Kenya · 1 septembre 2022 · 4 min
Le lundi après-midi est le moment de la semaine attendu de tous à l’École maternelle Aga Khan de Mombasa. Après le déjeuner, les enfants et les instituteurs enfilent leurs tabliers avant de sortir, leurs outils de jardinage à la main, pour suivre l’avancée de leur potager.
Sur cette parcelle rectangulaire située sous un palmier, ils découvrent des pousses vertes qui sortent de la terre. Il semblerait qu’il ait plu pendant le week-end. Cultiver des légumes est l’une des nombreuses activités orientées sur la nature organisées ici. À l’École maternelle Aga Khan, ainsi que dans les autres établissements de son réseau, les enfants découvrent dès leur plus jeune âge l’importance de la protection de l’environnement.
Des études ont montré que c’est au cours des cinq premières années de la vie d’un enfant que le cerveau humain se développe le plus rapidement. Lors de cette période, les enfants se réfèrent aux personnes qui les entourent, qui s’occupent d’eux, qui les guident, qui leur transmettent leurs connaissances et qui les inspirent, ce qui a une influence sur leur développement social et émotionnel au fur et à mesure qu’ils grandissent.
« Lorsque nous sommes écoliers, nous reproduisons les comportements de nos parents, mais aussi ceux de nos enseignants. Nous sommes influencés par la façon dont les activités auxquelles ils prennent part nous animent », explique la Dre Fozia Parveen, dans un épisode du podcast Aanchal ECD, produit par l’Institut pour le développement de l’éducation de l’Université Aga Khan (AKU-IED). « Il est donc primordial d’appliquer une approche qui mêle expérience et action », continue-t-elle.
Dans le podcast, la Dre Parveen, qui est professeure associée à l’AKU-IED, décrit comment le fait de grandir entourée de montagnes enneigées et de rivières glacées dans le nord du Pakistan a fait naître chez elle un attachement inné pour l’environnement naturel. Elle y partage l’un de ses premiers souvenirs de maternelle : apprendre les lettres et les chiffres en plaçant des cailloux dans des carrés creusés dans la terre.
Depuis de nombreuses années, les crèches et les maternelles qu’exploite le Réseau Aga Khan de développement (AKDN) mettent en œuvre des activités similaires pour encourager les jeunes enfants à développer un attrait pour la nature et visent à combiner expérience et action dans leur approche pédagogique.
À l’autre bout de la ville, à Tudor Creek, les enseignants et les enfants du Programme Madrasa de développement de la petite enfance s’affairent à planter des plants de palétuviers le long de la côte.
Chaque année, ce programme de la Fondation Aga Khan (AKF) et d’autres institutions du Réseau Aga Khan de développement participent à l’initiative « Plant your age » (Plantez votre âge), dans le cadre de laquelle les membres des communautés locales se réunissent pour planter autant de plants de palétuviers qu’ils ont passé d’années sur la planète.
En grandissant, les enfants apprendront l’importance des mangroves. Les palétuviers, les arbres qui les composent dans la majeure partie, poussent entre la terre et la mer et résistent à l’environnement salin. Ces écosystèmes côtiers importants protègent les rivages des intempéries et absorbent dix fois plus de carbone que les écosystèmes terrestres.
Au fur et à mesure que les plants pousseront, ils seront source de bénéfices pour les populations locales, l’environnement naturel et, surtout, la vie marine indigène.
Aider les enfants à apprécier les merveilles du monde naturel est une étape de plus en plus considérée comme un prérequis à l’apprentissage du phénomène qu’est le changement climatique et à la compréhension de l’importance de la gestion de l’environnement. Une telle approche peut en outre aider les personnes qui subiront le plus les effets du changement climatique à transformer activement le monde dont elles hériteront.
À l’École maternelle Aga Khan de Thorala, dans l’ouest de l’Inde, les enfants apprennent à prendre conscience de leurs responsabilités envers l’environnement au travers d’activités ludiques menées en classe.
« L’établissement ne ménage pas ses efforts pour instruire les enfants et leur apprendre à protéger l’environnement dès leur plus jeune âge », explique Rahim Vasaya, un parent d’élève. Mais cette initiative apporte des avantages hors de son propre cadre. « En tant que parents, nous prenons de plus en plus conscience de la nécessité de protéger la nature. »
En parallèle, l’établissement applique plusieurs mesures durables : remplacement des serviettes en papier par des serviettes en tissu, utilisation de nettoyants uniquement naturels, mise à disposition de jouets écologiques et sensibilisation à la prise de bonnes habitudes telles que la réutilisation, la réduction et le recyclage des déchets. Les repas servis sont uniquement végétariens et biologiques, et tous les restes sont recyclés ou compostés par les membres du personnel.
« Nos établissements militent pour que les écoles maternelles adoptent des pratiques écologiques. Ils encouragent et favorisent le développement de la conscience écologique des enfants et mettent en œuvre des pratiques qui contribuent à assurer un avenir durable, propre et non toxique, ce qui est avant tout bénéfique pour la santé et le bien-être de nos élèves », explique le Dr Iqbal Sama, directeur régional pour le Gujarat.
Les élèves et les enseignants de l’École maternelle Aga Khan de Thorala communient avec la nature en semant des graines de blé.
AKDN / Zohra Hemnani
Avec cette approche, l’école a été remarquée. En effet, l’établissement a récemment remporté deux prix décernés par EducationWorld India : il a été désigné « école maternelle la plus écologique du Gujarat » et classé parmi les « 10 écoles maternelles les plus écologiques d’Inde ». En outre, le Service d’éducation Aga Khan, Inde (AKES,I) a été classé parmi les cinq meilleurs réseaux de développement de la petite enfance du pays.
Les initiatives éducatives orientées sur la nature peuvent permettre aux jeunes enfants d’acquérir des connaissances et de développer la créativité dont ils auront besoin pour réduire leur inquiétude vis-à-vis du climat et lutter contre le changement climatique. Elles les aident également à communier avec leur environnement naturel et renforcent leurs relations, ce qui les encourage plus tard à entreprendre des changements à plus grande échelle.
Chaque année, plus de deux millions d’enfants d’âge préscolaire d’Asie, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Europe bénéficient des activités de l’AKDN. Les plus jeunes élèves d’aujourd’hui sont peut-être encore petits, mais avec une bonne éducation, ils ont le potentiel d’avoir un impact positif considérable sur notre monde à l’avenir.