Tajikistan · 17 septembre 2020 · 5 min
Cela fait près d’un an que je suis dans ces montagnes ! Pour ne rien cacher, ce n’était pas prévu.
C’est à bord d’un 4x4 Jeep et après avoir fait le voyage de Osh à Douchanbé sur la route du Pamir que je suis arrivée dans les montagnes du Pamir pour la première fois en août de l’année dernière. Et me voici aujourd’hui toujours nichée dans les montagnes de mon Badakhchan bien-aimé. Face à la pandémie de COVID-19, le bureau de la Pamir Eco-Cultural Tourism Association (PECTA), le bureau de M. Yodgor, gouverneur de la région autonome du Haut-Badakhchan (GBAO), et M. Jobiri et son équipe du Ministère des affaires étrangères m’ont apporté un soutien inestimable.
The ruins of the legendary Yamchun fortress.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Mon voyage commence l’été dernier, lorsque je suis montée à bord du Transsibérien Express de Moscou à Beijing avec mon vélo. Lors des étapes, j’en profitais pour explorer les régions que nous traversions sur mon deux-roues. Le trajet ne devait durer que trois mois, mais j’ai préféré m’arrêter en chemin pour l’hiver, avec l’idée de repartir vers Beijing au printemps.
Avec un visa touristique de six semaines en poche, je me suis portée volontaire comme enseignante d’anglais à Khorog, au Tadjikistan. À la fin de chaque période de six semaines, je partais à l’étranger découvrir les pays voisins avant de revenir au Tadjikistan avec un nouveau visa touristique en règle. Par ailleurs, je vous conseille vivement de rajouter le Badakhchan afghan, tout près d’ici, sur votre liste de lieux à découvrir !
En tant qu’enseignante bénévole pour le Programme de renforcement des compétences essentielles du Conseil ismaili du Jamat, je me suis rendue dans tous les districts du GBAO pour dispenser des formations aux enseignants d’anglais dans leurs villages. Petit à petit, je suis tombée amoureuse des montagnes du Pamir et de leurs habitants.
Alors que l’automne laissait place à l’hiver, et l’hiver au printemps, je regardais avec envie un cerisier par la fenêtre de la maison de ma famille d’accueil. Tout en me délectant des derniers pots de confiture de cerise du garde-manger familial, je ne pensais pas que je serais encore là quand les nouvelles cerises mûriraient. Mais la pandémie de COVID-19 en a décidé autrement, et me voilà en train de manger des cerises fraîches, mais aussi des abricots, des mûres et des pommes, directement cueillis sur les arbres du jardin.
Depuis ma première venue dans le bureau de la PECTA à l’automne dernier, le personnel m’a beaucoup soutenue et a tout fait pour m’aider - parfois en m’accompagnant dans les bâtiments administratifs pour une quelconque formalité et parfois en répondant à mes appels téléphoniques angoissés à une heure indue. C’est également l’équipe de la PECTA qui m’a permis de recevoir l’aide du bureau du gouverneur du GBAO, M. Yodgor, et de M. Jobiri et son équipe du Ministère des affaires étrangères.
Au plus fort de la quarantaine, après la fermeture de l’aéroport et de toutes les frontières, le bureau du gouverneur du GBAO m’a autorisée à rester à Khorog avec mon visa touristique expiré, au lieu de m’obliger à me rendre dans la capitale pour régulariser ma situation auprès du Ministère des affaires étrangères. Même dans les bons jours, le voyage depuis Khorog, la capitale du GBAO, jusqu’à Douchanbé est périlleux. Les fermetures de routes et les glissements de terrain sont des menaces qui pèsent constamment sur les 15 à 20 heures de trajet que l’on doit parcourir sur des routes pour la plupart non goudronnées, souvent en compagnie de sept autres passagers (et sans ceinture de sécurité). Je vous laisse ainsi imaginer la complexité de la tâche en plein milieu d’une pandémie, où il est déconseillé de se déplacer sauf pour raison impérieuse. J’ai eu la chance de me trouver dans la maison de ma famille d’accueil, entourée du jardin et de l’air pur des montagnes, pendant les près de deux mois de confinement.
M. Jobiri et son équipe du Ministère des affaires étrangères ont par la suite annoncé l’extension de tous les visas qui avaient expiré pendant la période de confinement. Lorsque ce mois-ci, j’ai dû me rendre à Douchanbé pour enfin mettre à jour mon visa, l’ensemble de la procédure, qui prend généralement deux semaines, n’a pris qu’une journée grâce à l’aide de M. Jobiri. L’accélération du processus m’a permis de rapidement rentrer chez moi, dans les montagnes du Pamir.
L’aéroport reprend doucement son activité, et il sera bientôt temps pour moi de quitter le Pamir. Ces montagnes sont devenues comme une deuxième maison pour moi, et je sais que ce ne sera pas un adieu, mais une séparation temporaire, et que je serai de retour avant même de m’en apercevoir. Êtes-vous déjà allé dans les montagnes du Pamir ? Peut-être rêvez-vous d’y aller pour la première fois, ou peut-être attendez-vous avec impatience d’y retourner. Quoi qu’il en soit, vous devez avant tout passer par le bureau de la PECTA. Les montagnes du Pamir ayant gagné en popularité, il existe de nombreux blogs sur lesquels les auteurs racontent leurs aventures. Ces blogs sont assurément de bons points de départ pour préparer votre voyage, mais le bureau de la PECTA est en mesure de fournir des informations à jour, et dans cet environnement montagneux en constante évolution, il est essentiel d’avoir des informations qui soient à jour.
Ce que j’ai peut-être le plus apprécié chez les membres du personnel de la PECTA est la façon dont ils m’ont encouragée. Dans ce bureau travaillent des personnes qui aiment profondément leur région et qui souhaitent en partager la beauté avec nous. La Pamir Eco-Cultural Tourism Association nous encourage à découvrir la nature et la culture du Pamir, deux éléments indissociables dans ces montagnes d’Asie centrale. Alors, au lieu de passer par Khorog sans vous arrêter - comme je l’ai fait lors de mon premier voyage en 4x4 Jeep sur la route du Pamir -, restez un jour ou deux dans la ville et allez visiter le parc municipal, où se situe le bureau de la PECTA. Asseyez-vous sur un banc du parc, dégustez des abricots frais et admirez la beauté du Centre et du Jamatkhana ismailis en regardant passer les visiteurs. Mieux encore, prenez un transport public en partance de Douchanbé (ou Osh !) et à direction de Khorog et improvisez votre séjour une fois sur place. En effet, outre les montagnes qui ne vous laisseront pas de marbre, la PECTA est là pour vous aider.
La Pamir Eco-Cultural Tourism Association (PECTA) a été créée en 2008 avec l’aide de la Fondation Aga Khan (AKF). Son objectif global est de contribuer à réduire la pauvreté dans la région du Pamir tadjik par la mise en place d’activités liées au tourisme. À cet effet, la PECTA cherche à présenter la région comme une destination touristique et à soutenir les populations locales des villages montagneux reculés de la région autonome du Haut-Badakhchan (GBAO) afin de les aider à développer des compétences qui contribueront à renforcer le secteur du tourisme. La PECTA compte actuellement 22 membres, 14 tour-opérateurs et huit prestataires de services. Elle travaille également avec d’autres tour-opérateurs, prestataires de services, propriétaires de gîtes, chauffeurs, guides, porteurs et professionnels de secteurs connexes dans le GBAO. La PECTA soutient particulièrement les gîtes dans la région en organisant des formations et des événements de renforcement des capacités. Actuellement, elle travaille auprès de plus de 173 gîtes répartis dans tout le GBAO, dont 90 % des propriétaires sont des femmes ; une initiative importante pour aider les femmes à développer des activités commerciales.
En plus de promouvoir de nouvelles destinations touristiques et de développer des produits, la PECTA travaille à la préservation du patrimoine historique des montagnes du Pamir, et notamment à la protection des ressources naturelles. Par exemple, elle soutient le parc national tadjik (un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO) dans le cadre de ses initiatives de protection des ressources naturelles.
Depuis 2018, en coopération avec la Fondation Aga Khan (Afghanistan) et l’Université d’Asie centrale (UCA), la PECTA promeut le tourisme dans le nord de la province du Badakhchan en Afghanistan et s’efforce de développer le tourisme transfrontalier. Depuis le début de cette collaboration, la PECTA a commencé à distribuer une brochure sur les possibilités de tourisme transfrontalier et à produire des vidéos promotionnelles.
Cet article est à l’origine paru sur le site internet de la Fondation Aga Khan Royaume-Uni.