Tajikistan · 8 juin 2020 · 2 min
Dans les milieux montagneux, l’insécurité alimentaire et nutritionnelle constitue un problème majeur, en particulier dans la région autonome du Haut-Badakhchan (GBAO), au Tadjikistan. Dans cette vaste province où les conditions climatiques deviennent très rudes au-delà de 2 000 mètres d’altitude, les saisons agricoles sont relativement courtes et les terres arables se font rares. Pour faire face à ces enjeux, l’Institut de recherche sur les communautés des régions de montagne (MSRI) de l’Université d’Asie centrale (UCA) a lancé un projet de recherche sur les systèmes alimentaires en collaboration avec d’autres institutions de recherche et des partenaires de développement.
« L’énergie géothermique est abondante dans le GBAO, pourtant, elle reste inexploitée dans la production agroalimentaire », selon Aziz Ali, chercheur au centre de Khorog (Tadjikistan) du MSRI. « Bien qu’il existe un nombre important de sources chaudes au Tadjikistan, leur eau n’est utilisée que pour le traitement de maladies ou de problèmes de peau. Personne n’exploite le potentiel de cette énergie pour chauffer des serres en dehors des saisons de production de légumes ou encore les infrastructures d’exploitations avicoles. »
En partenariat avec l’Université d’État de Khorog, le MSRI a ainsi installé une serre chauffée à l’énergie géothermique dans le village de Jelondi, dans le district de Shughnan, à l’automne 2018. Le but de ce projet pilote était d’essayer de produire des légumes dans une serre située en haute altitude et chauffée à l’aide d’eau chaude. Il a été financé par le MSRI au travers du projet « Les voies de l’innovation » du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada.
Duck pond in Jelondi village.
AKDN / Dr. Saidmir Shomansurov
Les résultats ont démontré qu’il est effectivement possible de cultiver des légumes en haute altitude à l’aide de l’énergie géothermique. Dans la serre de 50 m² installée dans le village, près de 700 kg de légumes ont ainsi été produits en quatre mois, et ce malgré des conditions climatiques difficiles. Les chercheurs ont conclu qu’avec ce procédé, les familles pourraient non seulement intégrer des produits frais et nutritifs dans leur régime alimentaire, mais également gagner des revenus supplémentaires.
Dans le cadre de ce projet, une petite exploitation avicole a également été mise en place à Jelondi en novembre 2019. Cette fois, le but était d’élever des canards dans un étang chauffé à l’énergie géothermique. Les premiers résultats de ce deuxième volet ont eux aussi été encourageants, les canards ayant atteint une taille et un poids conséquents en un mois et demi. Selon les chercheurs, avec un investissement de base de 2 130 somonis (207 dollars) pour l’achat de canetons et de quoi les nourrir pour une année, une famille peut gagner 1 880 somonis (183 dollars) en bénéfices nets et accroître son activité au fil des années. Une telle somme est conséquente pour la région et peut contribuer à améliorer les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des habitants.
« Nous continuons nos recherches en 2020. D’après les premiers résultats, les sources d’eau chaude disponibles dans les zones de haute altitude du GBAO peuvent aider les habitants à produire des aliments à moindre coût tout au long de l’année », a déclaré Aziz Ali. « L’énergie géothermique est un don de la nature, et si elle est utilisée correctement, elle peut permettre d’accroître la production agroalimentaire et de renforcer les moyens de subsistance des communautés des régions de montagne d’Asie centrale. »
Ce texte est une adaptation d’un article publié sur le site internet de l’UCA.