Investments need to be directed towards enabling societies and building resilience.

AKDN / Kiana Hayeri

Qu’est-ce qui vous inquiète le plus à propos de la situation humanitaire que vit actuellement le pays ?

Nous avons toujours vécu dans l’incertitude et avons toujours su y faire face, mais cette fois, il faudra consacrer beaucoup plus de temps et de moyens pour que la population s’extirpe de la peur et du désespoir. Les femmes, en particulier, sont très inquiètes pour leur avenir et celui de leurs enfants. Les scènes auxquelles nous avons assisté à l’aéroport de Kaboul en août 2021 nous ont montré à quel point nombre d’Afghans cherchaient désespérément à quitter le pays. Cela m’amène au point suivant : des centaines de milliers de personnes, principalement instruites, ont quitté l’Afghanistan au cours des six derniers mois. Le pays ne peut pas se permettre de perdre un tel capital humain – ce fameux phénomène de la « fuite des cerveaux » - surtout à un moment où il en a le plus besoin.

Les obstacles financiers constituent eux aussi une source d’inquiétude importante. De nombreuses relations économiques ont été rompues, et les flux habituels de capitaux sont de plus en plus fragiles, tant au niveau du commerce que de l’aide humanitaire et du développement. Cette situation a des répercussions directes sur les moyens de subsistance de millions d’Afghans.

Comment l’AKF s’est-elle adaptée à ce nouveau contexte ?

Lorsqu’on m’interroge sur notre capacité d’adaptation, je parle toujours de la façon dont nous avons établi notre présence dans le pays. Nous sommes en Afghanistan depuis 2003, et le Réseau Aga Khan de développement depuis 1996. De ce fait, notre mobilisation, nos activités et la façon dont nous concevons et mettons en œuvre nos programmes ont toujours été influencées par l’environnement fragile et les défis inhérents à ce pays. Si nous avons réussi à rester opérationnels aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à ce que nous avons accompli au cours des 20 dernières années. Nous avons toujours travaillé à l’échelle locale, établi des relations solides avec les communautés et créé un environnement favorable pour que ces dernières acceptent et s’approprient nos programmes.

Notre neutralité et la qualité et la portée de notre travail ont joué un rôle déterminant dans notre résilience en cette période difficile, mais également dans notre capacité à nous réorganiser face à la crise.

Comment se déroule le travail de l’AKF en Afghanistan aujourd’hui ?

Au lendemain du 15 août 2021, nous avons relancé nos activités et réorganisé nos programmes. Nous faisons bien évidemment face à des contraintes, mais nous nous sommes efforcés de rester actifs dans tous les secteurs dans lesquels nous intervenions avant. Nous continuons donc notre travail dans la santé, l’éducation, le développement de la petite enfance, l’agriculture, la sécurité alimentaire, l’adaptation au changement climatique, la reprise économique et le développement des infrastructures.

En parallèle, nous avons déployé une aide humanitaire complète et ciblons plus de 500 000 ménages, soit environ 3,5 millions de personnes. Actuellement, nous livrons des colis alimentaires aux familles visées et mettons en place des activités dans le cadre desquelles elles peuvent travailler pour obtenir des vivres ou de l’agent. Nous avons pleinement conscience de l’importance de l’agriculture dans le pays, et c’est pourquoi nous soutenons également le développement de l’élevage et fournissons des ressources aux agriculteurs.