nouveau projet ambitieux du Réseau Aga Khan de développement (AKDN) de créer, dans les dix années à venir, un réseau de 18 Académies Aga Khan qui dispenseront un enseignement de qualité à des étudiants d'exception et de toutes origines dans 14 pays en développement. Les élèves y seront sélectionnés en fonction de leur mérite, sans tenir compte de leurs moyens financiers. Les Académies proposeront aussi un important programme de formation professionnelle aux enseignants des écoles publiques et d'autres écoles à but non lucratif dans les régions concernées.
« Les Académies ont une mission double : offrir à des élèves au fort potentiel, quelle que soit leur origine sociale, une éducation d'une qualité exceptionnelle, et proposer à un nombre croissant d’enseignants dynamiques une formation de niveau international. »
« En œuvrant ensemble à combler le gouffre qui s’est creusé entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud, les économies des pays en développement et celles des pays développés, les sociétés urbaines et rurales, nous redéfinirons la notion même d’éducation », a-t-il déclaré.
L'Aga Khan a salué la philosophie du Baccalauréat International en matière d'éducation. « Le Programme de l’IB véhicule une idée puissante, la conviction que l’éducation peut amener le monde à repenser l’idée qu’il se fait de lui-même », a-t-il ajouté.
Il a souligné que le programme des Académies, basé sur le programme du Baccalauréat International, prévoit un enseignement dans deux langues : l'anglais et la langue locale. L'anglais permettra aux diplômés de jouer pleinement leur rôle sur la scène internationale, tandis qu’une bonne connaissance de leur langue maternelle leur garantira l’accès aux connaissances de leurs propres cultures », a-t-il souligné.
L'Aga Khan a déclaré que l'éducation pluraliste est aussi importante en Occident que dans le monde en développement. Il a proposé que le réseau de collaborateurs du Baccalauréat International et les académies Aga Khan travaillent ensemble à la construction de liens entre le monde en développement et le monde développé, entre le Nord et le Sud et entre le monde musulman et l'Occident.
« Ensemble, nous pouvons contribuer à redéfinir la notion de ce qu’est un citoyen du monde bien éduqué. Et nous pouvons déjà commencer à combler le fossé éducatif dont se nourrit ce que certains qualifient de choc de civilisations, mais que j’ai toujours perçu comme un choc des ignorances », a-t-il affirmé.
« Dans les années à venir, ne devrait-on pas attendre d’un jeune d’Atlanta qui suit le programme du Baccalauréat International qu’il en sache autant sur Jomo Kenyatta ou Muhammad Ali Jinnah que l’élève de Mombasa ou de Lahore en sait sur Martin Luther King, l’illustre fils d’Atlanta ? », a demandé l'Aga Khan.
Plus tôt dans la journée, l'Aga Khan a rencontré Sonny Perdue, le Gouverneur de Géorgie. La Géorgie constitue la quatrième et dernière étape du voyage de huit jours de l'Aga Khan à travers les États-Unis après le Texas, la Californie et l'Illinois. Cette année marque les 50 ans de la succession de l'Aga Khan à son grand-père, Sir Sultan Mahomed Shah, en tant que chef spirituel des musulmans chiites ismailis. Il célèbre son Jubilé d'or en visitant les communautés ismailis à travers le monde et en annonçant de nouvelles initiatives de développement.
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Semin Abdulla
Chargé d’information
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NOTE
Son Altesse l'Aga Khan est le 49e imam (chef spirituel) héréditaire des musulmans ismailis, une communauté constituée d'une population d'ethnies et de cultures diverses qui vivent dans plus de 25 pays du monde.
Son Altesse l'Aga Khan est le président fondateur du Réseau Aga Khan de développement (AKDN), un groupe d'agences de développement privées et non confessionnelles qui œuvrent à l’amélioration des conditions de vie et des perspectives d’avenir des populations démunies, principalement en Afrique subsaharienne, en Asie centrale et du Sud, et au Moyen-Orient. Les neuf agences du Réseau se consacrent au développement social, culturel et économique de tous, sans distinction d’origine, de sexe ou de confession. L’AKDN fonde son action sur une éthique de compassion envers les membres les plus vulnérables de la société. Son budget annuel en matière d’activités philanthropiques dépasse les 350 millions de dollars.