Exposition « Moving Together » (Se déplacer ensemble) à la Biennale de Venise - Carte du monde

Onno Ruhl, directeur général de l’Agence Aga Khan pour l’habitat, explique : « Plus de 90 % du territoire tadjik se compose de montagnes, et environ la moitié se situe à 3 000 mètres d’altitude ou plus et est exposée à de nombreux dangers naturels. Alors que les catastrophes naturelles deviennent de plus en plus fréquentes et violentes en raison du changement climatique, il est essentiel de trouver des solutions pour aider les communautés touchées à reconstruire ce qui a été détruit et, lorsque c’est nécessaire, à se relocaliser. Le cadre d’aménagement de l’habitat de l’AKAH donne aux personnes déplacées la possibilité de se construire un avenir meilleur et plus sûr. »


L’étude de cas de Basid s’appuie à la fois sur les compétences et les connaissances de la communauté, sur une analyse factuelle et sur les meilleures pratiques de planification et d’urbanisme de l’AKAH, du MIT et de KVA MATx. Grâce à ce projet, dont l’objectif est d’élaborer un modèle de planification participative de relocalisation, ce petit village reculé situé au cœur des montagnes tadjikes bénéficie de l’expérience d’acteurs internationaux.


En s’appuyant sur le cadre d’aménagement de l’habitat et les évaluations des dangers, de la vulnérabilité et des risques (HVRA) de l’AKAH, les partenaires et la communauté ont identifié quatre points majeurs à prendre en compte dans l’élaboration du plan : améliorer l’accès, assurer un approvisionnement en eau, enrichir la terre par la conservation du sol et de la végétation, et définir des options d’aménagement sûres pour le village.


James Wescoat Jr, professeur Aga Khan émérite d’architecture paysagère et de géographie au MIT, précise : « l’étude de cas de Basid montre l’importance des liens étroits qui existent entre la recherche, la planification et la conception. Le village fait face à de très nombreux défis, allant des fréquents éboulements aux inondations épisodiques jusqu’à l’insécurité permanente qu’entraîne le barrage naturel du lac Sarez, situé en amont. Il est donc important de mettre sur pied une étude de cas sur un projet de relocalisation volontaire qui prend en compte autant de déterminants, d’éléments de conception et d’options que possible pour renforcer la sécurité sur le plateau et assurer une utilisation productive et durable de la plaine inondable. » Un défi d’une telle complexité et impliquant autant de risques exige la mise en œuvre d’une approche multisectorielle mais unifiée de la planification de l’habitat qui, idéalement, s’appuie sur un processus décisionnel qui découle de données avérées et intègre les points de vue et les besoins de la communauté concernée.


L’équipe est ainsi partie de l’approche d’évaluation de l’habitat de l’AKAH, à l’aide de photographies prises par des drones et des données et analyses de systèmes d’information géographique (SIG). L’objectif était d’identifier les sites sûrs, de cartographier les dangers et d’évaluer d’autres données environnementales et géospatiales importantes pour la préparation du plan, notamment l’exposition au soleil, la topographie, l’eau, la végétation ou la composition du sol. L’implication de la communauté faisant partie intégrante du processus de planification de l’habitat de l’AKAH, les partenaires ont travaillé auprès des résidents et des dirigeants communautaires de Basid pour identifier leurs besoins et déterminer les approches de programmation et de construction qui seraient les plus efficaces dans leur contexte. Ils ont ainsi organisé des séances de conception collective directement sur le terrain, sur lesquelles le MIT et KVA MATx se sont ensuite appuyés pour définir un ensemble d’options de conception et de recommandations pour mener une relocalisation en plusieurs étapes.


L’étude de cas propose une série d’options de conception qui peut être mise en œuvre progressivement, en commençant par l’application des mesures les plus urgentes, pour terminer avec la relocalisation définitive. Les mesures proposées sont nombreuses : transplantation de sols fertiles issus de la rivière sur le nouveau site du village, construction de maisons et de fermes mieux orientées par rapport au soleil, au vent et à l’eau, mise en place de stratégies durables de plantation, stabilisation des pentes et des champs en terrasses par la plantation d’arbres, ou encore mise en œuvre de stratégies de réduction des risques de catastrophe, comme la construction de structures parasismiques ou l’installation d’un drone-port communautaire pour l’acheminement de médicaments et de denrées alimentaires en cas d’urgence.


Cette étude de cas est présentée à la Biennale de Venise, qui se penche cette année sur la question « Comment allons-nous vivre ensemble ? » et met l’accent sur les nouveaux défis que le changement climatique entraîne sur l’architecture, le rôle de l’espace public dans les récents soulèvements urbains, les nouvelles techniques de reconstruction et l’évolution des formes de construction collective. L’étude sur la relocalisation de Basid vise à déterminer la façon dont les communautés peuvent évoluer ensemble de manière pacifique, juste et productive dans un cadre d’autogestion. En effet, avec l’augmentation des catastrophes d’origine climatique, « vivre ensemble » tend de plus en plus à signifier « se déplacer ensemble ».


Pour tout complément d’information, veuillez contacter :


Trushna Torche - Trushna.torche@akdn.org


Liens vers le site internet du projet « Moving Together » du MIT : www.movingtogether.mit.edu ; et du site internet de l’AKAH