Pakistan · 3 mai 2021 · 3 min
Dans la province du Sindh, au Pakistan, les agentes de santé de Badin vont proposer des services de santé mentale parmi les communautés locales dans le cadre d’une étude pilote menée par des chercheurs de l’Université Aga Khan (AKU).
Selon un rapport publié en 2021 par l’Autorité de santé mentale du Sindh, le district de Badin présente le deuxième taux de suicide le plus élevé de la province. En effet, il est très difficile d’accéder à des soins de santé mentale pour les habitants des zones rurales du district qui, en outre, évitent souvent d’avoir recours aux traitements disponibles de peur d’être stigmatisés. Comme aucun professionnel spécialisé n’exerce à l’échelle locale, les personnes ayant besoin de consulter un psychiatre ou un psychologue sont contraintes de se rendre dans les hôpitaux des mégapoles comme Hyderabad ou Karachi.
La première phase de l’étude consistera à identifier les cas de personnes atteintes d’anxiété et de dépression par le biais d’une enquête menée directement auprès des ménages de Badin. Au terme de cette première étape, les LHW ainsi que leurs superviseuses (LHS) suivront une formation en santé mentale communautaire basée sur les modules du Guide d’intervention mhGAP de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a été spécifiquement conçu pour une application dans des environnements sanitaires non spécialisés.
Par la suite, les LHW, les LHS et les agents de terrain déployés à Badin mettront en pratique leur formation et s’appuieront sur l’application mobile mPareshan (en ourdou, « pareshan » signifie « anxieux » ou « mal à l’aise ») lors de leurs visites à domicile afin d’offrir à leurs patients un accompagnement non spécialisé, d’organiser des exercices stimulants, mais également de suivre et d’orienter les cas les plus à risque vers le niveau de soins supérieur.
« Cette étude permettra aux agents de santé travaillant en première ligne de fournir des services de santé mentale à l’échelle communautaire à l’aide d’une solution technologique novatrice. À ce jour, très peu d’études ont abordé le problème de la santé mentale au Pakistan. Ce projet inédit aura donc pour but d’évaluer l’incidence de l’anxiété et de la dépression au sein de la population rurale », explique la Professeure Fauziah Rabbani, chercheuse principale de l’étude.
« Même si le Pakistan fait face à une hausse des maladies non transmissibles, le domaine de la santé mentale reste négligé et méconnu. Notre étude vise à encourager l’intégration de services de santé mentale dans les ensembles des services de santé de base, mais nous permettra également de déterminer si les agents de santé travaillant en première ligne peuvent effectivement améliorer la santé mentale des communautés vulnérables. »
Au terme de l’intervention, les chercheurs évalueront les évolutions des scores relatifs à la dépression et à l’anxiété des participants, mais également la progression des connaissances et des compétences des agents de santé dans leur façon d’aborder les problèmes de santé mentale. Plusieurs séries d’entretiens et groupes de discussion seront mis en place avec les acteurs de l’ensemble du système afin d’identifier les facteurs susceptibles de faciliter ou d’entraver la reproduction potentielle du projet dans d’autres provinces.
Approuvée par l’administration du Sindh, cette étude est menée par les chercheurs du service des sciences de la santé communautaire et de l’Institut « Brain and Mind » (Cerveau et esprit) de l’Université Aga Khan. Elle s’inscrit dans le cadre du troisième objectif de développement durable (ODD), « Bonne santé et bien-être », qui encourage la prise d’action afin de promouvoir la santé mentale et le bien-être.
Ce projet s’appuie sur les réussites de deux projets de l’Université : le projet NIGRAAN, financé par l’OMS, et le projet Umeed-e-Nau NIGRAAN PLUS, parrainé par la Fondation Bill & Melinda Gates.
Ce texte est une adaptation d’un article publié sur le site internet de l’AKU.