United States of America · 18 mars 2014 · 4 min
AKDN / Farhez Rayani
Providence, États-Unis, le 11 mars 2014 — Hier, l'Aga Khan a souligné que malgré le pouvoir des réseaux sociaux, les personnes n’étaient pas forcément mieux connectées entre elles. Il a mis en garde contre le caractère superficiel des nouveaux médias, l'isolement intellectuel et l'ignorance réciproque qui empoisonnent les relations entre l'islam et l'Occident dans un monde contemporain fortement interconnecté.
« Un flux d’informations plus important au bout de nos doigts peut mener à plus de connaissances et de compréhension », a-t-il déclaré. « Mais cela peut aussi impliquer une diminution de la concentration, des jugements plus impulsifs et une plus grande dépendance à de brèves informations superficielles. »
« L'ignorance angoissée » doit être remplacée par « la connaissance empathique », a souligné l'Aga Khan, en affirmant un engagement réfléchi et renouvelé en faveur du concept du pluralisme et d’une société civile forte.
L'imam (chef spirituel) des musulmans chiites ismailis s'est ainsi exprimé lors de son discours prononcé à l’occasion de la 88e Conférence commémorative Stephen A. Ogden Jr. '60 sur les affaires internationales de l'Université Brown, organisée dans le cadre des célébrations du 250e anniversaire de l'université.
L'Aga Khan a expliqué que la société civile peut contribuer à la création de nouveaux cadres de gouvernance comme cela a récemment été le cas au Kenya, en Tunisie et au Bangladesh, particulièrement lorsqu’on comprend qu'il ne peut y avoir de réponse universelle et que les résultats peuvent varier. « Je crois que, de nos jours, les voix de la société civile peuvent être parmi les plus puissantes. Là où un changement se fait attendre, elles peuvent être les voix du changement. Là où les peuples vivent dans la peur, elles peuvent être les voix de l'espoir », a-t-il ajouté.
Une société civile de qualité, a expliqué l'Aga Khan « s'appuie sur trois fondements essentiels : un attachement au pluralisme, une ouverture à la méritocratie et une pleine acceptation… d'une éthique cosmopolite », qu'il définit comme « celle qui répond au besoin ancestral d'un équilibre entre le particulier et l'universel, du respect des droits de l'homme et des obligations sociales, de l'avancée dans sa propre liberté et de l'acceptation de la responsabilité humaine ».
La présidente de l'Université Brown, Christina Paxson, a présenté l'Aga Khan – dont l'aîné des fils a fréquenté l'Université Brown – comme « un ancien ami et un membre de la famille de l’Université ». Elle a salué le travail du Réseau Aga Khan de développement (AKDN), ajoutant que l'Université Brown reconnaît et célèbre « les institutions et les personnes qui, à travers le monde, défendent des valeurs fondamentales telles que la découverte du savoir et la notion que la connaissance est une source de force partagée par tous ».
Lors de sa conférence, l'Aga Khan a mis en garde qu'une accentuation du manque de connaissances entre l’islam et l'Occident pourrait provoquer un manque d'empathie, rendant plus difficile le fait de rester ouvert aux autres. « La lutte pour rester ouvert à l'Autre avec empathie dans un monde en mutation est une lutte constante d'une importance vitale pour tous », a-t-il affirmé.
L'Aga Khan a déclaré que le manque de connaissances entre les civilisations et les conflits intérieurs alimentent les tensions à travers le monde. « La triste réalité est que l'hostilité et l'intolérance religieuses, entre les religions et au sein d'une même religion, contribuent aux crises violentes et à l'impasse politique dans le monde entier, en République centrafricaine, au Soudan du Sud et au Nigéria, au Myanmar, aux Philippines et en Ukraine et dans bien d'autres pays », a-t-il ajouté.
Il a souligné à maintes reprises ce qu'il considère comme un « problème de fragmentation », précisant que la diversité en elle-même devrait être une source d'enrichissement et que cette fragmentation apparaît quand « divers éléments se désolidarisent, quand les liens qui nous connectent au travers de nos différences commencent à s'affaiblir ».
Ce sont ces forces de fragmentation qui « peuvent menacer la cohérence des sociétés démocratiques et l'efficacité des institutions démocratiques ». Par exemple, le conflit croissant entre les musulmans sunnites et chiites dans un certain nombre de pays « devient un véritable désastre ».
L'Aga Khan, qui a reçu un doctorat honorifique de l'Université Brown en 1996, a exprimé son admiration pour le rôle que les grandes universités jouent en répondant aux enjeux de gouvernance dans les pays en développement, et notamment dans les sociétés musulmanes.
Mentionnant principalement les pays en développement, où les démocraties émergentes sont une nouvelle donne, l'Aga Khan a reconnu que « créer de nouveaux cadres de gouvernance n'est évidemment pas une tâche aisée. Mais cela n’est pas pour autant impossible. » Il a ajouté que « le progrès est possible lorsque des questions complexes sont soumises à une analyse compétente, intelligente, nuancée et sophistiquée », basée sur « une connaissance empathique ».
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Semin Abdulla
Responsable des communications
Réseau Aga Khan de développement
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Shaheen Kassim-Lakha
Conseil Aga Khan pour les États-Unis
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Téléphone : +1 (213) 447-3398
NOTES
Son Altesse l'Aga Khan est le 49e imam héréditaire des musulmans chiites ismailis et le président fondateur du Réseau Aga Khan de développement (AKDN). Depuis près de 60 ans, il est extrêmement actif dans le développement international. À l'Université Brown, il était accompagné par les membres de sa famille proche, dont son fils, le prince Rahim Aga Khan, qui a été diplômé à l'Université Brown en 1995.
Créée en 1965, la Conférence Ogden a permis à l’Université et aux communautés voisines d’assister à des discours dignes de foi et opportuns sur les affaires internationales dans le but de favoriser la paix et la compréhension internationales. Le Dr Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale, le Roi Hussein de Jordanie, Mikhail Gorbatchev, ancien Président de l'Union soviétique, Sa Sainteté le 14e Dalaï-lama du Tibet, Paul Volcker, ancien président de la Réserve fédérale, ainsi que d'autres diplomates de haut rang et observateurs de la scène internationale y ont notamment été conférenciers d’honneur.