par Princesse Zahra Aga Khan, Kenya · 17 février 2024 · 6 min
AKDN / Akbar Hakim
Bismillah-ir-Rahman-ir-Rahim (Au nom de Dieu clément et miséricordieux).
Monsieur l’invité d’honneur, Ezekiel Machogu, secrétaire de cabinet au ministère de l’Éducation du Kenya,
Messieurs les présidents et les membres des conseils universitaires de l’AKU au Kenya et en Ouganda,
Monsieur le président et les membres du conseil d’administration de l’AKU,
Monsieur le vice-chancelier et président de l’AKU Sulaiman Shahabuddin,
Monsieur le recteur, chers doyens, professeurs, anciens élèves et sympathisants de l’AKU,
Chers parents et membres des familles de nos étudiants
Chers invités et, par-dessus tout,
Chers membres de la promotion 2023,
Bonsoir, hamjambo (bonsoir) et bienvenue à la cérémonie de remise des diplômes 2024 de l’Université Aga Khan (AKU) !
Votre Honneur, Dr Machogu, au nom de notre chancelier, Son Altesse l’Aga Khan, je vous souhaite la bienvenue parmi nous. C’est un réel plaisir de vous accueillir aujourd’hui.
Le chancelier aurait aimé être à nos côtés aujourd’hui, et je suis certaine qu’il suit de près le déroulement de cette journée. Je m’adresserai donc à vous en son nom et au nom du conseil d’administration.
Je suis toujours très heureuse de venir au Kenya. À chaque fois, je suis frappée par la vitesse à laquelle le pays se développe et saisit de nouvelles occasions. Le Réseau Aga Khan de développement (AKDN) se réjouit de pouvoir continuer à contribuer aux progrès et à la prospérité du Kenya et de ses voisins. En effet, l’AKU et l’AKDN poursuivent leurs investissements dans les secteurs de la santé et de l’éducation en Afrique de l’Est. Il convient de noter que nous ne pourrions le faire sans l’appui des gouvernements du Kenya, de l’Ouganda et de la Tanzanie et de la Communauté de l’Afrique de l’Est, qui créent un environnement favorable à notre travail.
À tous nos futurs diplômés, ici à Nairobi, mais aussi à Dar es Salaam, Kampala, Karachi et au Royaume-Uni, je tiens à vous dire : bravo ! Hongera, mubarak [« félicitations » en swahili et en arabe] et félicitations. Le chemin était escarpé, mais la vue depuis le sommet confirme que l’ascension en valait la peine. Maintenant que vous avez obtenu votre diplôme, vous vous apprêtez à faire votre retour dans un monde pavé des défis colossaux, mais également d’innombrables possibilités. Continuez à faire preuve de courage et d’optimisme pour saisir toutes les chances que vous aurez d’agir en faveur de vos communautés et de contribuer à la construction d’un monde plus pluraliste et pacifique.
Depuis que je suis petite, mon père me dit qu’il était une erreur que de nombreuses organisations internationales se concentrent, dans les années 1960-1970, presque exclusivement sur l’enseignement primaire et en viennent même à couper les financements de l’enseignement supérieur dans de nombreux pays. J’imagine que nous partageons tous la conviction de notre chancelier selon laquelle l’enseignement supérieur est essentiel à n’importe quel pays, car il permet la formation de dirigeants efficaces qui piloteront des économies prospères, soutiendront le développement social et favoriseront la création de sociétés civiles fortes. Lorsque je regarde à quelle vitesse le monde évolue à l’heure actuelle, une évolution d’autant plus rapide avec l’avènement de l’intelligence artificielle et du monde numérique, l’enseignement supérieur et la production de nouvelles connaissances me paraissent être les conditions sine qua non à l’enseignement de nouveaux modes de pensée, au développement de l’esprit critique et à l’adaptation aux changements toujours plus rapides.
C’est pourquoi il y a 40 ans, fermement convaincu que l’enseignement supérieur était un élément essentiel à toute société saine et prospère, Son Altesse l’Aga Khan a fondé l’Université Aga Khan. Depuis lors, il n’a eu de cesse de travailler à son développement, en s’engageant sans compromis à toujours appliquer les valeurs fondatrices de l’institution : impact, qualité, pertinence et accès. En 1983, lors de son discours prononcé à l’occasion de l’inauguration de l’AKU, le chancelier a prononcé ces mots : « L’objectif global de l’Université Aga Khan sera d’émettre un jugement clair et rationnel vis-à-vis des besoins prévisibles des pays en développement en matière de nouveaux programmes éducatifs et, après avoir identifié les différentes ouvertures possibles, d’y répondre par les moyens appropriés sur la base des normes les plus élevées qui soient, que ce soit dans l’enseignement, la recherche ou l’offre de services. »
Lors de la création de l’AKU, le chancelier souhaitait mettre l’accent sur le secteur de la santé, notamment la médecine et les soins infirmiers, et sur le développement de l’éducation. Ces disciplines constituent les piliers de toute société saine. À l’époque, il s’agissait des domaines qui nécessitaient le plus d’attention si nous souhaitions assurer la croissance durable des pays dans lesquels nous travaillions, et dans lesquels nous travaillons toujours. Une fois que nous avons réussi à mettre en œuvre des normes internationales et démontré un impact notable dans ces secteurs, le chancelier nous a encouragés à élargir notre champ à d’autres disciplines importantes pour ces nations et la communauté internationale, mais également à développer notre empreinte et donc l’accès à l’éducation par la construction de nouveaux campus.
Aujourd’hui, nous pouvons dire que 2023 a été une année exceptionnelle au cours de laquelle la croissance de l’AKU s’est manifestée à travers de nombreuses initiatives. Nous avons lancé une formation médicale de premier cycle à Nairobi et une formation en soins infirmiers de premier cycle à Nairobi et Dar es Salaam en vue de former les dirigeants des services de santé dont l’Afrique de l’Est a besoin.
À Kampala, ville où nous avons déjà un programme à succès de formation en soins infirmiers, nous avons lancé la construction de notre nouveau campus de plus de 24 hectares, qui comprend un centre académique urbain et une résidence étudiante et qui inclura prochainement le nouveau Centre hospitalier universitaire Aga Khan (AKUH). Nous ne pouvons qu’exprimer tous nos remerciements au gouvernement ougandais, qui nous a apporté un soutien important dans le cadre de ce projet, notamment par la mise à disposition du terrain nécessaire.
Ici, à Nairobi, le Centre hospitalier universitaire Aga Khan a mis en place un système de dossiers médicaux électroniques, le premier du genre en Afrique de l’Est. Nous le répliquons actuellement dans l’ensemble de notre système de santé, ce qui nous ouvre de nouvelles portes pour la création d’un véritable système de santé intégré. Il nous permettra notamment d’améliorer les soins aux patients et d’accélérer les projets de recherche qui amélioreront les résultats en matière de santé dans toute la région et à travers les continents où nous sommes implantés.
Le changement climatique et la dégradation de l’environnement constituent une menace colossale pour l’Afrique de l’Est et notre monde. C’est pourquoi, en Tanzanie, nous avons ouvert les portes du Centre de recherche sur le climat et l’environnement d’Arusha, un laboratoire vivant pour les chercheurs des différents campus nationaux de l’AKU.
À Karachi, notre nouvelle faculté des arts et des sciences a accueilli sa première promotion. Les étudiants de cette nouvelle entité étudieront les sociétés d’Asie et du Moyen-Orient, les enjeux du développement socio-économique, les fondations cellulaires de la vie et la science du réchauffement climatique. Quelle que soit la profession qu’ils choisiront, les diplômés de la faculté des arts et des sciences seront prêts à rivaliser et à collaborer avec les plus grands noms de ce monde.
De son côté, notre Institut pour l’étude des civilisations musulmanes (AKU-ISMC) de Londres est peut-être de taille modeste, mais ses horizons sont vastes, et il a reçu l’année dernière le statut prestigieux d’organisation de recherche indépendante.
En Afghanistan, où les conditions restent difficiles, l’Université Aga Khan n’a malgré tout pas failli à son engagement de fournir des soins de santé et une formation médicale de qualité par l’intermédiaire de l’Institut médical français pour la Mère et l’Enfant (IMFE). Nous sommes reconnaissants envers l’ensemble du corps enseignant et du personnel de l’IMFE pour son dévouement sans faille.
Nous espérons que ces nouveaux programmes et équipements et ceux déjà en service feront de l’AKU une plateforme toujours plus performante pour la formation de leaders, la création de connaissances pertinentes et l’offre de programmes éducatifs et de santé d’envergure internationale.
L’AKU de demain aura un champ disciplinaire plus large, une plus vaste empreinte géographique et tout un éventail de nouvelles capacités. Si elle jouit déjà d’une excellente position pour les décennies à venir, c’est grâce à l’extraordinaire générosité et à la fidélité de tous ceux qui ont consacré leurs ressources, leur temps et leurs connaissances à la concrétisation de sa mission. Nous sommes tous extrêmement reconnaissants envers la communauté internationale de l’AKU.
Chers futurs diplômés, votre capacité à améliorer la qualité de vie de nouvelles personnes à travers le monde n’a jamais été aussi grande. Il existe aujourd’hui de nouveaux outils, de nouvelles techniques et de nouvelles technologies qui n’étaient encore que du domaine du rêve il y a quelques années. En parallèle, les perspectives de collaboration au-delà des frontières et des langues n’ont jamais été aussi nombreuses qu’à l’heure actuelle.
Je vous invite donc tous à exploiter les perspectives qui s’offriront à vous et à tirer parti des connaissances et de la sagesse que vous avez acquises à l’Université Aga Khan. Faites preuve d’audace, d’aventure et de curiosité et mettez les voiles vers de nouveaux projets exaltants. Si l’un de ces projets vous paraît colossal, tant mieux, car tout succès s’accompagne de revers. Mais lorsque vous repenserez à tout ce que vous aurez traversé, vous éprouverez la satisfaction de ceux qui ne perdent pas espoir, qui luttent contre vents et marées et qui restent fidèles à leurs engagements et à leurs idéaux.
Merci.