C'est en 2004 que le Programme Aga Khan en faveur des villes historiques (AKHCP) a commencé à restaurer la grande mosquée de Mopti, au Mali. Ce projet de restauration comprenait également l'installation d'un système d'assainissement, le pavage de rues, la mise en place d'un système de soins de santé et d'autres mesures dans le quartier voisin de Komoguel. Le Programme a ensuite exporté son travail à Tombouctou, où il a restauré la mosquée Djingareyber, et à Djenné, où il a restauré la grande mosquée.
Un héritage en déclin
Vers 300 EC, des routes de caravanes de chameaux avaient été établies dans toute l'Afrique de l'Ouest, reliant ses villes à l'Europe et au Moyen-Orient. Tombouctou, Gao et Djenné, toutes trois des villes majeures longeant les routes d'Afrique de l'Ouest, sont ainsi devenues des pôles culturels et commerciaux importants. Dans les grandes villes, des écoles et des universités ont été subventionnées, et de grandes bibliothèques construites. Cependant, cet important héritage était en déclin depuis de nombreuses années.
Restauration et embellissement
À partir de 2004, le Trust Aga Khan pour la culture (AKTC) a, dans le cadre d'un partenariat public-privé, commencé à travailler sur la revitalisation des centres de trois villes du Mali. L'AKTC a commencé par la restauration des grandes mosquées de Djenné et de Mopti et de la mosquée Djingareyber à Tombouctou, ainsi que des espaces publics environnants.
La restauration de ces mosquées est devenue la partie la plus visible d'un programme pluridisciplinaire ayant pour but d'améliorer la qualité de vie dans ces villes. Dans le cadre de ce travail, nous avons installé de nouveaux systèmes d'approvisionnement en eau et d'assainissement, pavé des rues, mis en place des programmes d’éducation de la petite enfance, organisé des formations, renforcé l’offre de soins de santé et contribué au développement économique.
Après la restauration de la grande mosquée de Mopti, achevée en 2006, l'AKTC a mis en œuvre un programme de régénération urbaine ayant pour but d'améliorer le niveau de vie des habitants de la zone de Komoguel.
Plusieurs points d'eau publics ont été installés afin d'améliorer l'accès à l'eau potable ; un système d'égouts souterrain a été construit avec des raccordements aux ménages individuels dans la zone ; une station d'épuration des eaux usées brutes a été installée ; 4 000 m² de rues ont été pavés avec des briques fabriquées localement (à partir de sacs en polyéthylène recyclés et de sable) et un système de collecte des déchets solides a été mis en place. Une barrière de protection a été construite afin de faire face aux inondations périodiques.
Un centre d'accueil pour les visiteurs abritant le Centre de l'architecture en terre, un centre communautaire et des toilettes publiques ont également été construits. Durant le processus, 345 personnes ont été formées aux techniques de construction, à la plomberie, à la maçonnerie, à la fabrication de briques, à la menuiserie et à la métallurgie.
Restauration de la mosquée de Mopti, Mali.
AKDN / Christian Richters
La mosquée de Mopti, qui a officiellement été inscrite au patrimoine culturel du pays en 2005, est une imposante structure en terre édifiée dans le style traditionnel soudanais entre 1936 et 1943 sur le site d'une ancienne mosquée datant de 1908.
Les travaux de restauration se sont déroulés en plusieurs phases :
Un système de plomberie et une fontaine ont été installés dans la cour, à destination des fidèles.
L'intérieur de la mosquée a également subi des restaurations importantes. Le sol a complètement été rénové, les travaux de rénovation des escaliers ont permis un accès plus facile à la terrasse, et de nouveaux systèmes de sonorisation, d'éclairage, de ventilation et d'électricité ont été installés. De nouvelles portes en bois vieilli de haute qualité ont aussi été installées.
Ces travaux de restauration ont été entrepris conjointement avec la Direction nationale du patrimoine culturel du Ministère de la culture du Mali, les autorités régionales, la ville de Mopti et le comité de la mosquée. Les autorités locales ont également participé à la sélection de maçons qualifiés ainsi que de jeunes apprentis qui ont été formés aux techniques de construction et de restauration au cours du projet. Ces travaux se sont inscrits, entre autres projets, dans le cadre d'un protocole de coopération signé avec le Ministère de la culture du Mali et relatif à la conservation de l'architecture en terre du pays.
En parallèle, un accord de coopération a permis d'élargir l'initiative afin d'inclure la santé, l'éducation et le développement rural, la société civile et le développement économique. Ces programmes comprennent ainsi l'amélioration de la santé environnementale par l'intermédiaire de systèmes d'approvisionnement en eau et d'assainissement et d'autres mesures dont l'objectif est de réduire l'incidence des maladies hydriques (pour plus d'informations, veuillez consulter la partie « Développement social »).
Un centre d'accueil conçu pour être intégré à l'infrastructure touristique est également en cours de construction.
Restauration de la mosquée Djingareyber, Tombouctou, Mali.
AKDN / Christophe Bouleau
Fin 2006, et dans la continuité des travaux à Mopti, le Trust Aga Khan pour la culture a commencé des travaux de conservation sur la mosquée Djingareyber à Tombouctou. Cette mosquée datant du 14e siècle est la plus vieille construction en terre en Afrique subsaharienne. Officiellement inscrite au patrimoine culturel du Mali, elle a été inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1988.
La mosquée étant constamment soumise aux dégradations causées par un climat rude et aride, nous nous sommes efforcés d'inverser le cycle de détérioration de cet important symbole et de développer les capacités techniques existantes par l'intermédiaire de formations.
Ce projet comprenait :
Grande mosquée de Djenné, Mali.
AKDN / Christian Richters
Djenné, ville fondée par des marchands au 9e siècle (à proximité du site d'une ancienne cité datant de 250 av. J.-C.) est la plus ancienne ville connue d'Afrique subsaharienne. Son centre historique, où plus de 2 000 maisons traditionnelles subsistent encore, a lui aussi été inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.
L’AKTC a commencé à œuvrer à Djenné en 2006, avec une étude préliminaire sur la grande mosquée qui révéla que, malgré le processus d'entretien annuel bien connu qui lui était appliqué, cette dernière menaçait de s'effondrer. Chaque année, toujours plus de « banco », un mélange de terre et de balles de riz, était appliqué sur les murs et sur le toit afin de rendre la structure de la mosquée étanche. Plus de 500 tonnes de banco faisaient ainsi pression sur la toiture et les murs.
Les travaux de conservation de la mosquée par l'AKTC, qui ont commencé à la fin 2008, comprenaient la réhabilitation complète de la toiture, la restauration de la structure murale porteuse en briques en terre et le remplacement intégral des systèmes intérieurs d'éclairage, de ventilation et de sonorisation.
Pour endiguer la détérioration de cet important symbole, l'AKTC a travaillé avec la corporation locale des maçons, appelée « barey-ton », afin de faire revivre les techniques de construction traditionnelles et de développer les capacités techniques par l'intermédiaire de formations.
Comme à Mopti, la deuxième phase du projet a consisté à embellir les espaces publics, installer des systèmes d'approvisionnement en eau et d'assainissement et mettre en place d'autres mesures visant à améliorer la qualité de vie dans la zone. Depuis 2017, les travaux portent sur l'ensemble du système de gestion des déchets solides : mise en place de points de collecte au sein de la communauté, système de transport, construction d'une passerelle piétonne vers une décharge publique au-dessus d'une zone inondée pendant la mousson. Des mesures d’amélioration de la gestion des eaux pluviales et de l'assainissement ont été introduites dans le quartier de Djoboro. La place du marché, adjacente à la grande mosquée, a quant à elle été entièrement repavée.