Au sein de l’Agence Aga Khan pour l’habitat (AKAH), notre objectif est de permettre aux communautés auprès desquelles nous travaillons d’accéder à des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement durables, adaptés et transparents. Nous visons à ce que tous les foyers de ces communautés disposent d’un robinet en intérieur ou en extérieur afin qu’ils puissent accéder toute l’année à une eau courante conforme aux normes de qualité de l’OMS, mais également d’installations sanitaires privées dans lesquelles les déchets peuvent être traités et éliminés en toute sécurité. À ce jour, nous avons mis en œuvre plus de 1 000 projets infrastructurels pour construire des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement pour plus de 600 000 personnes.
Face à la pandémie de COVID-19, la problématique de l’eau potable, de l’assainissement et de l’hygiène (WASH) est plus importante que jamais. Dans ce contexte, il est essentiel d’ancrer des systèmes et des pratiques WASH efficaces au sein des communautés, dans les domiciles et dans les espaces publics afin de prévenir la propagation des maladies et de renforcer la résilience des populations face aux futures épidémies ou pandémies. Les autorités sanitaires considèrent qu'un lavage des mains fréquent et un bon assainissement des surfaces régulièrement touchées sont deux des mesures les plus importantes pour prévenir les infections. Toutefois, pour qu’elles puissent les mettre en œuvre, les communautés doivent avoir accès à des infrastructures WASH de qualité. L’élimination et la bonne gestion des eaux usées sont également essentielles pour prévenir la propagation des virus.
La pandémie entraîne des risques supplémentaires et peut avoir des répercussions négatives sur les systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement existants. En effet, l’accroissement de la demande de services d’approvisionnement en eau et d’assainissement, causé par la mise en place de mesures de prévention, exerce une pression encore plus forte sur les infrastructures existantes et des ressources déjà limitées. Dans un tel contexte, nous redoublons d’efforts pour déployer des infrastructures WASH dans les foyers, les écoles et les hôpitaux des communautés auprès desquelles nous travaillons.
Dans de nombreuses régions où nous intervenons, les infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement sont fragilisées par les catastrophes naturelles, les conditions climatiques extrêmes, la pression démographique et, dans certains cas, des conflits prolongés. Beaucoup de ces localités font également face à une pénurie d’eau, car les ressources hydriques souterraines sont épuisées ou soumises à de très fortes pressions en raison du changement climatique, d'une mauvaise gestion ou de la croissance démographique. L’AKAH adopte ainsi une approche intégrée afin de pallier les problèmes d’accès, d’approvisionnement et de qualité de l’eau, de comportement vis-à-vis de la consommation et de sécurité hydrique sur le long terme.
Au Pakistan, une élève présente le travail de son groupe sur les protocoles d’hygiène à suivre dans son école au cours d’une session de formation sur les principes WASH organisée par l’AKAH.
AKAH
Dans le cadre de notre Programme d’approvisionnement en eau et d’assainissement (WASEP), nous nous efforçons de construire des infrastructures WASH résilientes et gérées par les communautés. Lancé en 1997 afin d’améliorer l’approvisionnement en eau dans les zones rurales du nord du Pakistan, nous avons étendu ce modèle aux milieux urbains et ruraux des pays dans lesquels nous travaillons, notamment en Afghanistan avec le soutien de la Fondation pour le Programme d’intégration régionale Pakistan-Afghanistan-Tadjikistan (PATRIP) et au Tadjikistan avec le soutien de la Direction du développement et de la coopération de Suisse (DDC) et de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).
Le WASEP met en place des infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement au sein des communautés locales et contribue à prévenir les maladies hydriques en encourageant l’adoption de meilleures pratiques d’hygiène et d’assainissement. Nos experts techniques et nos ingénieurs qui conçoivent les systèmes sont spécialisés dans la mise en place de solutions permettant d’ouvrir un accès fiable aux services WASH dans les zones de montagne reculées où les hivers sont rigoureux. Pour ce faire, nous fournissons des matériaux indisponibles à l’échelle locale, impliquons une main-d’œuvre qualifiée et organisons des formations et des sessions de sensibilisation à la santé et à l’hygiène.
La participation des communautés auprès desquelles nous travaillons est un élément central de notre approche. En effet, nous impliquons les bénéficiaires de ces projets dans toutes les étapes, de la conception à la gestion et à l’entretien des systèmes. Plus de 850 comités communautaires d’exploitation et d’entretien des systèmes gèrent ces infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement, tandis que les résidents participent aux frais de construction et paient une redevance afin d’en assurer le bon fonctionnement.
En Inde, l’AKAH est un partenaire clé du gouvernement du Gujarat et sensibilise la population à la gestion communautaire de l’eau. Dans le Maharashtra, l’Agence prend part à la « Jal Jeevan Mission » du gouvernement national, dont le but est d’installer un robinet dans chaque foyer du pays.
Dans le Gujarat, en Inde, les villageois apprennent à bien se laver les mains pour prévenir les maladies.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
En Inde, l’AKAH met en œuvre depuis 1995 un programme global d’amélioration de la santé environnementale. Principalement orienté sur les questions d’approvisionnement en eau et d’assainissement, ce programme travaille souvent avec des initiatives gouvernementales, comme la Swachh Bharat Abhiyan (Clean India Mission - Mission pour une Inde propre). Nous travaillons en particulier avec les communautés afin de construire et d’améliorer des infrastructures sanitaires et de promouvoir les meilleures pratiques d’hygiène au sein des foyers.
L’AKAH s’efforce de concevoir des systèmes adaptés et d’apporter une assistance technique sur site afin de garantir la durabilité des structures et de l’usage qui en est fait. En outre, l’Agence sensibilise les populations visées à la conservation de l’eau, organise des campagnes afin de les inciter à modifier leur comportement vis-à-vis de leurs pratiques d’hygiène et améliore la gestion des déchets. À ce jour, déjà plus de 60 000 systèmes d’assainissement ont été construits.
L’assainissement en milieu scolaire est un autre secteur d'intervention clé de l’Agence. À l’heure actuelle, plus d’un million de personnes bénéficient de ses programmes d’hygiène scolaire et communautaire en Inde.
Forts de cette expérience, nous étendons nos programmes d’assainissement en milieu communautaire à tous les pays dans lesquels nous travaillons et intégrons des initiatives de gestion des déchets solides afin d’encourager le tri, le recyclage et la réutilisation auprès des résidents. Nous avons notamment constitué un répertoire de solutions techniques pour l’assainissement en milieu rural et urbain afin de généraliser l’adoption de nouvelles technologies et des systèmes décentralisés les plus efficaces en Inde et ailleurs.
Des enfants utilisent une station d’eau potable construite dans leur école par l’AKAH Pakistan avec le soutien de l’Union européenne.
AKAH
Afin de garantir la sécurité hydrique sur le long terme, l’AKAH travaille avec les communautés pour cartographier et modéliser les ressources en eau, introduire des mesures de conservation et de rechargement des nappes et renforcer la gestion de l’eau. Nous mettons en place des solutions basées sur les capacités de la nature, par exemple, en plantant des arbres afin d’assurer la conservation de l’eau et le traitement des eaux usées dans le but de renforcer la résilience des communautés concernées et de lutter contre le changement climatique.
En Syrie, dans le cadre de notre programme d’aide humanitaire, nous collaborons avec les communautés et les aidons à organiser et gérer des initiatives de plantation d’arbres en vue de prévenir la désertification, d’améliorer la rétention d’eau dans les nappes phréatiques et d’atténuer le changement climatique.
Au Pakistan et en Inde, dans le cadre de nos programmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement, nous utilisons la plantation d’arbres comme mesure de bio-filtrage des eaux usées afin de renforcer les micro-écosystèmes et de faciliter le recyclage des eaux usées dans les systèmes de drainage des villages et communautés.
Dans le nord du Pakistan, l’AKAH construit et modernise des systèmes d’approvisionnement en eau capables de résister aux conditions climatiques extrêmes et aux catastrophes naturelles dans des villages et des villes de montagne.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Pour faciliter la conservation et améliorer la gestion des ressources en eau, il est essentiel d’accéder à des informations pertinentes. En effet, les communautés ne peuvent pas préserver et gérer ce qu’elles sont incapables d’estimer, de mesurer ou de visualiser elles-mêmes.
L’AKAH conçoit ainsi des initiatives novatrices afin de collecter et d’améliorer l’accès à des données sur les eaux de surface et les eaux souterraines (qualité, disponibilité, vitesse de rechargement, prévisions futures, scénarios probables, etc.) et de fournir des informations exploitables aux communautés pour qu’elles puissent prendre des décisions éclairées pour mieux gérer leurs ressources.
En Inde, l’Agence développe actuellement une application numérique inédite dont le but sera de créer une base de données en temps réel sur les eaux de surface et les eaux souterraines. Pour ce faire, l’application compilera des données provenant de plusieurs sources, notamment d’enquêtes directes menées sur le terrain, de données soumises par les membres de la communauté via l’application elle-même et de l’analyse de scénarios probables. Notre objectif est de permettre aux usagers d’accéder à des données pertinentes afin de les sensibiliser et de les encourager à prendre part aux efforts de contrôle, de gestion et de conservation de ressources en eau limitées. Nous mettons l’outil à l’essai dans 65 villages de quatre districts du Maharashtra et du Gujarat qui cumulent plus de 200 000 personnes.
Dans le Gujarat, le Maharashtra et l’Andhra Pradesh, l’AKAH aide les communautés à réaliser des exercices de budgétisation de l’utilisation de l’eau afin de les sensibiliser aux bonnes pratiques de gestion et d’utilisation de l’eau. L’Agence réalise également des études géo-hydrologiques et analyse les plaines inondables afin de les aider à retracer le schéma du mouvement de l’eau depuis le bassin versant jusqu’au site d’exploitation.
En Syrie, dans le cadre de nos activités humanitaires à long terme, nous menons une étude intégrée sur la gestion des ressources en eau. Nous développons à cet effet un système de modélisation des eaux souterraines pour le bassin hydrographique de Salamyeh afin d’évaluer les ressources en eau et les systèmes aquifères, d’élaborer des scénarios probables et d’appuyer des stratégies de gestion durable de l’eau pour faire face aux pénuries et recharger les ressources en eau.
L’AKAH travaille auprès de communautés pour mettre en place des mesures de conservation et de rechargement des ressources en eau. L'objectif est d’améliorer la sécurité hydrique des populations concernées sur le long terme. Nous organisons ainsi des sessions de sensibilisation au sein des écoles et des communautés afin d’encourager les résidents à modifier leur comportement pour favoriser la conservation de l’eau. Nous collaborons également avec diverses communautés afin de construire des structures de collecte des eaux de pluie et des bassins de recharge.
En Syrie, dans le cadre de nos activités humanitaires, nous mettons en place des systèmes de collecte des eaux de pluie dans chaque foyer. En Inde, en plus de favoriser la mise en place de solutions de collecte des eaux de pluie au niveau des ménages, des écoles et des communautés dans les zones rurales et urbaines, nous mettons en œuvre des projets structurels et des solutions respectueuses de l’environnement, comme la construction de digues souterraines. De telles structures facilitent le rechargement des eaux souterraines et retiennent davantage les eaux de surface dans le sol, ce qui améliore sa qualité.
L’avantage de ces systèmes est qu’ils ne nécessitent que très peu d’entretien et améliorent durablement la sécurité hydrique, car ils favorisent le rechargement naturel des nappes phréatiques.