Au travers de leur travail de création et d'interprétation de nouvelles œuvres, les artistes affiliés au Programme musical partagent la conviction que la tradition peut agir comme une précieuse boussole dans la découverte de nouvelles formes créatives qui s’inspirent du passé sans s’y limiter.
Le Programme Aga Khan pour la musique (AKMP) consacre une partie de son travail à la commande et à la création de nouvelles œuvres. Un exemple récent est le répertoire du collectif « Aga Khan Master Musicians » (AKMM), un ensemble de morceaux instrumentaux composés et arrangés par les membres eux-mêmes. À l'occasion de la cérémonie inaugurale des Prix Aga Khan de Musique (AKMA), organisée en 2019 à Lisbonne, le collectif s’est associé à l’Orchestre de la Fondation Gulbenkian pour interpréter en avant-première une sélection de son répertoire, spécialement réarrangée par le compositeur Dmitri Yanov-Yanovsky pour l'occasion.
L'œuvre multimédia Qyrk Qyz (Les 40 filles), dont la première mondiale a été donnée au Hopkins Center for the Arts du Dartmouth College en mars 2018, figure parmi les autres commandes majeures de l’AKMP. Pensée et réalisée par la cinéaste et artiste visuelle Saodat Ismailova, l’œuvre Qyrq Qyz fusionne des éléments vidéo, une bande originale composée et arrangée par Dmitri Yanov-Yanovsky et des chants bardes traditionnels d’Asie centrale avec des morceaux instrumentaux interprétés dans un cadre théâtral par huit musiciennes présentes sur scène. Précédemment, l’AKMP avait commandé des œuvres en vue de les intégrer à l’anthologie CD-DVD en 10 volumes Music of Central Asia (Musique d'Asie centrale), coproduite et publiée à l’international par Smithsonian Folkways Recordings entre 2005 et 2012. Sur une note similaire, un ensemble d’œuvres arrangées et interprétées par le Kronos Quartet et le Trio Da Kali, un groupe malien, ont été publiées sur le CD Ladilikan (World Circuit Records, 2017).
L’Orchestre de la Fondation Gulbenkian et le collectif « Aga Khan Master Musicians » célèbrent la diversité lors du concert d’ouverture des Prix Aga Khan de Musique 2019 à Lisbonne, au Portugal le 29 mars 2019.
AKDN / José Fernandes
L’AKMP sélectionne des salles de concert qu’il considère comme idéales pour atteindre des publics de différents profils et groupes d’âge. Les formats de présentation sont pensés pour replacer les interprètes et leur musique dans un large cadre culturel. De courts documentaires projetés au début d’un concert, des surtitres traduisant les paroles des chansons, une vidéo diffusée en direct affichant des séquences en gros plan des musiciens et de leurs instruments ou encore une scénographie vidéo projetée sur de grands panneaux sont autant d’aides visuelles qui enrichissent les spectacles organisés et coproduits par le Programme pour la musique.
Les programmes de concerts évoluent en permanence et peuvent mettre en lumière des styles, genres et répertoires musicaux traditionnels comme des œuvres nouvelles ou réarrangées qui s'inspirent de la tradition, mais s’expriment au travers de langages musicaux contemporains.
Au fur et à mesure qu’il s’étoffe, le répertoire du Programme musical, qui intègre des artistes dont le travail est enraciné dans la musique de Chine, d’Égypte, d’Iran, du Mali, de Syrie et de Tunisie, ainsi qu’un groupe plus ancien dont les membres sont originaires d’Asie centrale, favorise des collaborations artistiques interrégionales qui jouent un rôle de plus en plus important dans les représentations et le rayonnement du Programme à l’échelle internationale.
Le collectif « Aga Khan Master Musicians » (AKMM) est un sextuor dont les membres font partie des artistes proéminents du répertoire que l'AKMP forme et soutient depuis les 17 dernières années. L’AKMM se compose de :
Wu Man, pipa
Basel Rajoub, saxophone, duclar, tárogató
Sirojiddin Juraev, dutar, tanbûr, sato
Feras Charestan, kanoun
Abbos Kosimov, tambour sur cadre
Jasser Haj Youssef, viole et viole d’amour
L’AKMM crée une musique qui s'inspire des racines profondes de ses musiciens dans les cultures du Moyen-Orient, du bassin méditerranéen, d’Asie du Sud, d’Asie centrale et de Chine. Formé par l'AKMP dans le but d’étudier la façon dont l’innovation musicale peut contribuer à la revitalisation du patrimoine culturel, l’ensemble se compose de grands interprètes et compositeurs-arrangeurs. Ils se produisent sur les scènes les plus prestigieuses du monde, tout en travaillant en parallèle à titre d'enseignants, de mentors et de conservateurs. Chacun de ces artistes d’exception est passé maître dans une tradition musicale rigoureuse marquée par des techniques d'interprétation, des styles, des répertoires et des méthodes d’enseignement canoniques. Ils partagent la conviction que la tradition peut agir comme une précieuse boussole dans la découverte de nouvelles formes créatives qui s’inspirent du passé sans s’y limiter. Cette exploration a notamment donné naissance à un ensemble d’œuvres à l’originalité étonnante, composées, arrangées et interprétées par le collectif lui-même, souvent aux côtés d'invités de marque. Le Kronos Quartet, le virtuose malien de ngoni Bassekou Kouyaté et l'Orchestre de la Fondation Gulbenkian de Lisbonne se sont notamment produits avec le collectif lors de concerts récemment organisés par l'AKMP.
Le collectif « Aga Khan Master Musicians » a joué à l'occasion du Festival de littérature ZEE de Jaipur. Il se composait de Basel Rajoub, Salar Nader, Homayoun Sakhi, Wu Man, Feras Charestan et Andrea Piccioni.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Le Programme Aga Khan pour la musique a produit et présenté des spectacles dans des salles de concert et des festivals prestigieux en Europe, aux États-Unis et en Afrique du Nord, notamment à l’Asia Society, au Barbican Centre, au Carnegie Hall, à la Cité de la Musique, au Festival d’Édimbourg, à l’English National Opera, au Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde, aux Freer and Sackler Galleries de la Smithsonian Institution, au Metropolitan Museum of Art ou encore au Théâtre de la ville. Des accords pluriannuels de coprésentation passés avec l’Asia Society, le Festival d’Édimbourg et le Théâtre de la Ville facilitent la mise en place de programmes à long terme pour la commande et la présentation de nouvelles œuvres et de nouvelles collaborations créatives.
Les programmes d’ateliers et de résidences pour artistes font le lien entre la mission pédagogique de l’AKMP et son expérience en matière de conservation et de présentation d’œuvres musicales. Souvent organisés en parallèle d'un concert officiel, les ateliers créatifs pratiques et les résidences permettent à des étudiants des cycles supérieurs d’échanger directement avec les musiciens du répertoire de l’AKMP dans des environnements intimistes. Les résidences constituent une occasion exceptionnelle pour les participants d’explorer des questions fondamentales sur la créativité musicale au sein de langages et de formes artistiques spécifiques à une culture, ou qui se veulent au contraire interculturels. Ces programmes sont animés par des enseignants-conservateurs qui font office d'intermédiaires entre les musiciens et les étudiants.
Les ateliers et les résidences renforcent la compréhension qu'ont les étudiants de la musique et de la poésie du monde musulman et stimulent la créativité des musiciens qui les présentent. Ce processus débouche régulièrement sur la création de nouvelles formes de présentation et de nouvelles œuvres. À ce jour, les résidences et ateliers soutenus par l’AKMP ont été organisés dans des collèges et universités de premier plan en Europe et en Amérique du Nord, dont à l’Université Brandeis, à l’Université Columbia, au Dartmouth College, à l’Université Harvard, à l’Université de Stanford ou encore à l’Université Wesleyenne.