par Feu Son Altesse le Prince Karim Aga Khan IV, New Delhi, India · 21 février 2018 · 4 min
Bismillah-ir-Rahman-ir-Rahim (Au nom de Dieu clément et miséricordieux)
Honorable Vice-président de l'Inde,
Monsieur le Lieutenant-gouverneur de la Capitale nationale de Delhi,
Honorable Ministre d'État aux affaires parlementaires,
Monsieur le Secrétaire du Ministère du logement et des affaires urbaines,
Excellences,
Chers invités,
Je suis profondément honoré et très heureux d’être avec vous aujourd'hui pour fêter cet événement. Depuis de nombreuses années, je suis avec grand intérêt l'évolution du projet de la pépinière Sunder. Cela date au moins de l'an 2000, année lors de laquelle le Trust Aga Khan pour la culture (AKTC) a entrepris pour la première fois la restauration des jardins de la tombe de Humayun situés juste à côté.
Je me rappelle également cette journée, il y a maintenant dix ans, au cours de laquelle nous avons signé l'accord de partenariat public-privé avec le Gouvernement indien et ses agences, un partenariat qui a permis l'admirable valorisation de ce grand complexe culturel. Nous avons signé cet accord en 2007 et notre partenariat au cours des dix dernières années a été exceptionnel.
Aujourd'hui, nous exprimons notre profonde gratitude à tous nos partenaires, dont le Ministère du logement et des affaires urbaines, le Département central des travaux publics et l'Archaeological Survey of India, mais aussi le Ministère norvégien des affaires étrangères et l'ambassade des États-Unis par l'intermédiaire du Fonds américain des ambassadeurs pour la préservation culturelle. De même, les centaines d'artisans, les tailleurs de pierre, les plâtriers, les maçons et les jardiniers méritent toute notre estime et notre profonde reconnaissance.
Et j'aimerais également saluer la mémoire du Professeur M. Shaheer, qui nous a malheureusement quittés. Le Professeur Shaheer a travaillé avec le Trust Aga Khan pour la culture pendant 18 ans. Il était l'architecte paysagiste sur le projet de la tombe de Humayun, mais aussi sur des projets de restauration à Kaboul et à Hyderabad. Ses contributions au projet de la pépinière Sunder sont inestimables, depuis le plan directeur original jusqu'aux dessins détaillés. Aujourd'hui, tandis que nous découvrons les résultats de son travail, nous pensons à lui, avec reconnaissance,.
Le terrain sur lequel nous nous trouvons aujourd'hui est depuis très longtemps un centre de l'histoire culturelle. Il y a près de sept siècles, par exemple, le saint soufi Nizamuddin Auliya parcourait ces allées et y enseignait ses préceptes d'amour universel. Ce même message de tolérance et d'humanité allait bientôt se répandre dans le splendide Empire moghol, dont le cœur se situait également ici, avec sa Grand Trunk Road en ce même lieu. D’ici, environ un quart de la population mondiale était autrefois gouvernée dans un esprit remarquablement pluraliste et harmonieux.
C'est dans ce même esprit d'harmonie universelle que nous inaugurons ces jardins aujourd'hui. Car à travers l'histoire, ces jardins ont souvent symbolisé l'interaction harmonieuse de la grâce divine et de la créativité humaine.
Cette fusion des dons de la nature et de la création humaine est un idéal incontestablement ancré dans la culture indienne et dans les traditions islamiques, et ainsi l’écoulement des eaux fraîches nous rappelle l'abondance des bienfaits divins.
La pépinière Sunder témoignait de ces mêmes valeurs lorsqu'elle fut créée ici en 1924, il y a près d'un siècle. Son nom, Sunder, trouve lui-même sa racine dans le sanskrit ancien, souvent considéré comme la langue la plus ancienne du monde, et dans lequel « Sunder » signifie simplement « beauté ».
Il y a un siècle, donc, la pépinière Sunder avait pour objectif de rassembler les plus belles espèces de plantes issues des quatre coins de l'Empire britannique, puis de les mettre à disposition de la ville de New Delhi alors en plein essor.
Toutefois, alors que nous nous remémorons ces riches traditions, nous savons aussi qu'elles ont parfois été négligées. Sous la pression de l'explosion démographique et de la réduction des budgets, des bâtiments trop souvent surpeuplés ont été serrés les uns contre les autres dans des espaces denses, négligeant ainsi l'importance des espaces verts dans des paysages urbains sains. D’aucuns ont suggéré que les espaces ouverts n'étaient pas productifs, voire inutiles, ignorant ainsi leur potentiel esthétique, récréatif et économique dans la dynamisation du tourisme, de l'éducation, du développement communautaire et du sport.
C'est la raison pour laquelle restaurer, créer et revitaliser de magnifiques espaces verts a été l'un des objectifs principaux du Trust Aga Khan pour la culture au cours des dernières années, avec la réalisation de dix projets remarquables dans des sites aussi divers que Le Caire ou Zanzibar, Toronto ou Kaboul, Douchanbé au Tadjikistan, ou Bamako au Mali, et bien sûr, ici en Inde.
Tous ces projets ont été pensés de manière à honorer le passé tout en nous préoccupant de l'avenir. Et c'est avec l'avenir à l’esprit que nous inaugurons aujourd'hui la pépinière Sunder comme l'un des plus imposants parcs publics au monde ; un parc ouvert à chacun pour se divertir, se recueillir, s'éduquer et puiser son inspiration.
Imaginez seulement l'énergie et la vitalité de ce lieu dans les jours et les années à venir. Déjà, nous dit-on, de nombreux oiseaux et papillons ont élu domicile dans ces espaces restaurés. Bientôt, ils seront rejoints par des écoliers qui viendront y découvrir de nombreux nouveaux micro-habitats, par des scientifiques souhaitant approfondir leurs recherches écologiques, par des artistes qui se produiront dans le magnifique amphithéâtre des jardins, par des historiens et par d'autres visiteurs qui côtoieront des dizaines de monuments historiques préservés.
En imaginant cet avenir animé, il reste une dernière chose à savoir : notre programme économique a été pensé de façon à ce que la pépinière Sunder devienne une entité autosuffisante.
Ces jardins représentent un véritable cadeau du passé et continueront d’être offerts encore longtemps aux générations futures.
Merci.