15 juin 2008 · 5 min
Bishkek, Kyrgyzstan, 29 Oct.-1 Nov. 2002 — Haut dans les montagnes d’Asie centrale, une université privée, laïque, sans but lucratif, dédiée à l’éradication de la pauvreté qui sévit alentour, est en train d’émerger du sol aride de trois pays essentiellement islamiques.
Grâce à une contribution initiale de 15 millions de dollars E.-U. de son Altesse l’Aga Khan, Président du Réseau Aga Khan de développement, à la dotation, l’Université d’Asie centrale (UAC) sera bientôt équipée de campus à Khorog (Tadjikistan), Tekeli (Kazakhstan) et Naryn (République kirghize). L’Université sera au service d’une population appauvrie d’environ 25 millions d’habitants des montagnes.
L’objectif du Réseau Aga Khan de développement et de l’Université, est de faire passer la dotation à 200 millions de dollars et de prouver que l’université peut être une ressource de développement, par la création de centres d’enseignement à distance dans d’autres zones montagneuses en Ouzbékistan, en Iran, au Pakistan, en Afghanistan et en Chine. Un large recours aux dernières technologies d’enseignement à distance permettra, en fin de compte, de dispenser des cours dans toute l’Asie centrale.
Des cours d’enseignement et de formation continus ont commencé en 2001 à Khorog, au Tadjikistan. Dans cinq ans, l’UAC espère attirer 6 000 étudiants chaque année dans le cadre de son programme d’enseignement et de formation continus et des diplômés de l’enseignement secondaire dans le cadre de ses programmes de licence et de maîtrise.
Les recherches entreprises à l’Université devraient fournir des solutions au problème de développement des sociétés vivant dans les zones montagneuses non seulement en Asie centrale mais également dans les Alpes, les Andes, les Himalayas et d’autres chaînes de montagnes.
Les incredules se rappelleront peut-être le scepticisme avec lequel la création proposée de l’Université et de l’Ecole de médecine Aga Khan à Karachi au Pakistan avait été accueillie il y a 20 ans. Aujourd’hui, cette université est considérée comme l’une des meilleures d’Asie.
La création de la nouvelle université coïncide avec l’Année internationale de la montagne dont la célébration se terminera par le sommet mondial de Bichkek en République kirghize, du 29 octobre au 1er novembre. L’UAC sera l’objet d’une table ronde pendant la réunion. Les gouvernements participants sont notamment la Suisse, l’Allemagne et l’Italie.
L’UAC offre un programme de niveau maîtrise d’une durée de 18 mois sur la mise en valeur des régions montagneuses, un programme de quatre ans de niveau licence en lettres modernes et des cours pratiques dans le cadre de l’enseignement et de la formation continus.
La décision de donner la priorité à ces cours de formation continue repose sur l’idée du Réseau Aga Khan de développement selon laquelle les outils et les ressources doivent être canalisés dans un premier temps pour l’enseignement des adultes et ensuite au profit de leurs communautés, si l’on veut briser le cercle de la pauvreté qui enserre les zones de hautes montagnes.
Pris dans les escarmouches entre grandes puissances pendant le Grand Jeu du XIXe siècle, ces pays ont été rendus dépendants de la générosité de la Russie tout en jouant le rôle d’etats tampons entre la Russie et l’Empire britannique. Pendant l’ère soviétique, les pays d’Asie centrale ont bénéficié d’un très bon niveau d’enseignement mais ont appris peu de chose en matière d’agriculture et ils manquaient d’autonomie aux plans de l’alimentation, de l’énergie et d’autres ressources de base nécessaires. Les cours hors faculté de l’UAC sont conçus pour doter les habitants des montagnes dans les zones éloignées des compétences qui leur font défaut dans le domaine des techniques agricoles, des divers métiers intervenant dans la construction, de l’élevage moderne, de l’administration publique, de l’informatique pratique et de la gestion de petites entreprises.
Lorsqu’en 2000, l’Aga Khan a signé avec les présidents des trois républiques d’Asie centrale le traité portant création de l’UAC, il a déclaré: “ Les habitants des régions de montagnes vivent dans un dénuement et un isolement extrêmes et ils ont peu d’opportunités mais, dans le même temps, ils sont les garants du pluralisme linguistique, culturel, ethnique et religieux et font preuve d’une résistance remarquable face à la dureté incroyable de leurs conditions de vie. En créant un espace et des ressources intellectuels, cette université contribuera à faire des montagnes qui divisent les nations et les territoires d’Asie centrale un lien qui unira les peuples et leur économie dans une entreprise commune visant à améliorer leur bien-être futur.”
Il ne sera pas tenu compte des besoins financiers pour les cours de licence et de maîtrise, c’est-à-dire que les étudiants paieront selon leurs possibilités. Aucune personne ayant les qualifications académiques requises ne sera exclue pour des raisons financières.
Même dans des pays riches, les populations des zones de montagne ont choisi de quitter leur foyer et de faire leur vie ailleurs. Alors pourquoi ne pas permettre à ce processus, semble-t-il naturel, de faire son chemin en Asie centrale?
«Cette démarche prétendument ‘réaliste’ face aux populations des régions de montagne aurait des conséquences désastreuses en Asie centrale, » déclare M. S. Frederick Starr, le recteur temporaire de l’Université d’Asie centrale et Président de l’Institut Asie centrale-Caucase à l’Ecole supérieure d’études internationales de l’Université Johns Hopkins. « Les capitales exploseraient avec des millions de nouveaux immigrants qu’elles ne seraient absolument pas préparées à recevoir. Pour l’essentiel, ces immigrants involontaires seraient des hommes jeunes. Sans compétences, sans emploi, désespérément pauvres et désorientés, ils constitueraint de proies faciles pour toutes sortes d’activités ou de groupes leur faisant des offres prometteuses. Les extrémistes religieux par exemple. Et les quelques-uns uns qui seront restés dans les montagnes seraient aussi des recrues faciles pour les trafiquants de drogues, les seigneurs de la guerre et les fanatiques religieux. »
“Les principes sur lesquels repose la création de l’UAC sont la tolérance et le respect des autres groupes ethniques et des autres religions,” déclare M. Starr. “La théologie n’aura pas sa place dans les programmes et aucun religieux ne fera partie du corps enseignant ni du personnel. En revanche, l’histoire et les systèmes éthiques des grandes religions du monde seront enseignés dans le cadre de cours d’histoire, de philosophie et de civilisation dispensés par des membres de faculté très qualifiés dans ces domaines.”
Le réseau Aga Khan de développement est également en train de mettre en place des écoles préparatoires à l’UAC dans les trois pays ainsi que des cours d’anglais. Après de longs débats avec les éducateurs et les spécialistes régionaux, il a été décidé que les cours d’enseignement continu auraient lieu dans les langues et les dialectes locaux dans lesquels les élèves se sentent le plus à l’aise. L’anglais sera utilisé pour les études de licence et de maîtrise.
Note aux journalistes: pour des entretiens ou des informations supplémentaires à Bishkek, veuillez vous mettre en contact avec M. Amyn Ahamed, Hyatt Regency Bishkek, tél. (996) 312 66 12 34, Fax: (996) 312 66 57 44, portable (33) 6750 77463, amyn.ahamed@aiglemont.orgou Sam Pickens, Hyatt Regency Bishkek, portable (41.76) 390 5099, sam.pickens@akdn.ch. Pour des entretiens ou des informations supplémentaires à Genève, veuillez vous mettre en contact avec M. Tom Kessinger, Réseau Aga Khan de développement, 1-3 avenue de la Paix, 1211 Genève 2, tél. (41.22) 909 7200, tom.kessinger@akdn.ch. Pour des entretiens avec le recteur temporaire de l’Université d’Asie centrale, veuillez prendre contact avec M. S. Frederick Starr aux Etats-Unis, tél. (1.202) 663 7720, sfstarr@jhu.edu.