Le parc Al-Azhar, offert à la ville du Caire par Son Altesse l’Aga Khan, a ouvert la voie à une initiative de réhabilitation du milieu urbain dans le quartier voisin d’al-Darb al-Ahmar.
Le parc Al-Azhar, Le Caire, Égypte. La création du parc Al-Azhar, d’une superficie de 30 hectares, dans ce quartier historique du Caire par le Trust Aga Khan pour la culture a ouvert la voie à une initiative de réhabilitation du milieu dans l’une des villes les plus congestionnées du monde. Avec 1,5 millions de visiteurs par an, le parc Al-Azhar, d’une valeur de 30 millions de dollars (don de Son Altesse l’Aga Khan à la ville du Caire), engendre un capital suffisant pour son propre entretien grâce aux recettes des entrées et des restaurants, mais constitue aussi un puissant catalyseur de la réhabilitation du milieu urbain dans le district adjacent d’al-Darb al-Ahmar.
AKDN / Christian Richters
Avec 1,5 millions de visiteurs par an, le parc Al-Azhar, d’une valeur de 30 millions de dollars (don de Son Altesse l’Aga Khan à la ville du Caire), engendre un capital suffisant pour son propre entretien grâce aux recettes des entrées et des restaurants, mais constitue aussi un puissant catalyseur de la réhabilitation du milieu urbain dans le district adjacent d’al-Darb al-Ahmar.
Le Trust Aga Khan pour la culture (AKTC) a commencé à travailler en Égypte en 1984, année lors de laquelle la décision de faire don d’un parc aux citoyens du Caire a été prise. Les responsables de ce projet ont peu après retenu un site de 30 hectares, utilisé comme décharge à ciel ouvert depuis des siècles, en raison de son potentiel à former un « poumon vert » au centre de la vieille ville. Après une vaste opération de déblaiement et la création de pépinières spécialisées destinées à faciliter l’identification des végétaux et des arbres les mieux adaptés à la nature du sol, à la topographie et au climat du site, l’ancienne décharge s’est muée en un espace vert florissant.
Le Caire est l’une des villes les plus denses du monde. La surface disponible d’espace vert par personne y est l’une des plus faibles de la planète. Situé sur un terrain vallonné, le parc Al-Azhar, très apprécié des visiteurs, propose des points de vue surélevés dominant la ville et un spectaculaire panorama à 360 degrés sur le paysage urbain voisin. Des jardins et des pavillons conçus dans la tradition islamique classique et entourés de vergers plantés selon des motifs géométriques viennent embellir le point d’arrivée au bord d’un lac. Des aires de jeux en font un espace convivial et adapté aux familles.
Le parc a pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2032. Des panneaux solaires, des pompes à eau écoénergétiques et d’autres dispositifs ont déjà été mis en place à cet égard.
Vue du mur historique et du quartier d’al-Darb al-Ahmar depuis le parc.
AKTC / Anthony Wain
Lors des travaux de nivellement réalisés sur le site du futur parc, la majeure partie de ce qu’il restait du mur ayyoubide (un pan de 1 500 mètres de fortifications lancées en construction à partir de 1176 par Saladin) a émergé après avoir passé plusieurs siècles sous les débris.
De 2000 à 2008, des travaux de conservation ont été réalisés sur la structure. Au début de ce programme, des interventions pilotes ont été menées sur des sections limitées du mur. Ces premiers travaux ont été progressivement étendus à de plus grandes parties du monument. Nous avons appliqué des normes de conservation internationales et avons privilégié l’adoption de pratiques de préservation ou de réparation adaptée au tissu d’origine de la structure au lieu de la reconstruire.
La façade extérieure du mur est maintenant visible de tous. Des politiques de planification et de conception ont été élaborées pour l’aménagement de la zone résidentielle jouxtant le mur, de points d’accès et d’une promenade piétonne le long de la bordure ouest du parc.
Afin de renforcer les capacités des résidents de la zone, le projet a servi de programme de formation pour le développement des compétences de professionnels et d’artisans locaux. Ces derniers ont par exemple eu l’occasion de suivre des programmes d’apprentissage dans la taille de la pierre.
En savoir plus sur le mur ayyoubide
Le Programme en faveur des villes historiques a pour but d’améliorer le niveau de vie des résidents de ce quartier adjacent au parc Al-Azhar, par exemple par la mise en place de cours d’informatique.
AKTC / Tara Todras-Whitehall
Dans le quartier adjacent d’al-Darb al-Ahmar, une zone historiquement riche, mais relativement précaire, nous avons mené de nombreuses activités en vue de réhabiliter le milieu urbain, dont la rénovation de monuments clés et la mise en œuvre d’un vaste programme de développement social intégrant formation professionnelle, réhabilitation de logements, amélioration des rues et des espaces ouverts, mise en œuvre de programmes de microcrédit et construction d’infrastructures de santé.
Nous avons également renforcé les offres de formation et d’emploi dans plusieurs secteurs pertinents pour les résidents (fabrication de meubles et production d’articles touristiques) et mis en place des programmes d’apprentissage en électronique automobile, en informatique, en maçonnerie et en bureautique. Les prêts débloqués dans le cadre du programme de microcrédit ont permis aux résidents d’ouvrir de petits commerces comme des ateliers de menuiserie.
Un programme de crédit immobilier a également été mis en place pour aider les propriétaires à réhabiliter leurs maisons. Le programme de réhabilitation des logements du quartier a été sélectionné par ONU-HABITAT comme « meilleure pratique » en 2008 pour l’amélioration du cadre de vie.
Un centre de santé et un centre communautaire d’alphabétisation ont été construits dans la zone, et des programmes spécifiques d’éducation de la petite enfance, d’alphabétisation, d’éducation des adultes et de lutte contre la violence faite aux femmes ont été mis en place.
Enfin, des centaines de jeunes femmes et hommes issus du quartier ont également trouvé du travail dans le parc, notamment pour l’entretien des espaces verts, et dans des projets de groupe pour la restauration du mur historique.
Un atelier de menuiserie dans le quartier d’al-Darb al-Ahmar, Le Caire.
AKTC / Gary Otte
Mosquée de Oum al-Sultan Chaaban, Le Caire.
AKTC / Adrien Buchet
Plusieurs sites et monuments importants ont également été restaurés à al-Darb al-Ahmar, dont neuf structures historiques. Parmi ces monuments se trouvent la mosquée de Oum al-Sultan Chaaban (14e siècle), le complexe de Khayrbek (qui intègre un palais du 13e siècle, une mosquée et une demeure ottomane), le complexe de Tarabay al-Sherif, la mosquée d’Aslam al-Silahdar et l’école Darb Shouglan, désormais utilisée comme une école des arts de la scène par le Programme Aga Khan pour la musique (AKMP). Nous restaurons actuellement la mosquée al-Maridani, un édifice qui date du 14e siècle.
Pour chacun de ces projets, plusieurs activités ont été menées : documentation des monuments, études d’état, stabilisation structurelle et conservation et restauration des éléments architecturaux et des œuvres d’art. Des fouilles archéologiques et des travaux d’aménagement paysager, le cas échéant, ainsi que l’installation de systèmes d’éclairage et de sonorisation et la conception et la construction de nouvelles zones d’ablutions ont été menés en parallèle. Des artisans et spécialistes de la restauration ont été formés au cours du processus. Les mosquées restaurées ont été rouvertes aux membres des communautés locales.
Des touristes empruntent une navette pour une visite guidée.
AKDN
Les initiatives de restauration menées dans le cadre du projet de réhabilitation du milieu urbain d’al‑Darb al‑Ahmar sont désormais terminées.
Avec l’aide d’un financement de l’Union européenne débloqué depuis 2018, un itinéraire touristique unique a été mis en place dans la zone pour faire le lien entre 12 des monuments restaurés. Cet itinéraire permet aux visiteurs de découvrir les riches bâtiments historiques (mosquées, madrasas, mausolées) et marchés artisanaux.
Les visiteurs sont menés par un guide professionnel dans des navettes électriques le long d’un parcours de deux kilomètres. Ils peuvent également entrer dans les espaces historiques, dont certains ont été totalement réintégrés à la vie quotidienne des communautés locales, comme les mosquées, et dont d’autres ne sont normalement pas accessibles au public.
Géré par la filiale locale de l’AKTC, le Service culturel Aga Khan, Égypte (AKCS, E), l’itinéraire devrait accueillir plus de 3 000 visiteurs en 2023. L’augmentation du tourisme devrait avoir un impact sur des milliers de familles et d’artisans de la zone.
Le projet intégrait également la formation et le renforcement des capacités des entreprises locales en matière de gestion du tourisme et des initiatives de valorisation des petites entreprises et de réduction de la pollution dans le quartier d’al-Darb al-Ahmar. Il intégrait également la formation de professionnels locaux en anglais (avec une spécialisation dans le domaine touristique), la modernisation des façades des échoppes bordant l’itinéraire et la phase finale de la restauration de la mosquée al-Maridani.
L’itinéraire touristique a été inauguré en février 2023 par le Dr Mostafa Waziri, secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, qui avait déclaré pour l’occasion : « Cet itinéraire a été aménagé pour faciliter l’accès au patrimoine culturel islamique du Caire, mais aussi pour le préserver. Le but est de développer le secteur du tourisme qui, dans cette zone, est un acteur majeur du développement socio-économique. »
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