Kyrgyz Republic · 14 juin 2021 · 4 min
Lorsque ses enfants ont quitté le foyer, Aida* était déterminée à soutenir les autres enfants de sa communauté. Elle décida alors d’ouvrir une crèche chez elle, en République kirghize, mais éprouva des difficultés à se lancer et à en obtenir un revenu.
« Je ne parvenais pas à obtenir de licence, car mon centre ne possédait pas de bibliothèque où les enfants pouvaient lire », explique Aida. « Cela fait 10 ans que j’ai ouvert le centre, et je n’ai toujours rien gagné. »
Dans une autre région de la République kirghize, Gulmira* souhaitait inscrire ses enfants dans un centre de développement de la petite enfance (ECD) ou une crèche, mais elle ne trouvait aucune option convenable dans son entourage. Dans la seule crèche publique proche de chez elle, les places étaient limitées, elle décida donc d’inscrire ses enfants dans un centre d’ECD privé. Toutefois, elle n’était pas satisfaite de la qualité des services fournis par la structure, en particulier au regard du prix.
« Lorsque je fais la comparaison avec les écoles publiques, je ne constate pas d’amélioration au niveau de la qualité dans les écoles privées », explique-t-elle. « En réalité, les crèches publiques ont souvent de meilleures infrastructures et proposent des repas et des jeux de meilleure qualité. »
En République kirghize, les taux de chômage et de sous-emploi sont élevés, notamment chez les femmes. Dans le pays, ces dernières comptent pour 51 % des personnes sans emploi, un chiffre probablement bien plus important si l’on prend en compte les femmes non déclarées au chômage.
Cette situation a un impact sur l’ensemble de la structure familiale. Des recherches de la Banque mondiale et de l’UNICEF montrent que les femmes qui ont un emploi ou qui sont en mesure de gagner leur vie ont un impact positif sur le bien-être général des enfants et de la famille entière. Dans ce contexte, le renforcement des perspectives économiques des femmes a un impact direct sur les trajectoires de vie futures des jeunes enfants.
En outre, seulement 21 % des Kirghizes sont en mesure de placer leurs enfants âgés de 2 à 6 ans dans des centres d’ECD et d’éducation pré-primaire. En effet, la vaste majorité des centres d’ECD étant situés dans les zones urbaines du pays, les habitants des régions rurales et périurbaines peinent à y accéder.
Surmonter l’obstacle
Le manque de services de développement de la petite enfance de qualité en République kirghize, mais également le manque de soutien apporté aux femmes qui souhaitent ouvrir des centres d’ECD privés constituent un défi considérable. Pourtant, surmonter cet obstacle pourrait permettre de résoudre deux problèmes à la fois.
La République kirghize doit créer 530 000 places supplémentaires dans les crèches pour atteindre les cibles de l’Objectif de développement durable (ODD) 4.2 et faire en sorte que toutes les filles et tous les garçons aient accès à des activités de développement et de soins de la petite enfance et à une éducation préscolaire de qualité qui les préparent à suivre un enseignement primaire. Développer l’offre d’ECD permettrait également la création de 120 000 nouveaux emplois, dont la plupart seraient pourvus par des femmes, qui constituent à l’heure actuelle 90 % du personnel travaillant dans ce secteur.
Local Impact, un nouveau partenariat formé par la Fondation Aga Khan (AKF) et l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), se base sur une approche de conception centrée sur la personne (HCD) afin d’aider les femmes kirghizes à gagner leur vie tout en fournissant des soins de qualité aux jeunes enfants du pays.
Concevoir de nouvelles solutions
L’équipe de Local Impact a mené un processus de conceptualisation et de prototypage en s’appuyant sur des recherches récentes de l’Université d’Asie centrale (UCA) et de la branche kirghize d’Accelerate Prosperity. Elle a également réalisé de nombreux entretiens avec les acteurs concernés, dont des membres du Ministère de l’éducation et des sciences, de l’Association privée d’ECD de République kirghize et des communautés visées.
Dans le cadre de ce processus, l’équipe a contacté des femmes comme Gulmira et Aida afin de répondre à la question « Comment pouvons-nous accroître les perspectives pour les femmes et leur permettre de créer leur entreprise ou de trouver un emploi dans le secteur de l’ECD tout en aidant également les familles à apporter le soutien nécessaire à leurs plus jeunes enfants ? »
The human-centred design process puts women like Aida and Gulmira, along with other community stakeholders, at the centre of designing a programme to support private ECD centres.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Le processus, qui a duré plusieurs mois, a abouti à la création de l’initiative « Baktyluu Bala », ou « Enfant heureux », dont les principaux objectifs sont les suivants :
L’équipe de Local Impact travaille en étroite collaboration avec l’Association des centres privés d’ECD sur l’initiative « Baktyluu Bala ». Pour atteindre les objectifs de ce projet, les partenaires développent actuellement un kit de démarrage spécialisé en ECD pour les entrepreneuses en exercice et en devenir, renforcent les compétences en ECD et en gestion des entrepreneuses et encouragent les communautés à soutenir les entrepreneuses pour les aider à continuer de développer leur entreprise.
La Fondation Aga Khan s’est toujours efforcée de mettre en lumière les femmes, qu’elles soient entrepreneuses en devenir ou mères, qui sont à la recherche des meilleures perspectives pour elles-mêmes, leurs enfants et leurs familles. Au travers d’une approche de conception centrée sur la personne, elle amène les femmes à la table des décisions afin d’identifier les problèmes auxquels elles font face et d’y apporter des solutions.
*Les prénoms ont été changés.
Ce texte est une adaptation d’un article publié sur le site internet de la Fondation Aga Khan États-Unis.