Kyrgyz Republic · 27 janvier 2020 · 4 min
AKF Kyrgyz Republic / Aisuluu Kozhomkulova
Originaire de l’oblast de Jalal-Abad, en République kirghize, Baisal a passé son enfance à jouer avec ses camarades d’école et à aider sa mère à s’occuper de ses deux jeunes frères et sœurs. Mais les meilleurs souvenirs qu’il garde de cette période restent les moments où il admirait les peintures de sa mère qui semblaient prendre vie dans leur salon.
Baisal a toujours aimé les arts, mais très peu d’occasions d’en faire une carrière se sont présentées à lui dans cette région principalement agricole. Les emplois, relativement rares, sont loin de correspondre aux passions des demandeurs. En République kirghize, une personne sur six émigre en quête de meilleures perspectives professionnelles.
Obtenir un diplôme dans une réalité difficile à accepter
Adolescent, Baisal avait déjà conscience de cette dure réalité. Sa mère touchait un maigre salaire en travaillant au théâtre local et peinait à subvenir seule aux besoins de ses trois enfants. Aîné de cette fratrie, Baisal s’inscrivit ainsi dans un lycée technique pour y suivre un cursus en programmation. Il n’avait qu’un seul but en tête : aider sa famille à devenir autonome.
Pourtant, une fois son diplôme en poche, il ne parvenait pas à trouver un poste adapté à ses compétences. Selon lui, « d’une certaine manière, même avec mes deux années d’études en programmation, je n’avais pas les compétences que les employeurs recherchaient. Il était très difficile de trouver un poste sans expérience professionnelle préalable et sans diplôme d’études supérieures. »
Le cas de Baisal est cependant loin d’être unique. Selon certaines estimations, plus d’un jeune sur cinq est au chômage en République kirghize. Amers, des dizaines de milliers de jeunes comme Baisal qui n’ont que peu d’options pour s’en sortir laissent ainsi derrière eux les rêves qu’ils avaient autrefois. La Fondation Aga Khan (AKF) s’efforce de faire évoluer cette situation.
Une nouvelle chance
Baisal trouva toutefois une alternative lorsqu’il entendit parler d’un programme d’apprentissage artistique proposé dans l’oblast de Jalal-Abad par le biais de l’initiative Demilgeluu Jashtar (Initiative pour les jeunes), financée par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et principalement gérée par le Programme de soutien au développement des communautés des régions de montagne (MSDSP) de l’AKF. Ce programme vise à aider la main-d’œuvre de la République kirghize, notamment les jeunes, à exploiter tout son potentiel en lui transmettant des compétences professionnelles très recherchées.
Baisal a ainsi saisi l’occasion de suivre un cours de design de trois mois, où il a acquis des compétences en graphisme auprès d’experts du domaine. Travaillant sans relâche, il a rapidement appris les subtilités de la peinture et du dessin et les bases du graphisme.
Il raconte que ce programme de formation « [lui] a vraiment ouvert les yeux, car [il] ne savait pas qu’il existait un domaine où [il] pouvait à la fois décrocher un bon emploi et mettre à profit [sa] passion pour les arts ainsi que [ses] compétences techniques en programmation ».
Associer compétences et passion
Aujourd’hui âgé de 19 ans, Baisal est bien intégré dans le marché du travail grâce à sa formation et occupe un poste de graphiste. Son nouvel emploi est parfaitement adapté à sa situation, car il combine sa passion pour les arts et ses compétences en programmation. En effet, dès que ses confrères graphistes ou collègues ont un problème de codage ou d’informatique, ils sollicitent son aide.
« Extrêmement fière de ce que [son] fils a accompli », la mère de Baisal raconte : « Je lui parle tous les jours et constate qu’il est heureux et épanoui grâce à son nouvel emploi. C’est extraordinaire qu’il ait pu trouver un travail qui le passionne et qui lui permette de gagner un bon salaire et de contribuer aux frais scolaires de ses frères et sœurs. »
Rêver d’un avenir plus radieux
La réussite de Baisal le pousse à ambitionner un avenir encore plus radieux. Il continue d’étudier la programmation et le graphisme de son côté afin de tenir ses compétences à jour dans ces deux domaines. Il espère pouvoir mettre de l’argent de côté et, à terme, s’inscrire à l’université et obtenir une licence en programmation pour renforcer ses compétences et exploiter davantage son potentiel.
D’ici 2021, au moins 900 jeunes de plus devraient bénéficier de programmes de formation professionnelle similaires. Des dizaines de milliers d’autres jeunes bénéficieront de nouveaux cours de niveau lycée centrés sur le passeport de compétences informatiques international (ICDL), un programme de certification en informatique, d’aides au démarrage mises en place pour les start-ups dirigées par des jeunes, de nouveaux centres d’innovation pour la croissance des entreprises et de centres de formation pratique.
Cet article est à l’origine paru sur le site internet de la Fondation Aga Khan États-Unis.