Canada · 22 janvier 2019 · 2 min
GCP
Ayant grandi dans une région rurale du Kenya, Alice Wairimu Nderitu avait l’habitude de grimper dans un grand arbre pour épier. Sous cet arbre, un groupe d’aînés se réunissait pour débattre de justice à propos d’enjeux qui concernaient la communauté. Sur sa branche, où elle les regardait atteindre un consensus, elle a décidé qu’un jour elle ferait partie des aînés qui promeuvent la paix dans sa communauté. Cependant, tous ces aînés étaient des hommes. On lui a dit que les négociations de paix n’étaient pas une affaire de femme.
Des dizaines d’années plus tard, en 2010, en tant que commissaire de la Commission nationale de cohésion et d’intégration, Alice s’est assise à la table des négociations avec 100 aînés de dix communautés ethniques qui n’avaient jamais négocié la paix entre eux. Seulement une année et demie plus tôt, en 2007-2008, la violence avait éclaté dans la vallée du Rift au Kenya après l’annonce des résultats d’une élection entachée de fraude. Cette élection avait déterré des griefs historiques concernant le territoire et des tensions ethniques profondément enracinées. Lorsque la violence postélectorale s’est apaisée, plus de 1 300 Kényans avaient été tués et 600 000 personnes avaient été déplacées. En 2010, avec un référendum constitutionnel à l’horizon, les tensions se sont accrues. La région allait-elle à nouveau être déchirée par des conflits ethniques? Ou allait-elle s’unir dans la paix? C’est là qu’Alice a entamé un processus de paix de 16 mois. Seule femme à la table des négociations, elle a dirigé les aînés dans un dialogue qui a débouché sur les premières élections pacifiques de la région en 20 ans.
Alice a fait partie des lauréats 2017 du Prix mondial du pluralisme qui célèbre les réalisations dans le domaine du pluralisme.