Fondation Aga Khan
Tadjikistan · 1 août 2025 · 4 min
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Tournant historique pour le développement de l’énergie durable en Asie centrale : le Tadjikistan s’apprête à atteindre l’électrification quasi universelle de l’une de ses provinces de montagne les plus reculées d’ici à la fin de l’année 2025 grâce au lancement de trois initiatives énergétiques majeures.
Pilotées par le Fonds Aga Khan pour le développement économique (AKFED), ces initiatives, mises en œuvre dans la région autonome du Haut-Badakhchan (GBAO), comprennent : la centrale hydroélectrique de Sebzor, d’une capacité de 11 MW, la mise en place d’infrastructures de réseau essentielles et le déploiement de systèmes d’énergie renouvelable décentralisés dans le cadre du projet Tadjikistan Rural Electrification Project (TREP - Projet d’électrification des régions rurales du Tadjikistan).
Grâce à ces projets et aux investissements continus réalisés par Pamir Energy depuis 2002, l’accès à une électricité abordable, fiable et propre dans le GBAO sera passé de seulement 13 % en 2002 à une couverture presque complète de la population d’ici à la fin 2025, pour un total d’environ 220 000 bénéficiaires.
Les investissements énergétiques les plus récents permettront à l’ensemble de la région du GBAO, au Tadjikistan, de bénéficier d’une énergie abordable, fiable et propre d’ici à la fin de l’année 2025, tout en contribuant en parallèle à l’augmentation des exportations d’énergie vers le nord de l’Afghanistan.
AKF
Située à plus de 2 500 mètres d’altitude, dans le district de Roshtqala, la centrale de Sebzor est une infrastructure au fil de l’eau capable de produire chaque année plus de 76 millions de kilowattheures d’électricité propre et renouvelable.
Son implantation renforce la fiabilité du réseau électrique dans le GBAO et contribue aux objectifs du Tadjikistan en matière d’énergie renouvelable, mais vient également développer les exportations transfrontalières d’électricité vers le nord de l’Afghanistan et permet ainsi à des milliers de personnes d’accéder à l’énergie.
Ce projet marque une étape charnière en matière de sécurité énergétique, de connectivité régionale et d’accès transfrontalier à l’énergie.
Supervisée par le président Emomali Rahmon et soutenue par des partenaires internationaux, dont l’Union européenne, le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères par l’intermédiaire de la KfW et la Fondation PATRIP, la Banque mondiale, la Fondation Aga Khan (AKF) et Pamir Energy (filiale de l’AKFED), la création de la centrale de Sebzor se veut également un effort coordonné visant à électrifier l’une des zones les plus reculées du pays et de toute la région.
Vue aérienne de la centrale hydroélectrique de Sebzor, capable de produire chaque année plus de 76 millions de kilowattheures d’électricité propre et renouvelable.
Pamir Energy
Le projet de la centrale a été conçu dans le respect de normes environnementales et sociales strictes et intègre un programme de restauration des moyens de subsistance ainsi qu’un plan d’action pour le redéveloppement d’établissements humains, qui prévoit notamment la création de nouvelles infrastructures communautaires, dont une école et des espaces de loisir.
La centrale de Sebzor est en outre le premier projet au monde à avoir obtenu une certification officielle dans le cadre de la Hydropower Sustainability Standard (norme de durabilité pour l’hydroélectricité), avec un label « Gold Standard » obtenu en mars 2023. Cette étape appuie son rôle de référence en matière de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
« Ce projet est la preuve de ce qu’il est possible de concrétiser lorsque les autorités locales coopèrent avec la communauté internationale dans le but d’engendrer un véritable impact sur les communautés », explique Daler Juma, ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques du Tadjikistan.
Deux étapes majeures ont également été célébrées lors de la cérémonie d’inauguration de la centrale de Sebzor : la mise en service du poste électrique 35/110 kV de Vomar, financé par l’Union européenne, et de la ligne de transmission Khorog-Vomar de 53 km de long, avec le soutien de la Fondation PATRIP, ainsi que la pose de la première pierre du poste électrique 35/110 kV de Qozideh et de la ligne de transmission Vomar-Voznavd de 42 km, deux projets financés par l’Union européenne.
Ces investissements permettront d’améliorer de manière significative la qualité de l’alimentation énergétique, de minimiser les pertes techniques et d’améliorer la résilience climatique des infrastructures du réseau électrique dans une région régulièrement confrontée à des difficultés saisonnières d’accès à l’énergie.
« Bâtir des systèmes énergétiques fiables et modernes dans les régions transfrontalières est essentiel pour favoriser la stabilité et une prospérité partagée », a déclaré Alexander Bohr, président de la Fondation PATRIP. « Nous sommes heureux de contribuer à la création d’infrastructures qui apporteront des bénéfices durables à ces communautés frontalières isolées. »
« La mise en service d’aujourd’hui témoigne de l’engagement fort et constant de l’Union européenne en faveur de la résilience climatique, du développement inclusif et de l’accès à l’énergie pour tous », a déclaré l’ambassadeur Raimundas Karoblis, chef de délégation de l’UE au Tadjikistan. « Nous sommes fiers d’investir, avec nos partenaires, dans des infrastructures qui permettent l’autonomisation des communautés. »
Daler Juma, ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques du Tadjikistan
Ces investissements permettront d’améliorer de manière significative la qualité de l’alimentation énergétique, de minimiser les pertes techniques et d’améliorer la résilience climatique des infrastructures du réseau électrique dans une région régulièrement confrontée à des difficultés saisonnières d’accès à l’énergie.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Au nombre des efforts visant à garantir un accès universel à l’énergie, plusieurs microréseaux décentralisés ont récemment été mis en service dans le cadre du TREP. Ces infrastructures incluent des centrales hydroélectriques dans la vallée du Bartang et le district de Darvaz, ainsi que des systèmes photovoltaïques avec batteries dans le district de Murghab.
Conçus pour fonctionner de manière autonome, ces microréseaux fournissent une électricité durable aux établissements humains où le déploiement du réseau traditionnel n’est pas envisageable en raison de la topographie difficile et de l’isolement géographique des zones où ils sont implantés.
« Les nouveaux microréseaux décentralisés témoignent de notre engagement à surmonter les obstacles géographiques et à garantir que même les communautés les plus isolées puissent bénéficier d’une énergie propre. Cette initiative améliore non seulement les conditions de vie, mais ouvre également de nouvelles perspectives de croissance économique et sociale », a déclaré Farida Mamadaslamova, spécialiste de l’énergie à la Banque mondiale et responsable du groupe de travail du TREP.
Ensemble, ces initiatives témoignent de l’alignement entre les autorités locales et la communauté internationale et illustrent la volonté conjointe du Réseau Aga Khan de développement (AKDN), de ses partenaires et du Tadjikistan de bâtir un avenir énergétique écologique, connecté et inclusif dans le GBAO.
Ces projets de microréseaux s’inscrivent dans la continuité de l’électrification réussie de 27 établissements humains en 2021 et visent à apporter une électricité propre à 35 autres d’ici à la fin de l’année 2025. Soutenue par la Banque mondiale, cette initiative contribue à la concrétisation de la Stratégie nationale de développement de la République du Tadjikistan pour la période 2016-2030 au travers de l’amélioration de la qualité de vie et de la réduction de la dépendance aux biocarburants polluants.