Pakistan · 20 mars 2019 · 3 min
Par Onno Ruhl, directeur général de l'Agence Aga Khan pour l'habitat (AKAH)
Le village de Ghasoom se trouve à l’extrémité de la vallée de Silgan, l’une des plus reculées du district de Ghizer, dans le Gilgit-Baltistan, au nord du Pakistan. Ghasoom fait partie d'un groupe de villages situés sur un terrain plat, au fond de la vallée, et est entouré sur trois côtés par de magnifiques glaciers. Lors d’une journée d’automne ensoleillée, comme celle du 26 octobre 2018, cette région ressemble à un rêve d’alpiniste et à un endroit idéal pour passer des vacances relaxantes loin de toute agitation. Toutefois, la réalité est bien différente : chaque glacier constitue une menace directe pour le village, qui est sujet aux crues soudaines, aux chutes de pierres, aux coulées de débris et au risque de vidange brutale d'un lac glaciaire en raison de l'instabilité croissante des glaciers dans cette région du monde.
La communauté qui vit ici est habituée à ces conditions difficiles et se mobilise facilement pour se protéger des dangers. Prendre soin de soi et de la communauté est une tâche quotidienne qui prend le pas sur toute autre activité, notamment pour les femmes. Les programmes du gouvernement qui permettent normalement d’avoir de l’eau et de l’électricité et d’accéder à l’éducation et à des services de santé sont limités ici.
C’est pourquoi le Réseau Aga Khan de développement (AKDN) a créé le Programme « Vallée prioritaire » pour le Gilgit-Baltistan et Chitral, dans le nord du Pakistan. Ce programme renverse les priorités : il cible d’abord les vallées les plus reculées.
Je me suis rendu sur place le 26 octobre 2018 afin de célébrer l’installation par le Programme d’approvisionnement en eau et d’assainissement (WASEP) de l’Agence Aga Khan pour l’habitat d’une fontaine fonctionnelle fournissant une eau conforme aux critères de qualité de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à tous les foyers de la vallée de Silgan, ainsi que dans quatre autres vallées prioritaires. Le monde en était renversé : dans l’une des régions les plus reculées que l’on puisse imaginer, nous avions atteint une couverture de 100 %. Nos collègues des autres agences de l’AKDN ont également accompli des choses extraordinaires dans leurs secteurs. Il y a désormais de bonnes écoles, un accès aux soins de santé et un vaste programme de subsistance mis en place.
Mais aujourd'hui, nous fêtons la Journée mondiale de l’eau, alors honorons le WASEP ! Depuis plus de 20 ans, le WASEP met en place des systèmes d’approvisionnement en eau conforme aux critères de qualité de l’OMS pour plus de 100 000 foyers dans le nord du Pakistan, ce qui représente plus d'un demi-million de personnes. Mieux encore, les systèmes vieux de 20 ans fonctionnent toujours grâce à des normes techniques élevées et à une implication de la communauté qui s’assure de l’entretien adapté des systèmes d’approvisionnement en eau.
Grâce à ce programme, les filles de la communauté peuvent désormais aller à l’école et réaliser leurs rêves, transformant ainsi la qualité de vie de leurs familles. Le taux de maladies diarrhéiques a énormément baissé, ce qui contribue également à un meilleur niveau de vie et améliore les résultats scolaires des enfants. Les avantages sont nombreux.
Nous espérons couvrir deux autres vallées prioritaires cette année et avons lancé un ambitieux programme d’approvisionnement en eau pour la majeure partie de la ville de Gilgit et de sa banlieue en collaboration avec le gouvernement du Gilgit-Baltistan. En parallèle, nous mettons en place des approches WASEP au Tadjikistan avec nos collègues du Programme de soutien au développement des communautés des régions de montagne (MSDSP) et prévoyons d’étendre ce travail à l’Afghanistan. Que ce soit lors de la Journée mondiale de l’eau ou d'un tout autre jour, l’eau restera toujours notre priorité.