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Innover en montagne : créer aujourd’hui, préserver demain
Indisponible · 11 décembre 2024 · 4 min
Des lacs aux déserts, en passant par les plaines, les différents environnements des régions de montagne sont le foyer d’une personne sur cinq dans le monde. Malheureusement, la dégradation des sols et le changement climatique viennent s’ajouter aux défis inhérents à la vie dans ces zones reculées. Quelles innovations peuvent être mises en place pour soutenir les communautés de montagne et protéger leurs terres ?
Ce lac alpin, niché à 3 000 mètres d’altitude dans le massif du Tien Shan, en République kirghize, accueille en été des communautés semi-nomades qui y amènent leurs animaux pour paître. La Fondation Aga Khan (AKF) met sur pied des bibliothèques itinérantes et des crèches installées dans des yourtes pour aider ces communautés à conserver un accès à l’éducation pendant la transhumance.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Dans le désert de haute altitude de Katpana, dans le Gilgit-Baltistan, au Pakistan, la neige recouvre parfois les dunes. Ici, Maryam Batool Ainee photographie des modèles pour présenter sa marque de vêtements avec l’aide de son mari Ahmad Khan.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
À Jalalabad, en République kirghize, Karimkol et sa femme cultivent des plants de pommiers, d’abricotiers, de cerisiers et de pruniers qu’ils vendent aux agriculteurs. L’AKF leur a fourni du matériel de désherbage pour accroître leur productivité.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Face à la pénurie d’eau pour l’irrigation des cultures, diverses innovations, comme l’optimisation des systèmes d’irrigation goutte à goutte ou la fabrication de biofertilisants à partir de laine de mouton inutilisée, contribuent à réduire la pression sur les ressources en eau dans les montagnes kirghizes. Les microforêts, des écosystèmes capables de croître jusqu’à cinq mètres par an en haute altitude, améliorent la qualité de l’air et des sols et contribuent à la rétention de l’eau. Elles fournissent une source de nourriture, de fourrage et de plantes médicinales aux communautés agricoles afghanes, qui sont ainsi en mesure de conserver un certain revenu.
Avec l’aide financière de l’Union européenne, l’AKF et l’Université d’Asie centrale (UCA) ont travaillé auprès d’agriculteurs afghans pour les aider à planter des arbres fruitiers et forestiers résistants à la sécheresse et à mettre en place des méthodes de gestion durable des terres et des ressources en eau.
AKF
En collaboration avec l’Université de Bâmiyân, des chercheurs de l’UCA ont identifié des variétés de haricots capables de s’adapter à des climats rigoureux, fournissant ainsi une source d’alimentation fiable pendant la saison maigre. Ces haricots peuvent pousser dans des climats très secs et être récoltés avant la fin de la saison des pluies.
La mission de l’UCA est de favoriser le développement socio-économique en Asie centrale, et en particulier de ses communautés établies en montagne.
AKDN / Gary Otte
Kubanych Turganaliev, Osh, République kirghize
Grâce à un financement du gouvernement de la Suisse, l’AKF et Helvetas Swiss Intercooperation ont aidé plus de 14 000 agriculteurs à élever des vaches produisant davantage de lait, ce qui leur a permis de réduire le nombre de têtes de bétail nécessaires à leur production et donc les coûts de gestion de leurs troupeaux.
Dans les hautes montagnes d’Asie centrale, le changement climatique est jusqu’à trois fois plus rapide que les moyennes globales
Mohammad Zaman, directeur du programme « Agriculture et résilience climatique » du Programme Aga Khan de soutien rural (AKRSP) au Pakistan, se souvient : « Il y a 60 ans, nos immenses montagnes étaient verdoyantes, couvertes de forêts. Aujourd’hui, nous ne pouvons qu’assister à la fonte des glaciers. D’ici 20 ou 30 ans, ils auront disparu. De plus, les habitants ont, au fil des années, tout coupé pour produire du bois de chauffage : les arbres, les buissons et même les artemisias. »
« Aujourd’hui, ces montagnes sont complètement à nu. Elles sont très fragilisées et bien plus exposées aux crues éclair. L’année dernière, les terres, les animaux et les arbres de 100 foyers ont été complètement emportés, et 10 personnes ont malheureusement perdu la vie. » En savoir plus sur la façon dont s’organise la vie aux frontières du changement climatique.
Tout le monde ne ressent pas les conséquences de la même façon.
À Sezhd, au Tadjikistan, l’AKF a travaillé auprès des communautés locales pour aider les ménages les plus vulnérables à cultiver des produits pouvant être vendus et consommés.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
« Les femmes contribuent tout autant, si ce n’est plus, aux activités agricoles. Par exemple, si de fortes pluies sévissent et viennent mouiller le fourrage stocké, il revient traditionnellement aux femmes de le faire sécher. En cas de période de sécheresse prolongée, ce sera aux femmes d’aller ressemer. Ce sont cependant les hommes qui décident de ce qu’il faut semer, quand il faut semer et comment et quand amener les produits au marché », explique Harpalsinh Chudasama, responsable de la recherche sur le changement climatique au sein de l’AKRSP (Inde).
« Nous plaçons les femmes au cœur de notre travail et les faisons bénéficier autant que possible des formations et des avantages divers qui découlent de nos actions afin de favoriser une compréhension égale [entre femmes et hommes] de la répartition du travail et des responsabilités, ainsi que du pouvoir de décision au sein du ménage. »
Le Pakistan abrite plus de 7 000 glaciers
À Barsem, au Tadjikistan, les températures élevées ont provoqué la fonte rapide de la neige et des glaciers, entraînant une énorme coulée de boue qui a créé ce lac. La route, les lignes électriques, les terres agricoles et quelques maisons ont été submergées.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
La hausse des températures entraîne la fonte des glaciers et donc des inondations. Découvrez comment s’organise la vie sous la menace des vidanges brutales de lacs glaciaires dans ce film présentant l’histoire d’habitants de la vallée de la Hunza.
Avec le soutien de techniciens de l’AKAH, des habitants du village de Singal, dans le nord du Pakistan, cassent d’énormes rochers qui ont dévalé la montagne pour construire des murs en gabion.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
L’Agence Aga Khan pour l’habitat (AKAH) a, à ce jour, formé plus de 40 000 volontaires communautaires à l’intervention d’urgence en cas de catastrophe en milieu montagneux. Découvrez l’histoire de trois femmes volontaires au sein d’équipes de recherche et de sauvetage (SART) qui brisent les tabous dans le nord du Pakistan.
Ce système d’alerte précoce des inondations, alimenté à l’énergie solaire et installé à Gharbochung, dans le nord du Pakistan, déclenche une alarme qui donne le signal aux habitants d’évacuer les lieux si la rivière qui traverse le village s’élève au-dessus d’un certain niveau en raison de l’arrivée d’une crue éclair.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Les avancées technologiques pourraient changer l’avenir. Avec l’aide de scientifiques de la NASA et d’autres chercheurs, l’AKAH peut prédire les risques dans les montagnes d’Asie centrale et d’Asie du Sud jusqu’à 30, voire 80 ans à l’avance. Ces prévisions aident les habitants à décider des meilleures mesures d’adaptation : plantation d’arbres pour réduire les risques de glissements de terrain, régénération des terres dégradées, construction de serres pour prolonger la durée des cycles de culture, voire délocalisation complète.
Au Pakistan, près de la moitié de la population rurale n’a pas accès à l’énergie
L’utilisation de combustibles comme le bois accélère la déforestation et la disparition des animaux, des oiseaux et des insectes qui vivent dans les environnements forestiers. Certains optent plutôt pour la combustion de fumier ou de déchets agricoles, mais cette solution contribue à la pollution de l’air et gâche des nutriments qui auraient pu nourrir le sol. Dans ce contexte, les centrales photovoltaïques et hydroélectriques s’imposent comme une alternative propre.
Cette centrale photovoltaïque supplante l’utilisation de générateurs diesel et accroît la disponibilité quotidienne d’électricité, qui passe de 10 à 17 heures en été et de 4 à 9 heures en hiver, pour plus de 11 000 personnes.
AKDN / Akbar Hakim
Le système hydroélectrique de Mogh fournit une électricité fiable en continu à plus d’un millier de foyers à Garam Chashma, dans le district de Chitral, au Pakistan.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Une électricité abordable et fiable permet aux hôpitaux de fonctionner, aux écoliers de faire leurs devoirs le soir et aux entreprises, telles que cette entreprise de soudure et de réparation de pneus, de proposer leurs services.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Dans les régions de montagne reculées, l’accès à la finance est limité. Le programme Accelerate Prosperity (AP) du Réseau Aga Khan de développement (AKDN) soutient des entreprises comme Lokou Trading, qui produit des sacs réutilisables pour lutter contre la pollution plastique dans le Gilgit-Baltistan, et leur propose des prêts à faible taux d’intérêt, un accompagnement et un accès à des réseaux professionnels.
AKDN / Accelerate Prosperity
Extrait de The Sky is Far, The Earth is Tough de Haya Fatima Iqbal
Le Centre médical Aga Khan de Gilgit fait partie des plus de 80 centres et dispensaires mis en place par les Services de santé Aga Khan (AKHS) dans la région. La moitié des patients ont souscrit aux services de microassurance proposés par l’AKRSP, la KfW et l’administration du Gilgit-Baltistan.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Ce campus de haute altitude, situé dans le village de Meragram, fait partie des 150 Écoles Aga Khan (AKS) au Pakistan, qui accueillent collectivement plus de 50 000 élèves.
AKES
Hristo Dikanski, coordinateur de l’action climatique pour l’AKDN
La Journée internationale de la montagne est célébrée le 11 décembre. Cette année, elle est axée sur les façons dont les communautés de montagnes peuvent s’adapter à leurs environnements difficiles, faire face aux changements climatiques, lutter contre la pauvreté et protéger ou restaurer la biodiversité.