par Prince Aly Muhammad Aga Khan , Royaume-Uni · 23 novembre 2025 · 3 min
AKDN / João Octávio Peixoto
Bismillah-ir-Rahman-ir-Rahim (Au nom de Dieu clément et miséricordieux).
Votre Excellence Cheikh Salem bin Khalid Al Qassimi,
Votre Excellence Cheikh Khalifa Bin Ahmed Al-Khalifa
Excellences,
Chers invités,
Mesdames et Messieurs,
C’est un privilège de me trouver parmi vous ce soir.
Les Prix Aga Khan de Musique sont nés de la vision commune de mon père, Son Altesse Karim Aga Khan, et de mon oncle, le prince Amyn, qui nous honore de sa présence aujourd’hui. Leur conviction était que la musique, celle qui prend racine dans les cultures diverses du monde musulman, peut constituer une source de force, tant pour les personnes que pour les sociétés. Ils croyaient ainsi que, en reconnaissant et en apportant un soutien aux musiciens qui perpétuent ces traditions musicales, nous affirmons également l’esprit créatif qui nous fédère.
Lorsque mon père a inauguré la première itération des Prix à Lisbonne, en 2019, il nous rappelait que, dans certaines régions du monde, les mots « musique » et « musulmane » ne sont que rarement associés dans les esprits. Il évoquait alors la manière dont, à travers les siècles et les continents, les civilisations musulmanes ont utilisé la musique comme langage de réflexion, de beauté et de foi. Ses paroles prennent un sens particulier ce soir, alors que nous mettons à l’honneur des artistes qui perpétuent cet héritage dans un esprit novateur et créatif.
Il y a quelque chose de très spécial dans le simple fait de pouvoir créer un son avec une intention. Aux quatre coins du monde, des personnes talentueuses ayant un message à faire passer trouvent, au travers de la musique, le moyen d’atteindre les autres. Et, malgré les nombreux obstacles qui peuvent nous faire face, la musique reste l’une des formes d’art les plus accessibles.
C’est peut-être pour cela que la musique constitue l’un des rares espaces où les différences ne sont pas source de clivage, mais nous permettent au contraire de partager une émotion sans besoin de traduction. C’est précisément l’image que véhiculent les Prix.
Les musiciens que nous honorons ce soir incarnent à la fois la virtuosité et la générosité. Leur art n’est pas seulement technique, il est résolument humain. Et, à travers leur œuvre, ils sont capables de transmettre des connaissances, des valeurs et des récits qui ont traversé les générations. Ce faisant, ils nous rappellent que la tradition n’est pas une relique du passé, mais bien un courant vivant qui serpente à travers le présent. Ils bâtissent leur œuvre sur ce qui les a précédés, avec des sonorités et des arrangements originaux et novateurs, et élargissent ainsi nos horizons musicaux.
L’impact des artistes présents ce soir ne se mesure pas seulement par l’intensité des applaudissements qui leur sont destinés ou par le nombre d’albums qu’ils ont enregistrés, mais aussi par les vies qu’ils touchent. Qu’il s’agisse d’un élève qui, dans leurs enseignements, a trouvé la confiance d’apprendre un instrument, ou d’une personne déracinée de chez elle, qui trouve un lien avec sa communauté en entendant une mélodie qui lui est familière. Ce sont ces moments-là, où la musique quitte la scène pour entrer dans le monde, qui attestent aussi de leur impact.
C’est pourquoi les Prix Aga Khan de Musique ne constituent pas uniquement une cérémonie de reconnaissance, mais se veulent également une profession de foi, celle que la culture constitue une fondation du développement, et que la créativité est une forme de service en faveur de la société. Les musiciens que nous honorons ce soir montrent que l’art peut ouvrir des fenêtres sur un renforcement de la dignité et des moyens de subsistance. Ils démontrent également que la beauté et la vocation ne sont pas des quêtes séparées, mais les facettes d’une même histoire humaine.
À l’origine de tout cela se trouve le principe de pluralisme, dont mon père parlait si souvent. Cette compréhension que nos différences ne sont pas des obstacles, mais des ponts.
Chacun des lauréats de ce soir porte fièrement un héritage culturel distinct et, pourtant, ensemble, leurs œuvres représentent notre humanité commune. Ils nous rappellent que l’écoute, la véritable écoute, est en elle-même un acte de respect et d’empathie.
À une époque où le bruit l’emporte trop souvent sur la compréhension, ces artistes nous invitent à prendre un moment pour entendre et réfléchir. Leur musique nous rappelle que l’unité n’exige pas l’uniformité, mais qu’elle naît du dialogue entre de nombreuses voix et se nourrit d’un respect mutuel.
Je tiens à exprimer ma profonde reconnaissance à toutes les personnes qui font vivre les Prix Aga Khan de Musique : les membres du jury, les organisateurs, les enseignants et les mentors dont le dévouement soutient cette communauté d’artistes. Chers lauréats, merci de nous rappeler ce que signifie créer avec intention, avec humilité et avec votre cœur.
C’est pour moi un grand plaisir d’inviter à présent à revenir sur scène les remarquables lauréats des Prix Aga Khan de Musique 2025.
Merci.