Kenya · 19 septembre 2021 · 4 min
Khushbu Kotak, une ancienne élève de l’Académie Aga Khan de Mombasa (AKA, Mombasa), au Kenya, aujourd’hui âgée de 18 ans, a grandi dans un environnement où la santé mentale a toujours été ignorée. Pendant longtemps, elle a eu l’impression que ses sentiments et ses opinions étaient souvent réprimés, ce qui l’a amenée à ne pas se sentir soutenue mentalement et émotionnellement. Après avoir elle-même suivi une thérapie, Khushbu a utilisé les réseaux sociaux pour sensibiliser les jeunes de sa communauté à l’importance du bien-être mental. Face aux réactions positives de son entourage, elle a décidé de lancer un service de soutien psychologique gratuit pour les jeunes appelé Salama Minds.
Lancé en novembre 2020, le service Salama Minds (« Esprits sereins » dans un mélange respectif de swahili et d’anglais) propose des séances de soutien psychologique virtuelles aux jeunes âgés de 11 à 22 ans au Kenya, quel que soit leur milieu socio-économique. Ces séances, qui coûtent 1 500 shillings kenyans, soit moins de 15 dollars, sont entièrement prises en charge par l’organisation grâce aux dons de ses sponsors et sont menées par des thérapeutes formés et certifiés. Salama Minds a déjà aidé 25 personnes, et ce n’est que le début d’une grande aventure selon Khushbu.
« Je me mets à la place de toutes les personnes qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale », explique-t-elle. « Je souhaitais créer un espace sûr afin d’encourager les jeunes à s’ouvrir et à partager leurs sentiments réels, à exprimer les problèmes auxquels ils sont confrontés et à accepter de recevoir de l’aide. Je suis convaincue que la thérapie peut bénéficier à tout le monde. Nous avons tous besoin de clarté dans nos vies, et un professionnel habilité peut nous guider à travers les étapes pour y parvenir. »
Khushbu explique que les personnes intéressées par les services de Salama Minds peuvent remplir un questionnaire général sur le compte Instagram de l’organisation. Les réponses, qui restent confidentielles, sont examinées par l’organisation et les trois thérapeutes agréés avec lesquels elle travaille. Une fois le questionnaire passé en revue, Salama Minds prend contact avec la personne concernée pour en savoir plus sur sa situation et la mettre en relation avec le psychologue ou le psychiatre le plus adapté à ses souhaits et besoins.
Pour les jeunes âgés de moins de 18 ans, l’organisation contacte les parents ou les tuteurs légaux avant d’engager d’autres procédures. Des réunions pour les parents et toute autre personne intéressée sont également organisées par la directrice des opérations de l’organisation, Nisha Kotak, la mère de Khushbu. Ces sessions donnent un meilleur aperçu du soutien fourni par Salama Minds et sensibilisent les participants à l’importance de comprendre et de soutenir le bien-être mental de leur entourage.
« Pendant très longtemps, la thérapie était considérée comme une pratique marginale et n’était pas vraiment bien accueillie, en particulier dans la société kenyane », explique la Dre Mildred Adhiambo, qui travaille avec l’organisation. « Pour les personnes de la génération précédente, il était hors de question de parler de leurs problèmes avec un inconnu. Ça n’avait tout simplement pas de sens pour elles. Grâce à son réseau de spécialistes, Salama Minds a réussi à aider beaucoup de jeunes confrontés aux différents défis que la vie peut apporter en leur transmettant les compétences et les ressources nécessaires pour qu’ils les surmontent et reprennent le cours de leur vie. »
Khushbu a commencé à déconstruire la stigmatisation qui entoure le bien-être mental alors qu’elle était encore élève à l’AKA, Mombasa. Elle a en effet intégré cette problématique dans ses cours du Baccalauréat International (IB) proposés par l’institution. En outre, elle a travaillé avec la responsable du soutien aux étudiants et du bien-être de l’Académie, Minal Shah, afin de développer Salama Minds et d’intégrer de nouvelles stratégies pour mieux soutenir le bien-être mental des personnes dans le besoin.
« Nous pouvons tous nous sentir dépassés à différents moments de notre vie, et le fait de pouvoir parler, réfléchir et parfois simplement exister peut aider à dissiper le flou que nous ressentons alors », explique Minal Shah. « Khushbu s’est toujours souciée des problèmes de bien-être et de santé mentale, et cela est devenu d’autant plus évident lorsqu’elle a intégré cette préoccupation dans ses cours de l’IB pour concevoir ce service de soutien. »
Aujourd’hui, Khushbu a de grands projets pour l’avenir de Salama Minds. En juillet 2021, elle a reçu une bourse de 950 dollars pour participer au défi virtuel Leadership Ethics Advocacy Design Thinking de la Global Citizens Initiative (GCI). Dans le cadre de ce programme, des citoyens du monde comme Khushbu, qui en est également boursière, apprennent à devenir les agents d’un changement positif et durable. Elle explique vouloir présenter son service à la GCI dans l’espoir de recevoir un financement. Pour le moment, elle prévoit avant tout d’organiser des séances en présentiel en remplacement des séances de thérapie virtuelles, mises en place en raison de la pandémie de COVID-19, afin que les personnes qui viennent chercher de l’aide puissent être accueillies dans un cadre plus intime et tirer davantage de bénéfices du service.
En outre, lorsqu’elle s’installera au Canada cet automne pour commencer ses études à l’Université Dalhousie de Halifax, elle prévoit de parler de Salama Minds à son entourage afin de faire connaître son organisation hors des frontières du Kenya. Elle explique également considérer les défis auxquels son organisation a été confrontée jusqu’à présent comme des chances de se développer et de renforcer sa confiance et sa foi dans son projet de manière globale.
« Beaucoup de jeunes ont besoin de suivre une thérapie, mais les services sont souvent très chers », explique Khushbu. « Mon objectif à long terme est de faire de Salama Minds une ONG internationale et durable. Je continue à croire et à apprendre que chaque échec que je subis me rapproche un peu plus de la réussite. Avec chaque obstacle que j’ai surmonté, j’ai appris de plus en plus sur la façon dont ma communauté fonctionne et sur les moyens d’améliorer mon organisation d’une manière qui soit profitable au plus grand nombre. J’espère pouvoir emporter tout ce travail avec moi à l’université afin de continuer à développer Salama Minds et d’en faire profiter toutes les personnes qui en éprouvent le besoin. »
Established in November 2020, Salama Minds matches youth seeking mental health services to trained and certified psychologists or psychiatrists.