Kyrgyz Republic · 18 janvier 2022 · 2 min
Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) a estimé qu’entre novembre 2021 et mars 2022, près de 23 millions d’Afghans, soit plus de la moitié de la population du pays, allaient souffrir d’insécurité alimentaire et de famine. Ce chiffre record représente une augmentation de 35 % par rapport à la même saison sur l’année précédente. Comme toujours, la plupart des personnes touchées vivent principalement dans les hauts plateaux du centre et du nord du pays.
En vue d’apporter une réponse à cette situation, des scientifiques de l’Université d’Asie centrale (UCA) ont effectué des recherches sur plusieurs variétés de haricot commun, une plante dont la culture ne nécessite pas une irrigation excessive. Capables de s’adapter à des conditions climatiques difficiles, les variétés identifiées pourraient se révéler être une source nutritionnelle fiable durant la saison maigre que traversent les communautés de montagne durant l’hiver.
À l’instar d’autres légumineuses, les haricots jouent un rôle important dans le régime alimentaire des Afghans. Sources de protéine, ils sont riches en antioxydants, minéraux et vitamines et réduisent les risques de certains cancers.
Au cours des dernières années, la production de haricot commun a augmenté dans les exploitations agricoles à travers le pays. Toutefois, le climat aride et les faibles précipitations en été en compliquent la culture. En effet, des recherches menées au Brésil, au Chili et en Iran montrent que les plants de haricot qui souffrent d’un manque d’eau trop important connaissent une croissance bien plus faible.
Les scientifiques de l’UCA ont mené leurs recherches en coopération avec l’Université de Bâmiyân. Les professeurs, les assistants de recherche et les étudiants de l’Université de Bâmiyân ont élaboré et contribué à des projets portant sur la sécurité alimentaire, l’amélioration des moyens de subsistance et la protection des ressources environnementales dans la province de Bâmiyân, une région située dans la partie occidentale de l’Hindou Kouch où les hivers sont rudes et les moyens d’irrigation limités.
Dans le cadre de ce programme, les scientifiques ont étudié les haricots communs sur une période de deux ans. En 2018, ils ont planté plusieurs variétés, notamment des haricots bigarrés, rouges, blancs et noirs et des cocos roses. Au terme de la première année, deux variétés - les haricots rouges et bigarrés - s’étaient mieux adaptées aux conditions arides et avaient donné de bonnes récoltes dès le début de la saison. Dans le contexte climatique de la région, récolter tôt permet de parer au manque d’eau qui survient souvent à la fin de la saison de croissance.
Au cours de la deuxième année, les haricots rouges ont présenté d’encore meilleurs résultats, notamment au regard du poids des fèves et du rendement des parcelles. Des fèves plus lourdes sont synonymes d’une meilleure capacité de résistance aux maladies, aux ravageurs et aux conditions environnementales et se traduisent en outre par un haricot plus nutritif et riche.
Avec de meilleurs rendements, les agriculteurs peuvent également vendre plus et ainsi augmenter leurs revenus.
The research team at work in a bean plot in the Yakawlang district of Bamyan Province, Afghanistan.
UCA
Récemment publiés dans Agronomy, les résultats de la recherche indiquent que « les plans de haricot rouge constituent la meilleure option au regard du climat sec et rude de cette région montagneuse du centre de l’Afghanistan, en particulier lorsque les eaux d’irrigation viennent à manquer ».
Cependant, même si les haricots rouges sont mis en avant ici, les chercheurs précisent que les haricots bigarrés constituent eux aussi une bonne source nutritive pour les familles et sont capables de résister au climat local.
Le travail de terrain mené en Afghanistan a été réalisé dans le cadre du programme « Vers l’innovation » de l’UCA, un programme triennal (2017-2020) visant à promouvoir les connaissances et compétences analytiques en mathématiques, en sciences et en politique économique en Afghanistan, en République kirghize et au Tadjikistan. Le programme était financé par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et la Fondation Aga Khan Canada (AKFC).