Tajikistan · 9 décembre 2021 · 3 min
Khorog, Tadjikistan, le 10 décembre 2021 – À l’occasion d’un événement international organisé en ligne par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans le cadre des célébrations de la Journée internationale de la montagne, Dilshodbegim Khisravova, membre d’une équipe communautaire d’intervention d’urgence (CERT) de l’Agence Aga Khan pour l’habitat (AKAH) dans la région autonome du Haut-Badakhchan (GBAO), au Tadjikistan, a été nommée première jeune ambassadrice de bonne volonté du Partenariat de la montagne.
Native du massif du Pamir, la jeune femme de 21 ans œuvre auprès des communautés de montagne depuis son plus jeune âge. L’année dernière, elle a été nommée cheffe d’une équipe communautaire d’intervention d’urgence locale active dans le GBAO, dont les membres sont tous volontaires. Elle s’intéresse particulièrement à la protection des montagnes et de leurs habitants et encourage les femmes à s’exprimer et à occuper des postes dirigeants. Nous avons échangé avec elle à propos de son travail, de son nouveau rôle d’ambassadrice de bonne volonté et du message qu’elle souhaite faire passer aux autres jeunes.
Qu’est-ce que les montagnes signifient pour vous ? Pourquoi est-il important de les protéger ?
Je suis née et j’ai grandi à Khorog, une ville entourée par les montagnes du Pamir. Lorsqu’on vit dans ce massif, on respire un air d’une pureté inégalée, on mange les fruits les plus sucrés que l’on puisse trouver et on pose tous les jours les yeux sur une nature d’une beauté unique. Malgré tout, les conditions climatiques actuelles y sont très difficiles et menacent d’aggraver l’intensité des catastrophes naturelles et anthropiques qui pèsent sur les communautés locales. Ici, lorsqu’une catastrophe se produit, les villages touchés sont très souvent coupés des voies de circulation pendant une longue période. Les habitants ne peuvent alors compter que sur eux-mêmes et les communautés voisines. C’est pourquoi nous devons prendre soin de la nature et des montagnes, qui sont des environnements très importants.
En tant que volontaires au sein d’une CERT, nous pouvons aider notre communauté à mieux faire face aux impacts des catastrophes et autres situations d’urgence. Je remercie l’AKAH et le gouvernement d’avoir pris des mesures inédites pour nous former et nous fournir les ressources nécessaires pour effectuer ce travail.
Qu’est-ce qui vous a poussée à devenir volontaire auprès de l’AKAH ?
Un jour, alors que j’étais encore écolière, j’ai croisé un groupe de personnes portant le gilet des équipes communautaires d’intervention d’urgence en train d’aider la communauté locale à nettoyer les rues, entre autres choses. J’ai remarqué qu’il n’y avait aucune fille parmi eux. Déjà à cette époque, je ne trouvais pas cela normal, et je voulais personnellement montrer que je pouvais être aussi courageuse que les garçons. C’est pourquoi j’ai rejoint l’AKAH en premier lieu. J’ai par la suite été nommée cheffe d’un groupe, puis du district, puis de l’intégralité de la CERT locale.
La notion d’équilibre des genres ne devrait plus être remise en question de nos jours. Voilà donc la raison pour laquelle j’ai rejoint cette CERT. Je suis contrariée de constater que les femmes luttent toujours pour défendre leurs droits fondamentaux, non seulement à travers le monde, mais aussi dans certains pays voisins du mien. C’est pourquoi je mets un point d’honneur à maintenir une équité et un équilibre entre les genres au sein des équipes que je supervise.
Quelles sont les tâches des membres d’une CERT ?
Étant volontaires, nous menons notre vie en parallèle : nous étudions, travaillons et passons du temps avec nos amis. Toutefois, en cas d’urgence ou dès qu’il y a un besoin, nous pouvons nous mobiliser rapidement et fournir les premiers secours avant l’arrivée des professionnels. En outre, nous suivons chaque année une formation professionnelle de deux jours consacrée aux CERT et organisée par l’AKAH afin d’améliorer nos connaissances.
Le Partenariat de la montagne nomme habituellement des personnalités publiques pour défendre la cause du développement durable en montagne. Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être la toute première jeune ambassadrice de bonne volonté ?
Pour être franche, je ne saisis pas totalement la signification de cette nomination. Mais lorsque les personnes de mon entourage ont commencé à me féliciter, j’ai compris l’importance et le sérieux de ce titre, je me suis donc renseignée sur Internet. Il s’avère que, jusqu’à présent, seuls des influenceurs de premier plan et des stars pouvaient être nommés. C’est une énorme responsabilité pour moi. Je suis donc extrêmement fière que la communauté internationale nous remarque, nous les volontaires. Sans les 5 000 autres bénévoles, je n’aurais jamais été nommée. Nous méritons tous ce titre, et tous les membres de notre CERT peuvent se targuer d’être des ambassadeurs de bonne volonté.
Auriez-vous un message à faire passer à d’autres jeunes femmes et filles ?
Énormément de jeunes filles pensent ne pas pouvoir faire partie d’une équipe de volontaires ou ont peur de s’exprimer. Les CERT constituent des plateformes qui nous permettent de faire entendre notre voix. Alors n’ayez plus peur. Dressez-vous fièrement et faites bouger les choses !
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Trushna Torche - [email protected]