par Ms. Nurjehan Mawani, Kabul, Afghanistan · 3 septembre 2015 · 4 min
Communiqué prononcé par Mme Nurjehan Mawani, représentante diplomatique de l’AKDN en Afghanistan
Monsieur le président,
Excellences,
Chers collègues,
Au nom du Réseau Aga Khan de développement (AKDN), permettez-moi de remercier sincèrement le gouvernement de la République islamique d’Afghanistan et le Ministère des affaires étrangères d’organiser cette sixième Conférence sur la coopération économique régionale en Afghanistan (RECCA). L’AKDN est honoré de prendre part à cette initiative régionale importante.
Par l’intermédiaire de programmes et d’investissements, et en collaboration avec les gouvernements de la région, des partenaires internationaux et les communautés, l’AKDN a pour but d’améliorer la qualité de vie des êtres humains et a la « profonde conviction que le progrès humain dépend de la coopération humaine », qui peut permettre de surmonter des obstacles à première vue infranchissables. L’objectif de la RECCA est de stimuler le développement économique en Asie centrale, où l’AKDN a une forte présence qui s’étend à l’Afghanistan, au Tadjikistan, à la République kirghize, au Kazakhstan et plus loin, au Pakistan, à l’Inde et nous espérons à l’avenir, à la Chine.
L’AKDN a mis sur pied des institutions durables dans la région, dont des écoles, des universités, des hôpitaux, des institutions bancaires, des équipements de loisirs et des infrastructures de télécommunications. Nous développons des innovations dans des domaines tels que l’approvisionnement énergétique transfrontalier, la banque mobile, la télésanté et le soutien aux petites et moyennes entreprises, et ce dans le but de venir en aide aux populations les plus marginalisées. Notre expérience de développement dans la région, qui s’étend sur plus de trente ans, a démontré qu’une participation économique inclusive entraîne un développement socio-économique stable et, à terme, la paix et la stabilité.
Monsieur le président, aujourd’hui, j’aimerais souligner deux approches qui sont au cœur de la philosophie de développement de l’AKDN et qui sont pertinentes vis-à-vis des délibérations de la sixième RECCA. La première est notre approche multisecteurs, et la seconde est le principe d’une participation économique inclusive.
Permettez-moi d’évoquer deux exemples du travail régional de l’AKDN en lien avec ces deux approches et qui sont potentiellement reproductibles :
Le premier exemple est que, tel que nous l’avons expérimenté, les partenariats public-privé, lorsqu’ils sont combinés à de multiples interventions complémentaires, amplifient l’impact socio-économique. En 2002, le Fonds Aga Khan pour le développement économique (AKFED) a créé Pamir Energy, un partenariat public-privé avec le gouvernement du Tadjikistan dont le but était de transformer une infrastructure post-soviétique afin qu’elle soit en mesure de fournir en continu une énergie fiable, abordable et propre aux communautés non desservies de la région.
Après être devenue une entreprise viable au Tadjikistan et l’infrastructure la plus performante d’Asie centrale, la société Pamir Energy, avec le soutien des gouvernements tadjik et afghan, de l’Allemagne, de la Norvège, de la Suisse, des États-Unis et du Groupe de la Banque mondiale, a commencé à exporter de l’électricité en Afghanistan en 2008 à 30 000 personnes ainsi qu’à des établissements de santé, des écoles, des entreprises et des bureaux gouvernementaux dans la région reculée du Badakhchan.
Cette transmission énergétique transfrontalière a également catalysé l’économie commerciale de la région, triplant presque le nombre d’entreprises. En outre, l’accès à une énergie propre réduit les problèmes respiratoires, particulièrement chez les enfants, améliore les résultats scolaires et permet notamment à plus de filles d’aller à l’école, permet l’accès à l’informatique et aux établissements médicaux locaux de se connecter, par le biais d’un réseau de télésanté, à des institutions telles que l’Institut médical français pour l’Enfant (IMFE) de Kaboul et l’Université Aga Khan (AKU) de Karachi.
Pamir Energy prévoit de continuer d’étendre sa portée et d’améliorer la qualité de vie des personnes qu’elle dessert tout en réduisant la dépendance au combustible et à la biomasse pour les besoins énergétiques. Une autre ligne électrique est actuellement en construction. Elle améliorera la portée de l’entreprise et lui permettra d’atteindre près de 40 000 personnes rien qu’en Afghanistan. En outre, il est prévu de construire six lignes électriques transfrontalières supplémentaires afin de fournir de l’électricité à un total de plus de 120 000 personnes dans les communautés les plus reculées. Une fois terminées, toutes les lignes électriques seront remises au gouvernement et deviendront la propriété du fournisseur national, DABS. Pamir Energy travaille en étroite collaboration avec DABS à toutes les étapes, de la conception à la rédaction du cahier des charges en passant par la maintenance.
Le second exemple, Monsieur le président, concerne l’importance cruciale de renforcer un ensemble de ressources humaines qualifiées afin d’assurer un développement économique durable. L’une des initiatives majeures pour soutenir et favoriser cela est l’Université d’Asie centrale (UCA), qui a été créée dans le cadre d’un traité international signé par le Tadjikistan, la République kirghize, le Kazakhstan et Son Altesse l’Aga Khan. La mission de l’UCA est de favoriser le développement socio-économique des communautés de montagne tout en aidant les peuples de la région à préserver et à tirer parti de leurs riches traditions et patrimoine culturels et de s’en servir comme atouts pour leur avenir.
L’UCA propose à cet égard une formation et une éducation axées sur la demande et adaptées au marché afin de renforcer les capacités des ressources humaines dans le but de catalyser la croissance économique au sein des communautés reculées et de stimuler le potentiel commercial des personnes issues de zones rurales. L’Université collabore, entre autres, avec les Ministères de l’enseignement supérieur et du travail dans la région. À ce jour, l’UCA a accueilli plus de 80 000 personnes venant du Tadjikistan, de la République kirghize, du Kazakhstan et de l’Afghanistan. En outre, une enquête effectuée auprès d’anciens élèves a montré que plus de 70 % des personnes diplômées des programmes avec certification ont trouvé un emploi ou ont été promues grâce à leur formation.
Avec des campus dans trois pays et des programmes dans quatre, dont l’Afghanistan, l’UCA prend part à des recherches en matière de politique sur les relations économiques et commerciales régionales. L’Université travaille également en étroit partenariat avec les Ministères en Asie centrale afin de rassembler les fonctionnaires de la région dans un programme d’analyse politique dont le but est de renforcer les capacités humaines et institutionnelles et de favoriser les échanges et la coopération économiques, éducatifs et culturels. À ce jour, avec le soutien de nos partenaires, dont le Canada, plus de 100 fonctionnaires afghans, kirghizes et tadjiks en ont bénéficié grâce à un programme d’études sur mesure correspondant aux normes internationales.
Pour conclure, Monsieur le président, j’aimerais exprimer la profonde gratitude de l’AKDN, à qui vous offrez cette occasion de partager notre expérience de longue date en matière de développement et de coopération économiques dans la région et notre vision commune selon laquelle la croissance et la prospérité de toute la région sont intimement liées. Permettez-moi de citer Son Altesse l’Aga Khan : « l’espoir peut être tout autant contagieux que la peur ». L’AKDN reste prêt à continuer de soutenir la RECCA et d’autres initiatives régionales complémentaires.
Merci.