Dans les économies des pays en développement, les petites et moyennes entreprises (PME) sont souvent considérées comme le « chaînon manquant ». L’activité des PME est au cœur de la croissance, soutient les emplois existants et en crée de nouveaux et contribue au développement et au soutien de la production locale.
C’est d’autant plus important que tout le monde ne veut pas être patron de sa propre entreprise. De plus, la création d’emplois dans les PME peut permettre à de nombreuses personnes défavorisées de se sentir plus en sécurité en sachant qu’elles ont un emploi stable où se rendre tous les jours.
Le rôle des institutions de l’Agence Aga Khan pour la microfinance (AKAM) dans le financement des PME s’intègre dans la stratégie plus large du Réseau Aga Khan de développement (AKDN) pour le développement économique des pays dans lesquels nous sommes implantés. Le financement des PME est conçu pour contribuer à l’offre permanente de services financiers, des groupes informels d’épargne et de prêt communautaires, en passant par le microcrédit formel et les prêts aux PME, jusqu’au financement commercial.
Bien souvent, les clients qui ont recours à la microfinance cherchent à développer leurs entreprises, et délaissent donc ce service, alors qu’ils auraient l’option de devenir des PME clientes pour pouvoir se développer. Le financement des PME devrait soutenir une plus grande capacité de production locale et de création d’emplois, et aussi encourager la protection de l’environnement.
Malgré leur importance pour la croissance économique et l’emploi, beaucoup de PME éprouvent de grandes difficultés à accéder aux services financiers, et notamment lorsqu’elles doivent trouver des prêts adaptés à leurs besoins. Les institutions de microfinance limitent généralement le montant des prêts qu’elles autorisent et ont des conditions de remboursement rigides qui ne sont pas adaptées aux activités commerciales des PME (par exemple l’absence de délai de grâce pour les investissements en immobilisations et pour les prêts à court terme de moins de 12 mois). Cependant, de nombreuses PME sont encore trop petites ou n’ont pas suffisamment de garanties ou d’antécédents de crédit pour pouvoir contracter des prêts auprès de banques traditionnelles dans les pays en développement. Ainsi, elles sont coincées entre l’offre croissante de financement pour les micro entrepreneurs et le marché du financement conventionnel pour les entreprises.
Le financement dont ont besoin ces entreprises est généralement plus important que le prêt de microfinance classique. Toutefois, elles présentent un profil d’emprunteur plus risqué que dans le cadre de prêts de microfinance classiques. Elles nécessitent ainsi une évaluation financière plus spécialisée et plus longue pour déterminer la capacité de remboursement et minimiser les risques de manquement en cas de difficultés commerciales. Les PME se tournent donc vers les structures où les prêts de microfinance ne font pas partie de l’offre, comblant ainsi ce fossé entre la microfinance et les banques traditionnelles. Les PME peuvent revêtir la forme d’une entreprise individuelle, d’une entreprise familiale, d’un partenariat ou d’une société constituée.
L’une des raisons du succès de la Première Banque de Microfinance, Afghanistan (FMFB-A) auprès des PME est le grand nombre de clients ayant recours aux services de microfinance. En effet, alors que leurs entreprises sont en pleine croissance grâce aux services de microfinance proposés par la banque, ils s'imposent comme des entrepreneurs aguerris au fur et à mesure qu’ils contractent des prêts pour PME. Ces conditions ont réduit le risque global associé à l’octroi de prêts dans une fourchette monétaire plus élevée. Actuellement, environ 60 % des PME clientes en Afghanistan sont d’anciens clients en microfinance.
Les services destinés aux PME permettent également de développer une relation durable avec la clientèle. La relation entre le gestionnaire de prêt d’une PME et le client repose sur le professionnalisme et la confiance mutuelle. À terme, l’institution financière espère croître aux côtés de ses clients.
La FMFB-A a lancé ses services destinés aux PME en 2005. Aujourd’hui, les prêts aux PME sont proposés aux clients de 18 agences à travers le pays. L’encours actuel du portefeuille est de 390 PME emprunteuses actives, avec un portefeuille de 15,2 millions de dollars. Ces PME emprunteuses soutiennent plus de 10 820 emplois à temps plein et à temps partiel.
Les enseignements tirés de l’expérience de la FMFB-A sont appliqués aux autres filiales de l’AKAM au fur et à mesure qu’elles se développent. À ce jour, les filiales de l’AKAM au Tadjikistan et à Madagascar proposent un financement aux PME et, ensemble, offrent leurs services à environ 1 780 PME à travers les deux pays.