par Mlle Maryam Baqir, Karachi, Pakistan · 19 décembre 2013 · 4 min
Monsieur le chancelier,
chers membres du conseil d’administration,
Chers invités d’honneur,
Chers professeurs,
Chers parents,
Chers diplômés,
Mesdames et Messieurs,
Assalam Alaikum (Que la paix soit sur vous).
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue au nom de la promotion de 2013, une promotion qui brille par l’intelligence, la compassion et la beauté de ses étudiants, désormais médecins. Entre parenthèses, même si nos parents pensent que nous avons désormais les capacités de traiter les maux de dos, les maux de tête persistants et les toux incessantes, je peux vous assurer qu’après cinq ans d’études, nous n’en sommes toujours pas capables.
J’aimerais également vous souhaiter la bienvenue au nom des infirmières et éducateurs qui reçoivent leur diplôme aujourd’hui. Ces étudiants qui se tiennent fièrement parmi nous aujourd'hui contribuent à forger une tradition d’excellence et à placer la barre très haut pour que nous soyons tous à la hauteur de nos métiers. Regardons autour de nous et remercions notre famille, nos conjoints et nos amis, qui ont été indispensables à notre réussite et qui nous ont soutenus à cet égard, nos collègues, qui ont travaillé et marché à nos côtés, et nos merveilleux enseignants, qui ont su transmettre leur passion au plus profond de nos cœurs.
Mais par-dessus tout, j’aimerais remercier M. Friedlieb Ferdinand Runge, l’homme qui a découvert la caféine. M. Runge, je ne prononce peut-être pas votre nom correctement, mais sans vous, mes camarades et moi n’aurions jamais pu obtenir notre diplôme. Le bref récapitulatif de ces cinq dernières années que je m’apprête à vous présenter vous le confirmera.
Mesdames et Messieurs, il m’a fallu près d'une semaine pour mémoriser seulement les noms des différentes matières qui nous ont été enseignées en première année : anatomie, physiologie, microbiologie, statistiques, biochimie et un cours appelé histologie, pour lequel aucun d’entre nous n’a jamais étudié. Je me revois feuilleter mes manuels scolaires et regarder l’étendue de leur contenu en souhaitant que la terre puisse m’engloutir.
En deuxième année, les cours magistraux nous ont tous rendus hypocondriaques. Je me suis diagnostiqué une angine de poitrine, une hypothyroïdie, du diabète et un syndrome des ovaires polykystiques. Arrivent ensuite les troisième et quatrième années. Enfin, nous entrions à l’hôpital ! En chirurgie, nous avons appris à tenir un écarteur pendant trois heures d’affilée, ce qui est une compétence incroyable quand on y réfléchit bien. J’ai aussi appris à réveiller les patients à six heures du matin simplement pour leur demander s’ils avaient des gaz. En médecine interne, nous avons appris à marcher dans les couloirs de l’hôpital pendant un nombre incalculable d’heures. En psychiatrie, nous avons vu des patients souffrant d’anxiété paralysante, de dépression, de crises d’angoisse et de troubles de la personnalité obsessionnelle-compulsive. Ce n’est que plus tard que nous avons compris qu'il s’agissait en réalité de nos propres camarades. En pédiatrie, j’ai développé une réelle peur d’avoir des enfants. En obstétrique et en gynécologie, j’ai appris ce que cela ferait si j’avais des enfants. Enfin, en médecine d’urgence, j’ai vu comment les docteurs, les résidents, les internes, les infirmières et le personnel technique s'unissent pour sauver des vies.
Au milieu de toutes ces leçons de vie révélatrices et de ces horaires hors-normes, beaucoup de personnes ont rencontré leur moitié. Mesdames et Messieurs, notre promotion compte plus de couples que vous n’avez de doigts sur les mains. On comprend mieux pourquoi l’AKU a remporté le Prix d’excellence en engagement étudiant cette année !
Chers diplômés de l’École d’infirmières, de l’École de médecine et de l’Institut pour le développement de l’éducation (IED), vous partez d'ici avec l’esprit éclairé et le privilège de devoir servir la société avec vos connaissances, vos compétences et vos ressources. Vous êtes diplômés d'une institution qui applique des normes très élevées et qui est attachée à des valeurs fondamentales. Ne faites aucun compromis sur l’éthique ou la qualité et forgez votre réputation de manière similaire.
Nous vivons dans une société où les revenus sont extrêmement mal répartis, et le fait même que nous soyons ici signifie que nous avons bénéficié de ce système biaisé. Je suis donc emplie d’humilité, de culpabilité et d’un désir, non pas de charité, mais de rédemption. Nous devons nous rappeler que lorsque l’on dit « donner en retour », cela ne signifie pas que nous donnons ce que nous avons à ceux qui ne l’ont pas, mais que nous donnons en retour à ceux à qui nous avons pris en premier lieu.
Dans la poursuite de l’excellence, aussi évident que cela puisse paraître, nous devons nous rappeler qu’il est nécessaire de rester proches de nos amis et de notre famille et de prendre du temps pour faire les choses que nous aimons. À mes camarades diplômés : infirmières, éducateurs et médecins, nous avons partagé de merveilleux moments et entrons ensemble dans ce nouveau monde étonnant et passionnant ! Restez malins, restez beaux, mais surtout, restez compatissants et tolérants, donnez en retour, faites bouger les choses !
Vous allez beaucoup me manquer. Chère promotion de 2013, toutes mes félicitations ! Nous avons réussi !