India · 28 juillet 2020 · 5 min
Lorsque le gouvernement indien lança la Swachh Bharat Abhiyan (Clean India Mission - Mission pour une Inde propre) afin d’éradiquer la défécation en plein air dans le pays, le Réseau Aga Khan de développement (AKDN) mit en œuvre un modèle primé d’assainissement intégré au niveau des blocs appelé « Initiative globale d’assainissement ». Un des éléments centraux de cette initiative est d’encourager le recours à de meilleures pratiques d’hygiène en luttant contre certaines habitudes ancestrales et en favorisant un changement comportemental sur le long terme - et d’ainsi améliorer la qualité de vie des bénéficiaires.
Le rôle des femmes occupe une place particulièrement importante dans ce travail. En effet, elles jouent un rôle de premier plan dans la conception, la prestation et la gestion des services proposés par l’intermédiaire de l’initiative, dans le cadre de laquelle elles sont encouragées à participer activement au sein de comités WASH (eau, assainissement et hygiène) et de groupes d’entraide (SHG).
Par exemple, dans l’État du Gujarat, les fédérations de SHG ont mené à bien de vastes campagnes d’éradication de la défécation en plein air. L’AKDN a également montré à ces groupes comment mettre en œuvre des approches de financement novatrices afin d’atteindre les personnes les plus démunies.
Dans l’État du Bihar, le Programme de gestion des déchets solides de la Fondation Aga Khan (AKF), mis en œuvre en partenariat avec l’Union européenne, permet d’officialiser le rôle des membres de SHG et les aide ainsi à accéder à des moyens de subsistance et à gagner des revenus en travaillant dans le secteur de la gestion des déchets.
En parallèle, l’AKF s’efforce également d’installer un accès à l’eau potable au sein même des foyers visés afin de réduire les corvées des femmes et de leur éviter de parcourir de longues distances à pied pour aller collecter de l’eau.
En matière de gestion de l’hygiène menstruelle (GHM), l’AKF cherche à relier ses interventions avec les initiatives d’approvisionnement en eau, d’assainissement et de sensibilisation à l’hygiène afin de répondre efficacement aux préoccupations spécifiques des femmes et des jeunes filles et de renforcer leurs pratiques et leurs connaissances dans ce domaine. À ce jour, plus de 28 000 femmes et jeunes filles ont amélioré leurs pratiques en matière d’hygiène menstruelle. L’AKF soutient également des mécanismes de renforcement des initiatives de GHM au travers de groupes communautaires bénévoles connus sous les noms de Sachet Didis et Swacchata Sakhis.
Gauri Behen, Anganwadi worker: Natej, Gujarat.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
« Maintenant que je suis pleinement consciente des avantages d’avoir des toilettes chez soi et de se laver les mains avant de prendre un repas et après avoir utilisé les toilettes, j’encourage tous les enfants qui viennent au centre Anganwadi où je travaille à se laver les mains et pousse leurs parents à construire des toilettes à leur domicile, afin qu’eux et leurs familles n’aient plus à aller se soulager dehors et soient en meilleure santé. »
Grâce au programme de renforcement des capacités des agents de terrain mené par l’AKDN, Gauri a pu construire des toilettes dans sa maison. Constatant de ses propres yeux les avantages d’un meilleur assainissement, cette employée d’un centre Anganwadi sensibilise désormais d’autres femmes et enfants de sa communauté à l’importance d’avoir des toilettes et d’adopter des pratiques d’hygiène adaptées pour rester en bonne santé.
« Mon groupe d’entraide fournit des fonds aux membres de ma communauté qui souhaitent emprunter de l’argent. Auparavant, la plupart de ces personnes avaient besoin d’argent pour payer leurs frais médicaux, mais après les avoir sensibilisées aux dangers de la défécation en plein air sur la santé, elles ont commencé à emprunter pour construire des toilettes. Maintenant que notre village a éradiqué la défécation en plein air, le nombre de personnes malades a drastiquement diminué, ce qui nous permet d’emprunter pour d’autres besoins. »
Matukiya Devi est la cheffe de sa communauté. Elle est une source d’inspiration pour de nombreuses personnes. En 2010, elle fut la première personne de son village à construire des toilettes chez elle, alors que le sujet était encore tabou. Elle a encouragé les 64 autres foyers de son village à construire des toilettes chez eux et a lancé un groupe d’entraide avec d’autres femmes de sa communauté afin d’aider leur entourage à contracter des microcrédits.
« Auparavant, la situation était très contraignante. Nous devions nous lever tôt et parcourir de longues distances à pied pour aller nous soulager. Cette marche nous mettait mal à l’aise, et nous étions constamment sur le qui-vive de peur de nous faire attaquer par un animal sauvage. Avec six autres femmes, nous avons décidé de former un SHG, et avec l’aide d’une équipe de la Fondation Aga Khan, nous avons suivi des formations à la finance et à la construction de toilettes. Désormais, nous nous appuyons sur les compétences que nous avons acquises pour convaincre les autres, en particulier les femmes, de construire des toilettes chez eux. »
Au travers de son groupe d’entraide, Hansa Behen mobilise, sensibilise et renforce les compétences des membres de sa communauté et gère les prêts d’argent. Elle a convaincu plusieurs autres personnes, notamment des femmes, d’investir dans la construction de toilettes correctes. Elle a également suivi une formation en maçonnerie.
« Je suis fière de sensibiliser ma communauté aux bonnes pratiques de tri et d’élimination des déchets, que j’ai moi-même apprises grâce aux réunions d’orientation menées par la Fondation Aga Khan. Nous collectons les déchets organiques pour les transformer en compost au centre. Je suis heureuse de travailler au centre de compostage avec les autres, car cela nous permet de gagner davantage et de contribuer à nettoyer notre quartier. »
Shobha Devi ne ménage pas ses efforts pour s’assurer que les rues de son quartier restent propres. Elle fait partie du groupe d’entraide de Khagaul, à Patna, qui rend visite aux foyers de la communauté pour leur apprendre à trier leurs déchets, qui sont ensuite collectés et envoyés dans le centre de compostage décentralisé qu’elle gère avec trois autres membres de son groupe.
« Auparavant, ma famille et moi n’avions d’autre choix que de jeter nos déchets dehors, près de notre maison. Les éboueurs ne passaient pas régulièrement. Maintenant que nous avons appris à composter les déchets organiques, nous les utilisons pour alimenter notre terrasse aménagée en jardin, plutôt que de les jeter dehors. Nos rues sont plus propres et nous n’avons plus peur que nos enfants aillent jouer dehors. »
Grâce au compostage, Khushi a hérité du titre de « championne de la propreté » au sein de sa communauté. Elle se rend régulièrement chez ses voisins afin de les sensibiliser aux problèmes de santé que peuvent engendrer les dépôts d’ordures en plein air et les encourage également à composter chez eux. De nombreuses familles de son entourage ont ainsi commencé à composter et se disent heureuses de voir leur quartier devenir plus propre et plus sain.
« Auparavant, notre comité de gestion scolaire n’était que très peu actif. Aujourd’hui, nous organisons des réunions régulières afin d’aborder les problèmes d’assainissement de l’école, d’élaborer de nouveaux projets, de panifier la gestion et l’entretien des infrastructures sanitaires, mais aussi de prévoir le budget pour les travaux de réparation à intégrer dans le plan de développement de l’école. »
Lorsque Rubi Devi est devenue la présidente du comité de gestion scolaire de l’école de sa communauté, les toilettes de l’établissement étaient inutilisables et dans un état lamentable. Décidée à prendre les choses en main, elle a levé des fonds externes afin de faire réparer les toilettes et de faire construire une pompe pour assurer un approvisionnement en eau dans l’établissement. Elle exécute désormais des inspections de routine au sein de l’école et supervise la gestion et l’entretien des infrastructures sanitaires de l’établissement pour s’assurer que les enfants puissent satisfaire leurs besoins dès que nécessaire. Dans le cadre de son Programme d’éducation à l’hygiène au sein des écoles et en partenariat avec l’entreprise Reckitt Benckiser, l’AKF aide les comités de gestion scolaire à planifier et à prioriser les investissements pour la gestion et l’entretien des infrastructures sanitaires des écoles, ce dans le but de répondre aux objectifs de l’initiative Dettol Banega Swachh India.
Pour tout complément d’information à propos de l’Initiative globale d’assainissement de l’AKDN, nous vous invitons à cliquer sur le lien suivant : https://www.akdn.org/fr/project/linitiative-globale-dassainissement-de-lakdn-en-inde