Indisponible · 11 juillet 2025 · 12 min
AFD / AKDN
De nouveaux accords de coopération ont été signés la semaine dernière entre la République française et l’Ismaili Imamat. Rémy Rioux, directeur général du groupe Agence Française de Développement (AFD), et Michael Kocher, directeur général de la Fondation Aga Khan (AKF), évoquent le partenariat historique et les priorités de développement de la France et du Réseau Aga Khan de développement (AKDN).
Question: Nous traversons actuellement une période particulièrement complexe, marquée à la fois par un contexte géopolitique fragile et des contraintes de plus en plus restrictives sur les budgets publics, alors même que des besoins pressants subsistent dans de nombreuses régions du monde en développement. La France joue un rôle moteur dans la refonte de l’architecture financière internationale pour mieux répondre à ces enjeux. Dans un tel contexte, quelle est la position de votre organisation et quelle vision adopte-t-elle ?
Rémy Rioux, AFD
Dans un contexte mondial marqué de tensions géopolitiques sans précédent et d’un désengagement brutal de plusieurs donateurs majeurs, le groupe AFD reste animé par une conviction forte : le modèle de développement, celui de l’aide publique au développement (APD), tel qu’il a été bâti il y a 50 ans, est aujourd’hui remis en question. Nous devons repenser nos méthodes, diversifier nos sources de financement, revoir nos priorités et faire évoluer nos indicateurs en vue de mieux mesurer l’efficacité de notre travail et d’encourager l’investissement dans le développement durable. Si l’APD avait atteint un sommet historique après 2015, culminant à 225 milliards de dollars par an, le modèle d’aujourd’hui est confronté à un recul d’environ 60 milliards de dollars, dont les deux tiers proviennent des États-Unis et un tiers de l’Europe, une conséquence des contraintes budgétaires actuelles et de mutations politiques majeures.
C’est la raison pour laquelle le groupe AFD, au nom de la France, s’engage activement dans la refonte de l’architecture financière internationale. La 4e Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4) de Séville a marqué un moment fort de dialogue et de mobilisation collective en faveur du modèle d’investissement inclusif et durable que nous défendons, un modèle qui dépasse l’APD pour aligner les intérêts des Français sur ceux de nos partenaires en renforçant le rôle des 530 banques publiques de développement (BPD) réunies au sein du réseau Finance in Common System (FiCS).
Nous voulons démontrer que les partenariats internationaux demeurent un rouage essentiel pour une prospérité partagée face aux défis internationaux. Cette dynamique est désormais pleinement intégrée dans le document final de la FfD4, qui acte la place des banques publiques de développement dans la nouvelle architecture financière internationale. Le paragraphe 30 reconnaît leur rôle dans l’alignement des financements sur les stratégies et priorités de développement définies par les pays eux-mêmes. Le paragraphe 37 fait référence de manière explicite au réseau FiCS en tant que plateforme mondiale favorisant la coopération entre banques de développement multilatérales, régionales et nationales.
Ces avancées viennent confirmer que les BPD sont aujourd’hui considérées comme des piliers essentiels d’un système financier plus efficace, inclusif et durable.
Michael Kocher, AKDN
Ces cinq dernières années ont été marquées par de nombreux chocs qui ont ébranlé le système mondial, et des répercussions ont été observées jusque dans les régions les plus éloignées. La pandémie, notamment, a eu des effets très différents sur les populations et les économies de l’hémisphère nord et de l’hémisphère sud, et de nombreux pays en développement peinent encore aujourd’hui à s’en relever. À cela se sont ajoutées la guerre en Europe et au Moyen-Orient et l’aggravation des conflits en Afrique, autant de facteurs qui ont davantage fragilisé l’économie mondiale. En conséquence, de nombreux pays sont aujourd’hui confrontés à une inflation sévère, sont en situation de surendettement ou sont proches de l’être et sont sollicités au-delà de leurs moyens. Dans une telle situation, on ne peut éviter les compromis, tant dans l’hémisphère nord que dans l’hémisphère sud.
Sur ce point, la France a fait preuve d’une franchise louable : elle a clairement affirmé que la très grande majorité de sa population se montre en faveur de l’aide au développement, et que les coupes budgétaires auxquelles elle doit se résoudre sont temporaires et imposées par des circonstances exceptionnelles qui exigent des efforts conjoints. C’est un message important qui rappelle que la France reste pleinement engagée en faveur du développement et auprès de ses partenaires du monde en développement, et qu’elle se laisse toujours guider par un sens profond de responsabilité et de solidarité pour accompagner les pays à prendre le train de la transition climatique, à préserver la biodiversité et à aider les plus vulnérables.
Dans ce paysage du développement international en pleine mutation, je suis convaincu que l’avenir doit être bâti sur des partenariats. Nous devons trouver des moyens de maximiser l’impact des fonds consacrés au développement, ce qui suppose de les utiliser comme leviers pour engendrer des partenariats et des investissements d’autres acteurs. Nous savons aussi que cela ne fait que renforcer la qualité et l’efficacité de notre action, à condition que les partenariats soient authentiques, respectueux et qu’ils placent les besoins des pays et des communautés au premier plan. Les partenariats public-privé sont donc aujourd’hui plus importants que jamais. Les institutions de financement du développement, comme l’AFD, seront ainsi appelées à coopérer plus souvent avec les gouvernements, les banques publiques de développement, et des acteurs locaux comme l’AKDN.
Question: Quelles sont les priorités de développement de votre institution ?
Rémy Rioux, AFD
Le groupe AFD a défini une stratégie claire et ambitieuse pour la période 2025-2030. Nous avons pour objectif de contribuer à bâtir un monde plus durable, plus équitable et plus inclusif, et cela s’aligne avec la vision de la France pour le développement international, les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, l’Accord de Paris sur le climat et le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal. On trouve au cœur de cette stratégie un engagement fort en faveur de la réduction des inégalités et de la mise en lumière du développement durable au travers d’une approche intégrée qui combine soutien au développement humain, égalité entre les genres, protection de la biodiversité et atténuation et adaptation au changement climatique.
Cette stratégie privilégie également l’appropriation des initiatives par les communautés locales. Ce travail passe par un renforcement des collaborations avec nos pays partenaires, un soutien au développement des institutions nationales et un alignement avec les plans de développement nationaux, le tout dans un esprit de respect mutuel.
L’AFD mise également sur l’innovation partagée au travers d’un échange de connaissances, la recherche, l’innovation et la transformation numérique étant des moteurs dans cette dynamique.
Mobiliser des financements et des partenaires reste l’un de nos objectifs principaux. Nous nous attachons principalement à orienter davantage de ressources, notamment de meilleure qualité, qu’elles soient publiques ou privées, vers les ODD, l’action climatique et la protection de la biodiversité, en particulier grâce à des cofinancements. L’année dernière, 42 % des projets financés par l’AFD ont bénéficié d’un cofinancement.
Michael Kocher, AKDN
C’est dans ce contexte mondial difficile que Son Altesse l’Aga Khan V a pris ses fonctions en février 2025. Presque immédiatement, il a réaffirmé l’engagement de l’Ismaili Imamat et de l’AKDN envers les pays avec lesquels nous travaillons et envers les institutions que nous avons mises en place pour étayer le développement durable et la stabilité à long terme. Cette approche institutionnelle est fondamentale, car elle vise à améliorer la qualité de vie, à favoriser le pluralisme et à améliorer l’autonomie des populations. Ces institutions sont donc de véritables moteurs de développement humain et économique, mais elles jouent également un rôle d’« amortisseurs » face aux périodes de crise.
Toutefois, si nous restons déterminés à maintenir ce cap, Son Altesse nous a également demandé de faire davantage pour aider les pays et les communautés à faire face à la crise climatique, notamment à réduire les émissions lorsque c’est possible et à s’adapter aux effets du changement climatique lorsque c’est nécessaire.
Parce que ces pressions climatiques chamboulent également les économies et les moyens de subsistance, elles entraînent, et entraîneront encore plus, des vagues de déplacements internes et de migrations. C’est pourquoi nous allons commencer à concevoir des programmes adaptés pour aider les personnes déplacées à reconstruire leur vie tout en accompagnant les communautés qui les accueillent.
Enfin, nous ne savons malheureusement que trop bien à quel point les sociétés d’aujourd’hui semblent divisées et les conséquences concrètes que cela peut avoir, en particulier dans les environnements les plus fragiles, où les ressources sont rares et où les tensions sont plus importantes. Renforcer le pluralisme doit donc être une priorité. Notre travail pour améliorer la qualité de vie de toutes les personnes, sans distinction de foi, de genre ou d’origine, est d’autant plus important pour favoriser la cohésion entre les individus et les communautés. C’est pourquoi nous continuons à travailler auprès de milliers de communautés, que ce soit en Afghanistan, dans le nord du Mozambique, en Syrie, ou partout où nous sommes implantés.
Question: Qu’est-ce qui rend le partenariat entre l’AFD et l’AKDN si précieux ?
Rémy Rioux, AFD
Depuis plus de 35 ans, l’AKDN et le groupe AFD, depuis nos premiers partenariats avec le Fonds Aga Khan pour le développement économique (AKFED), partagent des objectifs stratégiques communs : protéger la planète, réduire les inégalités, notamment entre les genres, et améliorer l’accès aux services essentiels dans les secteurs de la santé, des infrastructures, de la finance et de l’éducation, le tout en tenant compte de l’importance du rôle de la culture dans le développement. Il s’agit du partenariat le plus ancien que l’AFD entretient avec une organisation philanthropique.
Aujourd’hui, ce partenariat entre le groupe AFD et l’AKDN reflète pleinement l’esprit de l’ODD 17, qui encourage des alliances qui vont au-delà d’une simple coopération transactionnelle pour la réalisation des ODD dans leur globalité. Ensemble, nous réaffirmons notre engagement en faveur de la coopération internationale, car nous sommes convaincus du rôle crucial que jouent les partenariats entre acteurs publics, privés et philanthropiques dans le financement du développement durable. Ensemble, nous avons notamment appuyé les efforts d’adaptation au changement climatique dans la province du Gilgit-Baltistan, au Pakistan, dans le cadre d’une initiative pluriannuelle qui permettra à plusieurs centaines de villages d’identifier et de cartographier les risques auxquels ils font face, puis de mettre en œuvre les mesures d’atténuation appropriées. Nous avons également cofinancé l’East Africa Comprehensive Cancer Project (Projet global de lutte contre le cancer en Afrique de l’Est - EACCP) avec une subvention de six millions d’euros en vue d’améliorer la qualité, l’accès et la capacité de gestion intégrée des cancers qui touchent les femmes en Afrique de l’Est.
Aujourd’hui, notre collaboration nous permet d’étendre notre action à de nouvelles régions et donc de mobiliser des financements supplémentaires et d’intégrer de nouvelles priorités. Nous bénéficions de l’expérience technique de l’AKDN, de ses réseaux locaux ainsi que de sa capacité de sensibilisation et de financement pour concevoir des réponses novatrices et durables aux défis qui touchent les pays les plus vulnérables. Dans le cadre de ce travail, nous favorisons un dialogue politique plus inclusif, des approches créatives de la planification et de la mise en œuvre de programmes et de meilleurs résultats pour les personnes qui en ont le plus besoin.
Michael Kocher, AKDN
Ce qu’il faut d’abord souligner à propos de ce partenariat, c’est sa richesse et sa diversité, passées et présentes, au sein du groupe AFD. Nous collaborons à la fois avec Proparco et l’AFD dans de nombreux secteurs : agriculture, sécurité alimentaire, énergie, services financiers, tourisme, santé, éducation, nutrition, culture ou encore adaptation au changement climatique. La diversité géographique est elle aussi très large : Afghanistan, Côte d’Ivoire, Kenya, Mozambique, Madagascar, Ouganda, Pakistan, Rwanda, Tadjikistan et Tanzanie.
Certaines de ces collaborations relèvent de partenariats ou de dispositifs relativement conventionnels, comme des prises de participation ou des prêts accordés à des entreprises que nous gérons selon un modèle à but lucratif, mais dans un cadre de développement, et où nous réinvestissons les bénéfices dans nos actions, ou encore le déblocage de subventions à l’appui de projets cofinancés et mis en œuvre avec nos agences. Mais la plupart de ces collaborations se sont révélées bien plus innovantes et nous ont permis de repousser les limites de la façon dont le financement du développement peut s’articuler pour maximiser les résultats de développement.
Permettez-moi de donner quelques exemples.
Il y a près de 15 ans, l’Université Aga Khan (AKU) et les Services de santé Aga Khan (AKHS) ont émis la volonté de moderniser leurs infrastructures et d’étendre leur action au Kenya et en Tanzanie. Leurs hôpitaux à but non lucratif facturent des frais à la charge des patients pour générer des revenus qui leur permettent de rembourser leurs emprunts. Mais ils placent également le bien-être des patients et l’accès aux soins pour les personnes qui ne peuvent pas se le permettre au cœur de leur mission et, ce faisant, dans de nombreux cas, fournissent des services au système de santé publique.
Avec l’AFD, nous avons ainsi conçu un prêt basé sur la performance, dont le taux d’intérêt est directement lié à des objectifs d’impact en matière de développement. Par exemple, du moment que le centre de cancérologie que nous construisions fournissait un certain nombre de services subventionnés aux patients les plus démunis, parmi d’autres indicateurs, le taux d’intérêt restait préférentiel. Si ces objectifs d’impact n’étaient pas atteints, le taux augmentait. Nous avons depuis répliqué ce modèle pour d’autres prêts, ce qui nous a permis de développer considérablement nos services à Nairobi, Mombasa, Kisumu et Dar es Salaam. De son côté, l’AFD a tiré profit de cette expérience en financement basé sur les résultats et en financement mixte pour l’appliquer à d’autres opérations ainsi qu’à sa stratégie globale.
Prenons un autre exemple, celui du Pakistan, dans le domaine de l’adaptation au changement climatique, où nous menons un projet qui illustre bien les possibilités offertes par une autre approche public-privé. Les régions de montagne du nord du pays sont particulièrement exposées aux effets du changement climatique. La hausse des températures accélère la fonte des glaciers, ce qui entraîne des inondations, des glissements de terrain et d’autres catastrophes. Ce phénomène bouleverse également les saisons agricoles, les rendements et les moyens de subsistance de plus de la moitié de la population. Avec le concours des autorités locales du Gilgit-Baltistan, et aux côtés de l’AFD, nous avons contribué à la conception d’une initiative pluriannuelle qui permettra à plusieurs centaines de villages d’identifier et de cartographier les risques auxquels ils font face, de mettre en œuvre les mesures d’atténuation appropriées, de travailler avec les autorités des districts et des provinces pour valider les plans, d’obtenir les financements nécessaires, puis de réaliser les travaux.
Dans le cadre de ce projet, une fois les dernières signatures apposées, l’AFD accordera un prêt souverain au gouvernement du Pakistan, avec un cofinancement débloqué par l’Union européenne. Ces fonds seront ensuite rétrocédés à l’AKF, qui collaborera avec les autorités du Gilgit-Baltistan pour mener des actions de sensibilisation dans les villages visés, accompagner le processus de planification aux côtés des autorités provinciales et aider la mise en œuvre des projets. Cette initiative d’une valeur de 56 millions de dollars contribuera à la protection de centaines de villages grâce à la construction de murs de protection, de canaux d’irrigation et de mécanismes de prévention des inondations. Il permettra en outre d’améliorer directement l’accès à une énergie propre, à des habitats plus solides et à l’eau potable pour plus de 400 000 personnes. Ce qui est ici important, c’est que les communautés elles-mêmes investissent dans ce projet, aux côtés de l’AFD, du gouvernement pakistanais et de l’AKF. Nous avons près de 50 ans d’expérience et pouvons affirmer aujourd’hui qu’environ 90 % des infrastructures que nous avons aidé à construire sont entretenues et toujours fonctionnelles lorsque les communautés ont été impliquées de la sorte. C’est cela, la force de véritables partenariats.
Dernier point : dans toute administration, il est toujours difficile d’entreprendre un projet inhabituel ou différent. Mais ces exemples nous montrent pourquoi notre collaboration avec l’AFD fonctionne si bien. Comme nous, elle oriente son action sur le long terme, et ses équipes sont prêtes à prendre des risques, et le temps, pour faire ce qui est juste et ce qui est nécessaire. C’est l’esprit de notre partenariat et la raison pour laquelle nous apprécions tant Rémy et ses collègues.
Question: Quelles ambitions souhaitez-vous porter ensemble dans le cadre de la collaboration entre l’AFD et l’AKDN ?
Rémy Rioux, AFD
Depuis la signature de l’accord-cadre de partenariat en 2008 avec feu Son Altesse l’Aga Khan IV, notre relation s’est révélée extrêmement fructueuse. En 15 ans, nous avons, dans le cadre de ce partenariat unique, mobilisé près de 500 millions de dollars de financements dans différents secteurs en exploitant l’ensemble des instruments du groupe AFD : subventions, prises de participation, prêts et financements concessionnels délégués.
Pour l’avenir, nous souhaitons centrer notre collaboration sur des priorités stratégiques. Le climat et la biodiversité sont au cœur de cet engagement : nous partageons un sentiment d’urgence face à la nécessité de lutter contre le changement climatique et de protéger les océans et la biodiversité. Le travail que nous menons en ce sens nous permet de créer des actions conjointes dans les domaines du reboisement, des énergies propres, de la conservation des ressources en eau, des économies vertes et bleues ou encore de la construction écoresponsable. La santé, l’égalité des genres ainsi que les droits sexuels et reproductifs demeurent également des axes de travail essentiels. Nous partageons un engagement en faveur de la santé maternelle, néonatale et infantile, du renforcement des systèmes de santé et de la lutte contre les effets du changement climatique sur la santé. L’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition constituent également des secteurs majeurs qui étayent la mise en œuvre de pratiques plus durables et renforcent la résilience des chaînes de valeur. La résilience face aux catastrophes et l’accès à un logement durable, notamment par des initiatives de construction écologique, viennent terminer ce programme. La transformation numérique, en particulier dans les services de santé, se veut un autre levier important que nous exploitons ensemble.
Nous prévoyons d’étendre notre coopération à de nouvelles régions, notamment les Outre-mer français, en particulier Mayotte, le Moyen-Orient et Madagascar, tout en renforçant nos partenariats existants. Deux projets phares illustrent cette ambition : l’Initiative de régénération des côtes de l’océan Indien (IOCRI), qui intègrera Mayotte, dans le sillage de la dynamique impulsée par la Conférence des Nations Unies sur les Océans de Nice, et la reconstruction en Syrie. Enfin, nous encourageons la participation de l’AKDN aux grands événements internationaux menés par la France, notamment le G7 en 2026.
Michael Kocher, AKDN
Nous avons de nombreuses raisons de nous montrer optimistes. Certes, la conjoncture mondiale est complexe, mais les besoins des pays où nous sommes implantés sont, eux, urgents. Et malgré des contraintes budgétaires, le groupe AFD dispose encore de ressources considérables, d’une grande capacité à innover et d’un sens fort de l’engagement. Ensemble, nous pouvons accomplir beaucoup, et nous envisageons déjà une longue liste de projets.
En tête de cette liste figure sans doute notre collaboration dans la région de l’océan Indien. Cette semaine, nous allons signer une déclaration conjointe exprimant notre intention de mobiliser 100 millions d’euros pour réhabiliter les communautés côtières, développer des économies bleues durables et des moyens de subsistance résilients et contribuer à la protection des océans. Le département français de Mayotte ayant été récemment dévasté par le cyclone Chido, il sera intégré à la vaste Initiative de régénération des côtes de l’océan Indien, qui s’appliquera également au Kenya, à Madagascar, au Mozambique et à la Tanzanie. Au cours des prochains mois, nous allons travailler ensemble à définir les projets spécifiques que nous lancerons en priorité à Mayotte, en Tanzanie et à Madagascar, avec l’espoir de développer plus largement nos actions par la suite.
C’est une perspective très enthousiasmante pour nous. Elle s’inscrit parfaitement dans l’ambition de Son Altesse de faire une différence à grande échelle pour le bénéfice des personnes et des communautés les plus exposées aux effets du changement climatique. Elle s’appuie également sur la forte dynamique impulsée par la Conférence des Nations Unies sur les Océans de Nice, que la France vient d’accueillir.
Nous avons en outre entamé des discussions sur les actions communes que nous pouvons mener en Syrie pour contribuer aux efforts de redressement et de reconstruction. Après 12 années de guerre civile, les besoins sont colossaux. La France a joué un rôle moteur en faveur d’un engagement et d’une aide de la communauté internationale, afin de donner aux nouvelles autorités une chance de faire leurs preuves. Nous pensons que c’est la bonne approche.
L’AKDN est actif en Syrie depuis la fin des années 1990 dans le cadre d’un vaste programme déployé dans l’ouest et le centre du pays. Pendant le conflit, nous avons principalement mené des initiatives d’aide humanitaire, mais les conditions sont aujourd’hui réunies pour intensifier notre action et répondre plus largement aux besoins du peuple syrien. Nous étudions des pistes de collaboration dans divers domaines, notamment la création de moyens de subsistance d’urgence, la consolidation de la paix, la santé et la culture. J’espère que nous serons en mesure d’annoncer des initiatives concrètes dans le courant de l’année.