Bien que le gouvernement tadjik se soit engagé à soutenir le développement des organisations de la société civile (OSC), le pays peine toujours à instaurer un environnement juridique favorable aux organisations non gouvernementales, une situation qui a des répercussions sur la viabilité financière du secteur à but non lucratif. En parallèle, la diminution du nombre de jeunes adultes impliqués au sein de la société civile pourrait compromettre le rôle que les OSC jouent dans l’atteinte des objectifs de la stratégie nationale de développement du Tadjikistan. Il est de ce fait primordial de renforcer les capacités organisationnelles et techniques des OSC afin d’améliorer leur efficacité et leur influence, mais aussi de sensibiliser la population au rôle de la société civile dans le développement et la mise en valeur des principes d’unité nationale, de cohésion sociale et d’engagement civique.
98 000
La Fondation Aga Khan (AKF) soutient les activités de 848 organisations de la société civile, qui travaillent auprès de 98 000 personnes
La Fondation Aga Khan (AKF) a pour objectif de développer des sociétés civiles résilientes, pluralistes, compétentes, durables, légitimes, responsables et attachées à des valeurs importantes. Son expérience en matière de réduction de la pauvreté à l’échelle locale lui a appris que, dans un tel contexte, les structures communautaires de la société civile sont des éléments fondamentaux du développement. Pour ce faire, nous renforçons les capacités d’action collective, favorisons la création de sociétés fondées sur des valeurs, encourageons la transparence et la responsabilité et améliorons les ressources, les services et les actifs des acteurs concernés. Depuis 1993, l’AKF a travaillé auprès de plus de 1 900 organisations villageoises qui encouragent les femmes, les hommes et les jeunes à jouer un rôle actif dans les processus de décision locaux.
L’AKF ne contribue pas seulement à la création d’OSC communautaires, mais les aide également à développer leurs compétences et travaille en partenariat avec elles. Ces organisations représentent plus de 1,4 million de citoyens ruraux dans les secteurs de la gouvernance, de l’éducation, de la santé, de la gestion des situations d’urgence, de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement et de la gestion des ressources naturelles. Nos outils d’évaluation des capacités organisationnelles et de mesure de l’indice de performance organisationnelle aident les OSC à adopter des pratiques de gouvernance inclusives, efficaces, transparentes et responsables dans leurs activités de développement, à instaurer un climat de confiance et à atteindre l’autonomie.
En 2017, nous avons contribué à la mise en place de la toute première Commission parlementaire consacrée au rôle de la société civile dans la réalisation des objectifs définis dans la stratégie nationale de développement du Tadjikistan pour 2015- 2030 et des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies qui s’y rapportent. En 2019, suivant les recommandations formulées par la Commission et dans le but de renforcer la collaboration entre la société civile et le gouvernement, nous avons organisé le cinquième forum national de la société civile. Plus de 40 organisations publiques nationales et des représentants du bureau du Président, du Parlement national, du ministère de la Justice et du Comité des affaires fiscales, des donateurs et des agences intergouvernementales ont participé à l’événement. La résolution conjointe qui a été décidée lors de ce forum a été communiquée au bureau du Président et aux ministères compétents dans le but de créer un environnement favorable au développement de la société civile au Tadjikistan.
Une route près du village de Vrang.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
En 2020, la Fondation Aga Khan et la Commission pour le développement local du Parlement tadjik ont réuni plusieurs acteurs dans le cadre de discussions politiques concernant la loi encadrant les organismes d’initiative publique (PSIB) de la République du Tadjikistan. Des représentants de comités mahalla, d’organisations publiques, des districts et des sous-districts, des administrations municipales et régionales et des membres du Parlement ont participé à cette assemblée. À cette occasion, les participants ont partagé leurs différentes expériences dans la mise en œuvre de la loi encadrant les PSIB au niveau des comités mahalla. Plusieurs enjeux ont été abordés, notamment la cohérence de la loi encadrant les PSIB avec la loi encadrant les associations publiques, l’appropriation des ressources communautaires par les communautés et l’augmentation des responsabilités des comités mahalla. À la suite de cette assemblée, les participants ont présenté plusieurs recommandations visant à améliorer la loi encadrant les PSIB au Parlement tadjik, puis les parlementaires ont à leur tour proposé leurs amendements.
La Fondation Aga Khan encourage tous les segments d’une communauté - femmes, hommes, jeunes et personnes âgées - à jouer un rôle actif dans les processus de décision locaux. Nous organisons des ateliers de planification du développement des villages pour aider les communautés visées à identifier leurs priorités au travers d’un processus participatif impliquant même leurs membres les plus marginalisés.
Nous encourageons un développement social et économique inclusif dans le pays en intégrant les priorités identifiées dans le cadre de processus participatifs de planification du développement des villages aux plans de développement des districts et des régions. Ce travail nous permet ainsi de relier l’offre à la demande en matière de gouvernance et de réorienter les ressources publiques vers les priorités et besoins des communautés. Depuis 2014, cette réorientation des ressources a permis la mise en œuvre de plus de 3 600 projets à petite échelle en partenariat avec la société civile et les autorités locales compétentes.
Cet apiculteur du village de Barchdev est membre d’un groupement d’intérêt commun d’apiculteurs soutenu par l’AKF par l’intermédiaire du programme ESCoMIAD et financé par l’USAID.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Dans l’objectif d’améliorer continuellement nos programmes, nous formons nos employés au principe de conception centrée sur la personne dans le cadre de notre initiative Accelerate Impact (Accélérer l’impact). Le principe de conception centrée sur la personne est une approche novatrice de résolution des problèmes qui favorise la compréhension de divers contextes et permet l’identification de solutions ancrées à l’échelle locale de manière créative par l’élaboration et l’expérimentation d’idées en collaboration avec les communautés locales.
En étroite collaboration avec le gouvernement de la région autonome du Haut-Badakhchan (GBAO), le programme de renforcement de la société civile du Tadjikistan de l’AKF a lancé un forum régional sur la collaboration des institutions de l’administration locale et de la société civile dans la lutte contre les maladies transmissibles telles que la COVID-19. Cette initiative s’est imposée comme une étape importante vers l’amélioration de la coordination des efforts entre le gouvernement et les institutions de la société civile en temps de crise, mais également vers la mise en place d’un mécanisme de coordination pour la mobilisation de bénévoles. Ce forum a mis en lumière l’importance du bénévolat et ouvert la voie à des discussions sur la reproduction des bonnes pratiques dans d’autres régions.