par Feu Son Altesse le Prince Karim Aga Khan IV, Genève, Suisse · 28 novembre 2018 · 3 min
Bismillah-ir-Rahman-ir-Rahim
(Au nom de Dieu clément et miséricordieux)
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
J'aimerais remercier le gouvernement afghan et les Nations Unies d’avoir rassemblé la communauté internationale afin que nous puissions réaffirmer notre engagement envers l'Afghanistan et, plus important encore, envers son peuple.
Il y a deux ans, nous avions été nombreux à nous réunir à Bruxelles avec un objectif similaire. Il y a également eu de nombreux rassemblements de ce type au cours des dix-sept dernières années. Des engagements ont été pris, des défis ont été relevés, l'espoir est né et a parfois été anéanti.
Par moments, il peut nous sembler difficile de maintenir l'espoir. Les défis du renforcement de la sécurité, de la réduction de la pauvreté, de la lutte contre les effets du changement climatique et de la complexité d'une tentative de réconciliation sont quelques-uns des domaines transversaux qui sont au sommet de notre réflexion.
Selon moi, notre travail devrait être orienté de manière équitable par la reconnaissance et le soutien de la résilience du peuple afghan. Récemment, les Afghans ont voté en nombre record lors des élections législatives, souvent au péril de leur vie. Leurs réactions spontanées au cours du bref cessez-le-feu instauré cette année nous ont donné à tous un aperçu du pays qui pourrait alors exister : un pays peuplé de personnes issues de toutes les régions et de tous les horizons, unies dans leur désir de voir naître la paix.
Le Gouvernement d'Union nationale mérite également notre reconnaissance et notre soutien pour les efforts qu'il déploie afin de mettre en œuvre des réformes cruciales et de faire avancer l'Afghanistan sur la voie de l'autonomie.
Il y a deux ans, à Bruxelles, nous avons fait la promesse d'approfondir notre engagement dans trois domaines essentiels, à savoir le renforcement du capital humain, le renforcement des institutions et de la société civile et la valorisation du développement régional.
J'ai toujours soutenu que mes institutions s'engageraient de manière permanente dans le pays. C'est pourquoi, au nom de l'imamat ismaili et du Réseau Aga Khan de développement (AKDN), je réitère, une fois de plus, notre engagement indéfectible envers l'Afghanistan et son peuple.
Alors que nous nous unissons pour soutenir le Gouvernement d'Union nationale, investir dans la société civile, c'est-à-dire encourager les organisations privées conçues pour atteindre des objectifs publics, mérite une attention équivalente. De telles institutions peuvent en effet représenter des facteurs de stabilisation et des points de continuité. C'est la raison pour laquelle l'AKDN soutient l'ensemble de la société civile en consacrant une attention toute particulière aux domaines de la santé, de l'éducation, de la culture, de la gouvernance communautaire et des partenariats public-privé afin de fournir d'autres services.
Ainsi, depuis notre dernière assemblée, nous avons, en coopération avec nos partenaires, ouvert l'Hôpital provincial de Bâmiyân ainsi que l'aile maternelle de l'Institut médical français pour la Mère et l’Enfant de Kaboul. Nous avons également renforcé notre travail dans le système éducatif afghan afin d'améliorer la qualité de l'apprentissage et de permettre à 150 000 jeunes filles d'aller à l'école. Dans les années à venir, nous prévoyons de construire un hôpital de recherche tertiaire général à Kaboul qui sera lié à l'Université Aga Khan (AKU), de renforcer notre travail dans les domaines de l'éducation primaire et secondaire et d'étendre les activités de l'Université d’Asie centrale (UCA).
En matière de société civile, notre engagement continu en faveur de la culture diversifiée afghane a été marqué par la récente restauration des jardins et du palais Chihilsitoon, qui ont intégré la liste des plus de 140 sites patrimoniaux nationaux restaurés par le Trust Aga Khan pour la culture (AKTC) avec l’important soutien du gouvernement afghan et de partenaires internationaux. Cette année, nous avons, ensemble, mis sur pied un plan ambitieux afin de revitaliser les rives du Kaboul. Nous travaillons également directement à tirer parti du pouvoir des personnes qui s'unissent : par l'intermédiaire de la Fondation Aga Khan (AKF), nous avons aidé des milliers de groupes communautaires et d'autorités de district à mettre en œuvre la Charte des citoyens, qui est essentielle pour le gouvernement, et à favoriser un développement plus inclusif dans les régions reculées.
Afin de favoriser une intégration régionale, nous avons étendu les lignes électriques de Pamir Energy du Tadjikistan jusqu'au nord de l'Afghanistan, ce qui a permis à certains villages d'avoir accès à l'électricité pour la première fois. Nous allons bientôt commencer à travailler sur le projet d'un sixième pont transfrontalier et d'un marché entre ces pays. En outre, nous sommes en pourparlers afin d'accroître de manière significative l'électrification de la frontière à Faizabad.
Monsieur le Président, l'expérience que nous avons acquise au cours des dix-sept dernières années a fortement renforcé ma conviction que la voie vers une paix durable en Afghanistan repose largement sur deux principes clés, à savoir la coopération régionale, qui est essentielle au développement et à la stabilité à l'échelle nationale, et un engagement en faveur du pluralisme, car la diversité du pays doit être considérée comme une source de force. Tous les habitants de toutes les régions devraient pouvoir bénéficier des investissements qui font naître l'espoir pour l'avenir. Il s'agit d'un fil directeur de notre travail en Afghanistan. J'espère également que ce sont des principes sur lesquels nous pouvons tous travailler, et envers lesquels nous resterons engagés en Afghanistan.
Merci.