Agence Aga Khan pour l'habitat
Pakistan · 27 juillet 2022 · 4 min
Active dans le secteur de la gestion des risques de catastrophe depuis près de 25 ans au Pakistan, l’Agence Aga Khan pour l’habitat (AKAH) fait partie des acteurs en mesure de répondre aux situations d’urgence. C’est pourquoi, au lendemain des inondations qui ont récemment frappé le pays à la suite d’une série d’épisodes de chaleur extrême et de fortes pluies, nous avons conseillé les autorités locales et contribué aux opérations d’évacuation et de secours.
Les températures élevées qui s’abattent sur le Pakistan depuis le début du mois de juillet 2022 ont entraîné la fonte de glaciers, la montée du niveau de rivières et de ruisseaux et des crues éclair dans la région du Gilgit-Baltistan et de Chitral, des phénomènes qui se sont malheureusement intensifiés avec l’arrivée des fortes pluies de mousson. Pour faire face, l’AKAH a rapidement mis en place deux centres d’opération d’urgence à Gilgit et à Islamabad pour coordonner les volontaires et suivre l’évolution de la situation.
Des volontaires d’une CERT en opération à Sherqilla.
AKAH Pakistan
Au fil des années, nous avons mis sur pied 172 équipes communautaires d’intervention d’urgence (CERT) au Pakistan et formé plus de 36 000 volontaires à être les premiers intervenants en cas d’incident. Les CERT concernées ont été placées en état d’alerte et se sont rapidement mobilisées pour épauler les autorités locales, avertir la population, organiser des opérations d’évacuation et coordonner les secours.
Le village de Sherqilla, dans le district de Ghizer, dans le Gilgit-Baltistan, a été l’un des plus touchés au début du mois. Un orage et de violentes averses ont entraîné des crues éclair et une importante coulée de débris qui a touché 250 familles du village. Malheureusement, sept personnes ont perdu la vie et deux autres ont été blessées au cours de cette catastrophe. La coulée de débris a gravement endommagé les maisons, les entreprises, les étables, les terres agricoles, les arbres, les routes d’accès et les passerelles du village.
Une équipe de techniciens de l’AKAH et la CERT locale ont évacué en toute sécurité les 80 familles dont les habitations étaient les plus exposées à la coulée de débris. Elles sont pour le moment toutes logées par des parents. Nous avons en outre fourni de la nourriture, de l’eau, des tentes, des couvertures et des bâches à 58 de ces familles, dont les maisons ont été partiellement, voire complètement détruites. Nos CERT continuent de travailler auprès des communautés locales pour évacuer les personnes exposées aux dangers et distribuer des tentes et d’autres articles de secours provenant des stocks que nous avons constitués.
Fazalat Nama et Aman Paysan faisaient partie des personnes évacuées : « C’était dur de voir la peur dans les yeux de nos enfants et de nos petits-enfants. Nous les voyions courir dans tous les sens pour déplacer nos biens. Heureusement, nous avons pu compter sur l’aide de jeunes femmes et hommes qui se sont portés volontaires pour aider nos familles. Ils ont évacué les femmes, notamment celles qui étaient malades ou enceintes, vers une zone plus sûre où des tentes avaient été installées au préalable. Ils se sont démenés pour que nous soyons bien installés et sont restés à nos côtés pour nous aider pendant que nous logions dans les tentes. »
Abdul Sarab, un autre membre de la communauté qui dû évacuer son logement, raconte : « Lorsque notre maison a été frappée, j’ai été blessé et suis resté inconscient. Les membres de ma famille n’arrivaient pas à me porter pour me mettre en sécurité. Par miracle, les volontaires de l’AKAH ont réussi à me soulever et à me transporter vers une zone sûre dans leur véhicule. »
Ailleurs dans le district de Chitral et dans le Gilgit-Baltistan, les inondations ont endommagé plusieurs canaux d’irrigation, champs de culture, zones forestières et infrastructures de transport. Nos équipes communautaires et villageoises d’intervention d’urgence ont évacué les familles à risque et distribué des vivres aux personnes touchées. Nous avons également réparé les systèmes de téléphérique endommagés afin de rétablir les liaisons de transport. Les réparations des canaux d’irrigation prendront en revanche plusieurs semaines.
Les pluies diluviennes et l’élévation du niveau de l’eau ont provoqué l’érosion de zones en basse altitude, ce qui a eu des conséquences sur les terres agricoles, les cultures et les forêts. Le long du fleuve Chitral, les inondations et l’affaissement consécutif des sols ont causé d’importants dégâts. Dans le village de Reshun, les volontaires de la CERT locale, les scouts et les communautés locales ont évacué 17 familles touchées et les ont relogées dans des tentes installées dans une zone sûre. Ils construisent actuellement des infrastructures sanitaires adaptées à proximité du camp pour les déplacés.
Nos équipes d’évaluation et d’intervention en cas de catastrophe (DART) ont évalué les dommages dans les villages les plus touchés et ont fait part de leurs observations aux autorités du district afin de les aider à mettre en place des opérations de rétablissement adaptées. Le Premier ministre du Gilgit-Baltistan et son équipe se sont rendus à Sherqilla pour y découvrir l’étendue de l’intervention et du travail mené par nos agents sur le terrain.
Selon eux, le déploiement rapide des membres de l’AKAH a permis de sauver de nombreuses vies. Le capitaine Tayyab Sami Khan, commissaire du district de Ghizer, a déclaré : « La situation après les inondations qui ont frappé le district de Ghizer était à un tel niveau d’urgence que seul un travail d’équipe pouvait nous aider à y faire face. L’AKAH nous a été d’un grand secours dans ce contexte. Nous remercions vivement la CERT locale pour son intervention rapide. Soulignons également que la mise à disposition de plus de 450 tentes prises dans le stock communautaire montre clairement l’efficacité des plans de préparation aux catastrophes mis en place à l’échelle des villages. »
Dans le sud du pays, des pluies torrentielles ont provoqué des inondations et engendré d’importants dégâts. Immédiatement après l’émission d’alertes météorologiques par les organismes de surveillance, notre bureau régional de Karachi a prépositionné des pompes à eau à différents points stratégiques et a envoyé des agents avertir la communauté locale. À la suite des inondations, les CERT et les volontaires ont pompé l’eau qui avait pénétré dans les logements et les bâtiments communautaires et ont coordonné les efforts de secours en collaboration avec l’administration municipale.
Cette année, les conditions météorologiques liées à la mousson et les catastrophes ont été particulièrement intenses. Le Pakistan a connu des pluies de mousson plus de 87 % supérieures à la normale et 16 inondations liées à la vidange brutale de lacs glaciaires, alors que la moyenne annuelle est de cinq ou six.
Alors que nous intensifions notre travail de gestion des risques de catastrophe à l’échelle communautaire et renforçons nos capacités d’intervention dans tout le pays, nous redoublons également d’efforts pour favoriser la mise en place de stratégies d’adaptation à plus long terme et développer des mesures visant à atténuer les effets futurs du changement climatique. Pour ce faire, nous mettons en place des solutions naturelles pour faciliter un développement respectueux du climat, comme la construction d’infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement plus écologiques et la plantation de millions d’arbres en collaboration avec le gouvernement du Gilgit-Baltistan pour atténuer les risques de catastrophe naturelle. Nous travaillons également avec l’Université nationale des sciences et de la technologie (NUST) pour élaborer des plans durables d’aménagement de l’habitat dans les vallées exposées aux catastrophes du nord du Pakistan.