India · 31 juillet 2014 · 7 min
Le 26 janvier 2001, un séisme d’une magnitude de 7,9 sur l’échelle de Richter dévastait l’État indien du Gujarat. La catastrophe a fait 20 000 morts, 167 000 blessés et au moins 600 000 sans-abris. Plus de 348 000 maisons ont été détruites et 844 000 autres endommagées. Les agences du Réseau Aga Khan de développement (AKDN) ont été rapidement déployées après cette catastrophe afin de venir en aide aux victimes. Étant déjà bien établi dans le Gujarat, le Réseau a en effet pu intervenir très rapidement auprès des communautés touchées. En parallèle, il s’est également engagé à les aider à se préparer sur le long terme à faire face aux catastrophes naturelles. Le Programme de réhabilitation post-séisme a ainsi pour objectif de réhabiliter les communautés touchées dans plusieurs villages situés dans la région de Kutch, dans le Gujarat. Plus de 40 000 personnes bénéficieront de cette initiative.
Introduction
Le séisme qui a frappé le Gujarat le 26 janvier 2001 est le deuxième plus fort tremblement de terre enregistré en Inde et la pire catastrophe naturelle à toucher le pays en plus de 50 ans. Près de 16 millions de personnes sur une population totale de 37,8 millions en ont subi les conséquences. Selon les estimations du gouvernement, les pertes économiques directes s’élèveraient à 1,3 milliard de dollars, tandis que d’autres estimations annoncent des chiffres atteignant les 5 milliards de dollars.
Parmi les 21 districts touchés, quatre ont subi plus de dégâts que les autres, notamment le district de Kutch. Dans cette zone, 400 villages ont été dévastés. Sur les 20 000 morts déplorés dans le Gujarat, 18 000 habitaient cette région. Dans la ville de Bhuj (district de Kutch), plus de 3 000 habitants sont morts, l’hôpital principal a été anéanti et près de 90 % des bâtiments ont été détruits.
Dans cette zone, les hôpitaux, les écoles, les réseaux électriques, les systèmes d’approvisionnement en eau, les ponts et les routes ont particulièrement été endommagés. Des écoles ont été détruites. En parallèle, les établissements de santé ayant subi le plus de dégâts n’étaient plus en mesure d’assurer les services de base pour les communautés démunies, notamment les femmes et les enfants.
Le Programme multisectoriel de réhabilitation et de reconstruction, mis en œuvre par les agences du Réseau Aga Khan de développement, s’efforce d’aider ces communautés touchées par le séisme qui a frappé le Gujarat en 2001. Les activités mises en œuvre depuis son lancement ont déjà permis la construction de maisons résistantes aux catastrophes et de deux nouveaux centres ruraux d’enseignement. Des systèmes d’approvisionnement en eau potable gérés par les communautés ont également été mis en place. Des systèmes de collecte de l’eau ont été installés afin de recharger les réserves souterraines. De nouveaux dispensaires proposent désormais des services de soins de santé primaires aux femmes et aux enfants. Des programmes d’épargne et de crédit permettent aux populations de rétablir leurs moyens de subsistance. Des formations en gestion et préparation aux catastrophes sont offertes aux villageois. Enfin, en collaboration avec l’administration de l’État, des ONG travaillant dans la région sont formées dans des domaines tels que la gestion de la sécheresse.
Objectifs
Les objectifs du programme sont les suivants :
Un programme intégré
Les activités mises en œuvre par l’équipe du Programme sont nombreuses : construction d’abris et mise en place d’activités génératrices de revenus, renforcement des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement afin de lutter contre la sécheresse, amélioration des services de santé et de nutrition et organisation de formations en préparation aux catastrophes afin de réduire le stress psychologique.
Dans le but de maximiser les différentes ressources de ces initiatives et de garantir qu’elles débouchent sur le renforcement de la sécurité sur le long terme, le Réseau travaille auprès de cinq acteurs majeurs de la région :
Logement et assainissement
Au total, 76 maisons (sur les 100 proposées) ont été construites par le Réseau, et les familles ont depuis pu y emménager. Ces habitats sont résistants aux cyclones et aux séismes et comportent des toilettes et des salles de bain.
La communauté couvre environ 8 % des coûts de construction. Ainsi, sur un coût total d’environ 51 000 roupies indiennes par unité (environ 1 080 dollars), la communauté contribue à hauteur d’environ 4 000 roupies (environ 85 dollars), généralement en main-d’œuvre. À ce jour, cette initiative a engendré près de 10 000 jours travaillés et environ 1 120 240 roupies (23 800 dollars) de revenus pour la communauté.
Dans cette région, la couverture sanitaire a toujours été mauvaise, notamment en raison du manque de toilettes et de salles de bain. Dans l’un des villages ciblés par le Programme, la situation a été en grande partie inversée. En effet, plus de 105 toilettes ont été construites et 125 de plus ont été commandées. Les villageois sont enclins à couvrir la moitié des frais de construction. Autre exemple, dans le village de Nagalpur, les murs d’une structure d’assainissement précédemment construite ont été réparés. Un groupe d’entraide de femmes a contribué à cette initiative en se portant bénévole pour la main-d’œuvre.
Dans le village de Khambra, un système d’approvisionnement en eau potable par canalisation desservant 80 familles a été mis en place. Les bénéficiaires ont formé un groupe appelé paani-samiti (comité d’usagers de l’eau) qui prélève une redevance mensuelle de 15 roupies (0,31 dollar) par ménage afin d’alimenter un fonds pour l’entretien du système. Ce montant s’ajoute aux 200 roupies (4,25 dollars) qui ont été précédemment versées par chaque foyer pour être raccordé au réseau, ce qui constitue donc une base de plus de 20 000 roupies (424 dollars) pour le fonds.
Le groupe a également suivi un programme d’orientation et de formation afin de pouvoir gérer le système de manière durable. Il sera chargé de la collecte mensuelle des redevances, de la gestion des fonds, de la réparation, de l’entretien et de la médiation des éventuels conflits. Plusieurs fontaines communautaires ont également été installées et un système d’assainissement a été construit dans l’école locale.
Gestion de l’eau et d’autres ressources naturelles
Comme dans le reste du Gujarat, le district est en état de sécheresse depuis les quatre dernières années. Le niveau des nappes phréatiques est alarmant et les eaux souterraines des villages proches de la côte présentent une forte salinité, ce qui les rend impropres à l’agriculture et aux usages domestiques, un problème qui affecte déjà l’économie agraire de la région. Les villages puisent dans le seul aquifère d’eau douce de la région, mais craignent que l’eau souterraine qu’ils utilisent ne soit pompée (voire vendue dans certains cas) de la région vers le port voisin de Kandla et ses environs.
Dans de telles circonstances, le niveau de l’eau souterraine s’épuise à raison de 1 cm par jour, soit 3,65 m par an. L’eau douce n’est disponible qu’à une profondeur située entre 76 et environ 152 mètres. Sous cette limite, l’eau est salée. Une unité de support technique mise en place en collaboration avec le gouvernement du Gujarat dispense des formations aux ONG travaillant à la réduction de la sécheresse et à la conservation de l’eau dans la région.
Le Programme sensibilise également la population à l’importance de la conservation et d’une répartition équitable des ressources naturelles dans les villages, notamment par l’instauration de meilleures pratiques agricoles.
Des mesures comme la construction de digues et de réservoirs à percolation, la recharge de puits de forage et l’adoption de méthodes de culture en courbes de niveau permettent déjà de faire face à certains de ces problèmes, principalement car elles facilitent la collecte de l’eau et l’élévation du niveau des eaux souterraines. Dans l’un des villages concernés, un réservoir a également été réparé. Des démonstrations de nouvelles méthodes et des visites de découverte sont organisées et des programmes de formation sont mis en œuvre afin d’améliorer les pratiques agricoles.
Grâce à l’instauration de pratiques plus modernes et plus économes en eau, telles que l’utilisation de systèmes d’irrigation goutte à goutte, les communautés comprennent mieux l’importance de bien gérer les ressources hydriques. En complément, la floriculture et la culture maraîchère sont également encouragées.
Promotion de la santé et de l’hygiène
Des centres de soins sont désormais opérationnels dans trois villages et fourniront à terme des services à 20 000 personnes réparties dans huit villages. Un médecin itinérant et un pharmacien travaillent dans ces différents dispensaires, tandis que des visiteuses médicales gèrent les services quotidiens et assurent la tenue des dossiers médicaux. Un groupe de femmes bénévoles s’efforce d’assurer la prestation de services au niveau des ménages afin que la communauté rurale dans son ensemble puisse accéder aux services de santé de base.
Cette approche intégrée permet d’étendre la portée des initiatives de santé bien au-delà des soins thérapeutiques afin de résoudre de nombreuses causes sous-jacentes de mauvaise santé, comme l’analphabétisme chez les femmes, le manque de sensibilisation à l’importance de la santé et de prévention des maladies, une nutrition carencée ou encore une mauvaise hygiène personnelle.
L’AKDN s’attaque en parallèle aux infections des voies respiratoires et aux autres maladies infectieuses en sensibilisant les populations visées au travers de son programme de vaccination. Des progrès notables sont également observés dans le domaine des soins postnatals et prénatals. Ensemble, les trois villages sont déjà couverts à plus de 75 %. Les programmes de vaccination pour les femmes enceintes ont atteint 90 % de leurs cibles, tandis que la campagne « Pulse Polio », menée en collaboration avec des agences gouvernementales, a atteint 95 % des enfants visés. La réaction de la population à la campagne de vaccination contre l’hépatite B a également été très encourageante.
Éducation
L’AKDN aide également à reconstruire des écoles endommagées ou détruites. Par exemple, l’école Mundra, construite en 1908 et complètement détruite après le séisme, est aujourd’hui en passe d’être de nouveau opérationnelle. Autrefois une école primaire qui accueillait environ 300 élèves jusqu’à la cinquième, elle s’apprête à devenir une école secondaire supérieure.
Deux maternelles, qui seront construites à Nagalpur et dans le village de Sinugra, sont pour le moment en activité dans des locaux loués à cet effet. Elles accueillent en moyenne 40 enfants chacune.
Les écoles appliquent une approche d’apprentissage novatrice et efficace axée sur les activités et centrée sur l’enfant dans le cadre de laquelle les enseignants jouent le rôle d’animateurs pour aider les élèves à apprendre par l’observation et les activités en groupe.
Préparation aux catastrophes et renforcement des capacités de gestion
Les membres du Programme ont sélectionné 100 villageois (hommes et femmes) qui suivront une formation intensive en gestion des risques de catastrophe. Cette formation leur apprendra à gérer les situations après un séisme, un cyclone et un incendie. L’objectif de cette initiative est de contribuer à établir en un court laps de temps un mécanisme pouvant permettre aux communautés d’intervenir de manière adéquate en cas de catastrophe naturelle et de sauver des vies.
Grâce à cette formation, les bénéficiaires devraient observer une meilleure coordination avec les opérations de secours et de sauvetage mises en œuvre par le gouvernement et les agences humanitaires afin d’éviter une désorganisation commune entravant souvent les opérations menées au lendemain de catastrophes naturelles.
En priorisant une mise en œuvre transparente, fiable et inclusive de mesures de réduction de la vulnérabilité, l’initiative a pour but d’établir les bases des futures interventions qui pourraient être nécessaires en cas de catastrophe, mais également des projets de développement connexes mis en œuvre dans d’autres régions du Gujarat ainsi que dans d’autres États exposés à la sécheresse.