Kyrgyz Republic · 11 octobre 2011 · 4 min
Bichkek, République kirghize, le 5 octobre 2011 – L’ouvrage « The Kyrgyz Küüs: Analysis, Thoughts, and Opinions, Volumes I and II » (Küüs kirghizes : analyses, pensées et opinions, volumes 1 et 2), publié par l’Université d’Asie centrale (UCA), a été présenté hier soir à l’Opéra et Ballet-Théâtre universitaire de Bichkek.
Plus de 300 participants membres des communautés culturelles et universitaires, représentants du gouvernement et parlementaires, membres de la communauté internationale et étudiants en musique venus des lycées et des universités du pays ont assisté à la présentation. Au cours de son discours de bienvenue, M. Emilbek Kaptagaev, chef du bureau administratif du Président, a incité les participants à tout mettre en œuvre pour préserver les trésors culturels nationaux : « L’événement d’aujourd’hui contribue de manière significative à la préservation du patrimoine culturel kirghize et a permis de faire renaître les mélodies pour komuz. »
Cet ouvrage en deux volumes présente les résultats de plus de 20 années de recherches ethnographiques consacrées à la musique kirghize pour komuz, qui ont été menées par Asan Kaybïlda uulu, célèbre ethnomusicologue kirghize et joueur de komuz de renom. C’est la toute première publication de ce genre entièrement consacrée aux mélodies pour komuz et leur mode d’interprétation unique – la tradition voulant que les populations kirghizes se transmettent ces mélodies oralement et de génération en génération.
L’ouvrage est illustré par un grand nombre de documents historiques sur la küü kirghize (musique instrumentale qui se joue principalement sur un instrument à trois cordes, le komuz) qui datent des débuts de l’histoire kirghize et qui, sans cette initiative, seraient voués à disparaître. Les volumes s’accompagnent de CD musicaux contenant plus de 100 mélodies pour komuz ainsi qu’un livret explicatif de l’auteur qui résume leur histoire respective.
« L’expérience du Réseau Aga Khan de développement (AKDN) a prouvé que la revitalisation d’un patrimoine culturel peut servir de catalyseur au développement d’un pays et apporter de nouveaux espoirs à ses communautés. En publiant cet ouvrage, nous rendons hommage au riche patrimoine musical du peuple de la République kirghize qui a transmis des pratiques spirituelles et des valeurs morales qui seront désormais accessibles aux nouvelles générations », a expliqué Mme Nurjehan Mawani, représentante du Réseau Aga Khan de développement en République kirghize.
L’Université d’Asie centrale, qui a pour mission de préserver et de promouvoir les patrimoines culturels d’Asie centrale, a commencé sa collaboration avec Asan Kaybïlda uulu en 2008, dans le but de s’assurer que ce patrimoine particulier serait transmis aux nouvelles générations ainsi qu’aux étudiants et aux chercheurs. Ces volumes témoignent du dévouement dont le musicien a fait preuve pour restaurer les enregistrements de ces mélodies et raviver l’intérêt du public pour ce genre musical à travers son programme diffusé à la radio nationale au cours des vingt dernières années de sa carrière.
« Dans les années 1990, il a travaillé en étroite collaboration avec la télévision nationale kirghize et la société radiophonique « Les fonds d’or » (Altyn kazïna/Zolotoi Fond) ; durant cette période, il a restauré manuellement des centaines d’anciennes mélodies pour komuz qui avaient été enregistrées durant l’ère soviétique », a précisé Totu Sydykova, l’épouse du défunt auteur. « Je remercie très sincèrement la Dre Elmira Kochumkulova, l’Université d’Asie centrale et ses dirigeants pour le soutien qu’ils ont apporté à mon époux et pour avoir reconnu son dévouement par l’intermédiaire de cet ouvrage », a-t-elle ajouté.
« La nécessité de développer le patrimoine culturel kirghize fait actuellement l’objet de nombreuses discussions. Mais il faut insister sur le fait - et j’en appelle particulièrement aux jeunes – qu’apprécier la diversité culturelle et développer la culture d’un pays exige plus que de simples déclarations. Pour qu’une culture puisse se développer, il faut l’étudier, faire des recherches, la documenter, et ce de manière professionnelle. Cela requiert un certain niveau d’éducation, un travail poussé et un dévouement indéfectible. Asan Kaybïlda uulu a passé 20 ans de sa vie à étudier les mélodies kirghizes, et aujourd’hui, nous récoltons le fruit de ses efforts », a déclaré le Dr Bohdan Krawchenko, directeur général de l’Université d’Asie centrale.
Chargé par l’auteur de faire éditer son manuscrit, Ernis Tursonov, poète émérite de la République kirghize, a déclaré au cours de la présentation : « Peu de chercheurs ont recueilli autant d’informations sur la riche tradition orale des Kirghizes dans le but d’ajouter de précieux documents écrits au patrimoine culturel, et Asan Kaybïlda uulu figure parmi eux. De même que la dombra des Kazakhs, le dutar des Ouzbeks, le rubab des Tadjiks et la balalaïka des Russes, le komuz est un symbole de la culture kirghize. La musique pour komuz est un trésor spirituel qui englobe l’histoire, la langue, les coutumes, l’âme et l’esprit des Kirghizes. Le peuple kirghize survivra tant qu’il jouira de sa langue, de ses traditions et de sa musique. »
« The Kyrgyz Küüs: Analysis, Thoughts, and Opinions, Volumes I and II » (complété par deux CD musicaux) a été écrit par Asan Kaybïlda uulu et édité par Ernis Tursunov. La Dre Elmira Kochumkulova, éditrice académique et maître de recherches à l’Université d’Asie centrale, a compilé l’ouvrage et en a écrit l’index et la bibliographie. Pour plus d’informations sur l’auteur et les extraits musicaux, veuillez consulter le site : http://www.ucentralasia.org. Vous pouvez également passer vos commandes par courriel à l’adresse suivante : [email protected].
Ces deux volumes font partie de la série de publications sur le patrimoine culturel de l’Université d’Asie centrale, dont les autres ouvrages de la série sont : les volumes 1, 2 et 3 de « The Musical Arts of the Pamirs » (Arts musicaux du Pamir - en russe, 2011), « Ancient Monuments of Tien-Shan » (Anciens monuments du Tien-Shan - en russe, 2011) et « Archaeological Map of Tajikistan » (Carte archéologique du Tadjikistan - en russe, 2008). La série d’ouvrages consacrés au patrimoine culturel du Tadjikistan est coordonnée par la Dre Sharofat Mamadambarova, directrice du Programme Aga Khan de sciences humaines. L’Université publiera prochainement « Music in Central Asia: an Introduction » (Introduction à la musique d'Asie centrale), « Cities of the Dead: The Ancestral Cemeteries of Kyrgyzstan » (Les villes des disparus : cimetières ancestraux en République kirghize), « Islam, Nomadic Heritage and Kyrgyz Identity » (Islam, patrimoine nomade et identité kirghize), les volumes 4 et 5 de « Musical Arts of the Pamirs », « Archaeological Map of the Eastern Pamirs » (Carte archéologique du Pamir oriental) et « Kyrgyz and Kazakh Nomadic Culture through Proverbs » (Proverbes des cultures nomades kazakhe et kirghize).