Kenya · 16 avril 2020 · 3 min
Agnes Ojok travaille à l’Hôpital Aga Khan de Kisumu depuis qu’elle a obtenu son diplôme en soins infirmiers au Collège de formation médicale du Kenya en 2009. La jeune fille qu’elle était et qui admirait sa tante, une infirmière, est elle-même devenue une remarquable infirmière et sage-femme.
Trois ans après qu’Agnes eut intégré l’Hôpital Aga Khan en qualité d’infirmière praticienne, elle et quelques-uns de ses collègues se virent offrir une bourse de la part de l’établissement pour suivre le programme de licence en sciences infirmières de l’École d’infirmières et de sages-femmes de l’Université Aga Khan (AKU-SONAM). Elle était aux anges : « J’étais véritablement honorée d’avoir cette chance. Lorsque nous avons découvert la formation, je n’en revenais pas. Tout avait l’air nouveau et passionnant. Je pense avoir vécu un choc culturel en raison des attentes très élevées du programme. Tout était très différent de ma formation précédente. »
Au départ, les intervenants du programme se déplaçaient de Nairobi à Kisumu. Cette ville située au bord du lac Victoria ne disposant pas de campus, l’Hôpital Aga Khan prêtait aux étudiants une pièce qui servait de salle de classe à raison d’une ou deux semaines par mois. Plus tard, le système changea et les étudiants durent se rendre dans la capitale pour suivre leurs cours. Agnes se souvient : « Je voyageais avec mon bébé et mon aide à domicile. Nous restions à l’hôtel pendant trois semaines. C’était difficile, mais je ne voulais pas manquer cette occasion unique de renforcer mes compétences. »
Malgré le programme très chargé, Agnes voulait apprendre autant que possible : « J’ai particulièrement aimé la biostatistique, la biochimie et la rédaction d’articles de recherche. J’étais transportée par la richesse et le caractère inédit des cours que je suivais. Les mémoires de fin de semestre que nous avions à rendre m'ont vraiment aidée à renforcer mes compétences d’écriture et de recherche. »
Sa rigueur fut payante et, en mars 2015, elle obtint son diplôme de licence en sciences infirmières. « J’étais une nouvelle personne quand je suis revenue au travail. J’étais bien plus compétente. Je peux désormais poser des diagnostics infirmiers en toute confiance. Je suis capable d’établir et de mettre en œuvre un programme de soin pour un patient. D’autres personnels infirmiers ont été tellement impressionnés par la façon dont je gère mes responsabilités et par mon savoir-faire qu’ils ont eux aussi voulu suivre une formation complémentaire. »
Agnes se passionne également pour la maïeutique. Rien ne l’inspire plus que de mettre au monde une nouvelle vie et d’entendre les premiers pleurs d’un bébé. Toutefois, la mortalité maternelle et infantile est encore un problème de taille dans de nombreuses régions du pays.
« Grâce à ma formation, je peux me reposer sur mes compétences et mon expérience pratique pour gérer les cas d’hémorragies postpartum, qui restent la première cause de mortalité maternelle au Kenya. J’ai aussi eu l’occasion d’encadrer des étudiants et de nouveaux personnels infirmiers et de leur apprendre comment prévenir les hémorragies et gérer l’hypertension. »
Dans un futur proche, Agnes aimerait obtenir un diplôme de master en santé reproductive afin de toujours plus parfaire ses compétences en matière de soins infirmiers. « Je me vois devenir professeure ou conférencière. J’aimerais inciter davantage de personnes à devenir sages-femmes. Nous avons besoin d’un personnel qualifié et doué de compétences de réanimation, car nos mères continuent de mourir à cause de complications à l’accouchement. »
Pour le moment, Agnes et son équipe infirmière et obstétrique s’efforcent de prodiguer les meilleurs soins possible aux mères et aux bébés qu’elles prennent en charge.
Cette histoire est à l’origine parue dans un recueil d’essais photographiques publié par l’Université Aga Khan, Nurses and Midwives - Leaders in Healthcare in East Africa (Infirmières et sages-femmes, en première ligne des soins de santé en Afrique de l’Est).