par Feu Son Altesse le Prince Karim Aga Khan IV, Ottawa, Canada · 29 mai 2014 · 4 min
Bismillah-ir-Rahman-ir-Rahim
Madame Adrienne Clarkson
Madame Michaëlle Jean
Vos Excellences
Ministres
Invités de marque
Mesdames et Messieurs
J’ai le plaisir de vous souhaiter la bienvenue à la troisième Conférence annuelle sur le pluralisme du Centre mondial de pluralisme. L’objectif de la Conférence est d’offrir aux dirigeants internationaux et aux personnes de valeur et d’esprit, une plateforme où réfléchir à des questions importantes en lien avec le pluralisme. Nous atteignons certainement cet objectif ce soir, alors que nous accueillons notre conférencier très distingué, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres.
Comme vous le savez, M. Guterres a été premier ministre du Portugal pendant sept ans, de 1995 à 2002. Il assume les fonctions de Haut-Commissaire pour les réfugiés depuis 2005 et s’est fait élire pour un second mandat de cinq ans en 2010.
Les défis que M. Guterres a affrontés ont été extraordinaires, tout comme le fut sa manière d’y répondre. Ces premières années du 21e siècle ont connu des défis humanitaires sans précédent. La situation mondiale des réfugiés a atteint des proportions de crises, souvent déclenchées par des conflits ethniques, religieux ou sociaux.
Nous vivons à une époque paradoxale. Les guerres à grande échelle éclatent de moins en moins, et l’on pourrait même dire que c’est une époque où les relations entre les grands pays sont relativement stables. Cependant, c’est également une époque de conflits violents incessants — de faible intensité, mais de lutte armée longue et féroce — particulièrement dans les régions sousdéveloppées.
C’est également paradoxal que — chaque fois que la technologie nous donne une occasion sans précédent de communiquer — et de coopérer — partout dans le monde, les interactions humaines reflètent si souvent l’échec extrême de la compréhension du pluralisme — particulièrement au sein des États et dans des contextes relativement localisés. Le résultat est une crise mondiale de réfugiés d’une ampleur et d’une gravité sans égal.
Trouver comment répondre à cette crise de réfugiés sans précédent fait partie des défis les plus urgents de notre époque. Nous sommes chanceux d’avoir l’occasion d’écouter M. Guterres, qui a consacré des décennies à s’attaquer de front à ces questions, non seulement à l’échelle mondiale, mais également au Portugal et en Europe.
Il y a trente ans, en tant que jeune membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, M. Guterres a présidé le Comité des migrations, des réfugiés et de la population de l’Assemblée. En 1991, il y a plus de vingt ans, il a fondé le Conseil portugais pour les réfugiés, qui à ce jour, est la seule ONG nationale du Portugal à travailler exclusivement au bénéfice des demandeurs d’asile et des réfugiés.
Ce travail, soulignons-le, comporte deux volets importants : le premier est de répondre aux dangers immédiats qu’affrontent les réfugiés arrivants, et ce en relevant le défi d’assurer leur subsistance et leur protection. Le second est de s’attaquer aux défis de l’intégration en aidant les réfugiés à parvenir à l’égalité des chances dans leur nouvel environnement.
Les problèmes que doivent surmonter les réfugiés sont une de mes principales préoccupations depuis longtemps. Ma propre communauté a, à divers moment dans l’histoire, été forcée de demander l’asile sur de nouvelles terres d’accueil — notamment au Canada. Et j’admire depuis longtemps le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. Peut-être savez-vous que mon oncle, le prince Sadruddin Aga Khan, a eu le privilège d’être le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés de 1966 à 1977, jouant un rôle primordial dans la réorientation de l’organisation. D’abord axé sur les réfugiés de l’après-guerre, il a transformé son mandat en ciblant davantage les crises humanitaires.
Au fil de sa longue carrière, António Guterres fut un défenseur passionné et efficace de ces enjeux, s’exprimant tant sur les droits des réfugiés que sur les responsabilités de la société pour les soutenir et les intégrer. Je partage la conviction à la base de son discours et de son travail voulant que la valeur d’une personne dans ce monde ne dépende pas d’où elle vient et que toutes les personnes devraient se faire accueillir dans le tissu de la société dans laquelle elles se retrouvent, et ce afin de pouvoir contribuer au progrès à long terme de cette société.