par Son Altesse l'Aga Khan, Karachi, Pakistan · 28 novembre 2025 · 2 min
AKU
Professeur Ahsan Iqbal, ministre fédéral de la Planification, du Développement et des Initiatives spéciales et vice-président de la commission parlementaire chargée de la planification de l’économie,
M. Musadik Masood Malik, ministre fédéral pour le Changement climatique et la Coordination environnementale,
Sulaiman Shahabuddin, président de l’Université Aga Khan,
Chers invités,
Les enjeux inhérents au changement climatique et à l’environnement construit, que vous abordez dans le cadre de ce symposium, sont à la fois urgents et universels. Partout dans le monde, nous sommes témoins des conséquences du changement climatique sur les vies, les moyens de subsistance et les fondements mêmes du développement humain.
Cette rencontre, organisée par l’Institut pour la santé mondiale et le développement de l’Université Aga Khan (AKU), est importante non seulement à travers son thème, mais aussi par la diversité des acteurs réunis : professionnels de la santé publique, ingénieurs, architectes, décideurs politiques, climatologues et spécialistes du développement. Vos connaissances et votre engagement peuvent nous aider à mesurer l’ampleur du défi et à identifier des solutions concrètes, qui sont essentielles pour les pays à revenu faible et intermédiaire.
Vous vous réunissez à un moment où le Pakistan a, une fois encore, subi des inondations dévastatrices, intensifiant les vulnérabilités des communautés de montagne, des villes en aval et des zones rurales. De tels événements nous rappellent que, si les phénomènes météorologiques extrêmes en sont souvent les déclencheurs, ce sont les choix humains qui déterminent l’ampleur des pertes. Les empiètements sur les cours d’eau, une mauvaise planification de l’aménagement du territoire, des normes de construction inadéquates, des matériaux inadaptés et un sous-investissement chronique dans les infrastructures essentielles sont autant de facteurs qui ont amplifié les risques.
Le changement climatique est l’un des plus grands multiplicateurs de menaces de notre époque. Ses conséquences intensifient la prolifération de maladies, la malnutrition, les déplacements, les pertes d’apprentissage et la pauvreté. Dans ce contexte, les femmes, les enfants, les personnes âgées et les communautés marginalisées sont particulièrement touchés. Répondre à ces enjeux n’est pas une option, c’est une nécessité pour l’équité, la stabilité et le développement durable.
Un thème central de ce symposium est que la résilience doit commencer là où les populations vivent, apprennent et travaillent. Les habitations, les écoles, les centres de santé, les rues et les systèmes de drainage doivent être conçus en prenant en compte la problématique de la résilience climatique. Même des mesures modestes et peu coûteuses peuvent avoir des effets transformateurs. Je pense par exemple au respect des distances réglementaires entre les bâtiments et les limites de leurs parcelles, au recours à des solutions naturelles, à la mise en place de technologies écologiques, à l’utilisation de matériaux de construction à faible empreinte carbone, à la réalisation d’audits énergétiques et à l’application de directives ou de normes pour une construction écologique.
Nulle part la résilience climatique n’est plus urgente que dans le secteur de la santé. Des établissements adaptés au changement climatique, des « cliniques fraîches », des sources d’énergie et d’eau fiables ou encore des chaînes du froid fonctionnelles sont autant d’éléments essentiels pour garantir la continuité des soins. L’implantation des bâtiments du secteur sur des sites sûrs peut assurer leur fonctionnement en cas de choc climatique et leur permettre de servir de plateformes d’alerte précoce et de communication des risques pour les communautés qu’ils desservent.
Mais, seules, les infrastructures ne suffisent pas. Une gouvernance efficace est tout aussi essentielle. Les récents débats menés à l’Assemblée nationale du Pakistan ont mis en évidence que de nombreuses pertes subies par le pays ces dernières années étaient évitables. Des normes plus strictes, et le respect de leur application, doivent se placer au cœur des efforts de protection des communautés.
Ce symposium met également en lumière l’importance d’investir dans les populations et leurs connaissances. Nous voyons de nombreuses possibilités pour l’Université Aga Khan et l’Université d’Asie centrale (UCA) de contribuer à l’éducation, à la recherche et au renforcement des capacités aux côtés de leurs partenaires internationaux. Je me réjouis de la présence, aujourd’hui, de nombreux de nos collaborateurs venus de tout le Pakistan, mais aussi d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie du Sud-Est.
Les progrès que nous ferons dans la lutte contre le changement climatique dépendront de nos partenariats. Ils reposeront en outre sur une bonne collaboration entre les gouvernements, les communautés, les universités, les instances professionnelles et le secteur privé. La science des matériaux, les technologies d’isolation et les méthodes de construction écoénergétiques doivent toutes jouer un rôle ici. Par-dessus tout, les solutions doivent être à la fois efficaces et inclusives. Les communautés vulnérables détiennent souvent des connaissances pratiques sur des solutions durables. Nous devons nous assurer d’apprendre auprès d’elles et avec elles.
Les défis qui se profilent à notre horizon sont immenses. Mais au travers de débats, de recherches et de partenariats scientifiques, nous avons le pouvoir de façonner un avenir où notre environnement construit renforce la résilience et réduit la vulnérabilité des populations. Puisse ce symposium constituer un pas de plus en cette direction.
Merci.