Tajikistan · 24 janvier 2019 · 4 min
« Je suis arrivée au Tadjikistan avec un esprit ouvert et sans aucune attente quant à ce à quoi ressemblerait le pays, et cela s’est avéré être une expérience absolument incroyable. Avoir eu l’occasion de mettre en œuvre ce programme avec mes merveilleux élèves a rendu mon été inoubliable. » - Faith Harron, étudiante de premier cycle à Stanford, boursière Cardinal Quarter et enseignante de « makerspace ».
Qu’est-ce que deux étudiantes de premier cycle en ingénierie de l’Université Stanford faisaient durant leur été au Tadjikistan, à Khorog, une ville de 30 000 habitants nichée dans les montagnes du Pamir ?
Tout en s'immergeant dans la culture locale, Faith Harron et Allison Armstrong ont animé un « makerspace » au Lycée Aga Khan de Khorog, une école des Services d’éducation Aga Khan (AKES). Un « makerspace » est un espace de travail collaboratif mis en place à l’intérieur d'une école ou d’un autre établissement afin d’offrir des moyens créatifs aux élèves pour les encourager à concevoir, expérimenter, construire et inventer dans le cadre de projets scientifiques, d’ingénierie, artistiques ou d’autres projets créatifs. Ce programme de neuf semaines a permis à 41 élèves de CM2 de prendre part à la résolution créative de problèmes de haut niveau par la conception, la construction et l'itération interactives. Ils ont ainsi eu l'occasion d’expérimenter de nouvelles technologies et de nouveaux équipements tout en alimentant leur compréhension interdisciplinaire en sciences, en technologie, en ingénierie, en art et en mathématiques (STEAM).
Faith a grandi dans la petite ville de Bismarck, dans le Dakota du Nord. Selon elle, elle n’a pas eu l’occasion de développer ses intérêts STEAM là-bas, mais depuis son arrivée à Stanford, elle a encouragé ses amis et les autres à « avoir des rêves plus ambitieux ». Elle a ajouté : « Pour les étudiants, c’est l’une des choses les plus importantes ; être entourés de personnes qui croient en eux et qui les soutiennent dans leurs rêves, et c'est ce que je voulais faire avec ce programme à Khorog. Un ‘makerspace’ comme celui-ci est une initiative très importante pour la communauté d’ici. »
Après avoir terminé le programme de bourses d’études Cardinal Quarter, qui fait partie du Haas Center for Public Affairs de Stanford, Faith et Allison ont été sélectionnées pour mettre en œuvre l’initiative « makerspace », coparrainée par le Service d’éducation Aga Khan, Tadjikistan et le Lycée Aga Khan.
Cette initiative découle de l’accord de coopération signé en 2009 par l’imamat ismaili et l’État de Californie. L’accord prévoit une collaboration dans de nombreux domaines, et inclut des partenariats dans l’éducation. Des partenariats en matière d’échanges d’enseignants et d’étudiants, d’enseignement, d’élaboration de programmes d’études, de recherche, de renforcement des capacités, d’assistance technique et de programmes de formation continue, entre autres, sont également envisagés dans le cadre de l’accord.
Il s’agit du premier programme de ce type mis en place au Tadjikistan et, sur la base des retours et des réactions des élèves, des parents et du Lycée Aga Khan, ce fut un succès retentissant.
« Les enseignements tirés de ce projet seront extrêmement importants pour la poursuite de ce programme en tant que programme extrascolaire au cours de la prochaine année scolaire, et pour son prolongement à l’été suivant et à d’autres unités des Services d’éducation Aga Khan », a déclaré Aziz Batada, directeur régional de l’éducation pour le Tadjikistan et la République kirghize.
En effet, Faith a été témoin des évolutions des élèves au fil du programme.
« J’ai remarqué qu’ils ont beaucoup progressé en créativité... Certains parents ont même remarqué que leur enfant est de plus en plus créatif lorsqu'il s’agit de résoudre des problèmes dans la maison et de penser à ce qu'il aimerait faire », a déclaré Faith.
Les élèves ont pris part à des projets hebdomadaires, en travaillant notamment avec des circuits sur support papier, des robots, la technique de « light painting », des animations et des films, la réalité virtuelle et l’impression 3D. Ils ont également construit des montagnes russes en utilisant le concept de la gravité, ont calculé la vitesse d'une balle se déplaçant sur une piste, ont créé des fours solaires pour faire fondre du fromage et ont construit leurs propres ventilateurs alimentés par batterie.
Participants receive certificates upon completion of the summer Makerspace Lab programme from Zuloby Mamadfozilov, AKES Tajikistan's CEO, and the programme facilitators, Faith Harron and Allison Armstrong.
Aga Khan Lycée
Allison a ajouté : « Tout au long de l’été, ces élèves ont beaucoup apprécié les activités proposées comme construire un ventilateur de bureau ou utiliser l’énergie solaire pour faire griller un sandwich au fromage. Ils ont créé des modèles sur l’application Blockify et les ont ensuite construits grâce à une imprimante 3D, la première de tout le Badakhchan. Ils ont également observé comment la réalité virtuelle peut changer la façon dont nous regardons des vidéos et peut nous faire découvrir des endroits dans lesquels nous ne pouvons pas nous rendre, comme l’espace. »
Au cours de la dernière semaine du programme, les élèves ont travaillé sur des projets en autonomie pouvant avoir un impact positif sur leur communauté en mettant à profit les idées qu’ils avaient apprises, puis ont présenté leurs projets lors d'une exposition pour les familles et la communauté à Khorog.
Les élèves étaient véritablement intéressés par ce programme, a déclaré Allison, « ce n’est pas comme si leurs parents les avaient inscrits au programme juste pour se débarrasser d’eux durant l’été. Les enfants et leurs parents étaient vraiment investis dans l’apprentissage et la conception. »
Tous les vendredis, après une semaine de cours plus structurés, les élèves prenaient part à une session facultative appelée « Open Make », où il leur était possible d’assembler ce qu'ils voulaient avec le matériel disponible.
Allison s’attendait « à ce que seulement deux ou trois enfants se présentent car, après tout, c’était l’été, et les enfants ne veulent généralement pas aller à l’école pendant l’été si rien ne les y oblige ». En arrivant dans la classe le premier vendredi, elle a alors été « surprise de voir le ‘makerspace’ rempli de presque tous les 40 élèves qui s’étaient inscrits. C’était très mouvementé, mais extraordinaire. »
L’expérience d’Allison à Khorog lui a également permis de confirmer sa passion de longue date : « Alors que je me promenais un jour, je me suis soudainement rendu compte combien j’aimais enseigner », a-t-elle déclaré. « Ce voyage ne m’a pas seulement permis de vivre des expériences intéressantes et d’engranger des souvenirs, mais il m’a également orientée sur mon futur choix de carrière. »
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