Trust Aga Khan pour la culture
Indisponible · 13 mars 2024 · 1 min
Chaque année, les agences de développement dépensent des millions de dollars pour restaurer des bâtiments, des parcs, des jardins, des monuments historiques et des quartiers entiers. Toutefois, dans les pays confrontés à la pauvreté, à la faim et à d’autres enjeux plus urgents, de tels projets peuvent paraître déconnectés de la réalité, voire futiles. La réalité se veut malgré tout plus complexe, et les avantages de la restauration de sites anciens se répercutent bien au-delà du travail en lui-même. Il s’agit d’une composante importante du développement qui contribue à l’amélioration de la qualité de vie.
Découvrez ci-après comment nos projets de restauration du patrimoine culturel stimulent le développement économique en Afghanistan, en Égypte, en Inde, au Pakistan, en Syrie et au Tadjikistan.
Chaque projet crée de nouveaux emplois. Prenons l’exemple de l’un des plus grands projets de restauration du patrimoine culturel menés au Pakistan, qui a permis la conservation de monuments moghols et de rues et demeures ancestrales dans la ville fortifiée de Lahore. Sur une période de plus de 10 ans, près de 1 500 personnes, notamment de jeunes architectes, historiens de l’art, ingénieurs, artistes, chimistes, spécialistes de la conservation et céramistes, ont trouvé un emploi dans le cadre de ce projet. Depuis, la demande de professionnels de la conservation a augmenté dans la région. Plus important encore, les résidents ont petit à petit accepté que le tissu urbain dont ils font partie soit réhabilité.
Dans le cadre de ce genre de projets, les vendeurs, artisans et prestataires de services voient également leurs activités prendre un nouvel élan. En 2016, la Direction générale des antiquités et des musées de Syrie a sollicité notre aide pour réhabiliter certains des sites endommagés du pays. Le rétablissement de l’accès au cœur du souk central d’Alep a permis de faire revivre le commerce sur la place du marché des antiquités de la vieille ville, mais a également entraîné la mise en œuvre d’autres initiatives publiques et privées, ce qui a revitalisé l’ensemble de la zone et stimulé l’économie. D’ici à la fin 2025, près de 280 échoppes auront été réhabilitées.
Les projets de restauration impliquent la mise en place d’un vaste processus d’amélioration des compétences au sein des communautés concernées. Dans ce contexte, les résidents peuvent être amenés à apprendre des techniques de construction traditionnelles, la menuiserie, la maçonnerie et la conservation, ce qui les arme pour trouver un emploi par la suite.
Lors de la création du parc Al-Azhar, au Caire, en Égypte, 6 500 personnes ont bénéficié d’un programme de formation, de services d’insertion et d’orientation professionnelles, mais également d’un accompagnement pour le développement d’entreprises d’artisanat. En Afghanistan, près de 10 000 personnes, principalement des femmes, ont suivi des programmes de formation mis en place pour appuyer les travaux de conservation et de réhabilitation menés à travers le pays.
Une fois formées, de nombreuses personnes mettent sur pied un projet d’artisanat à l’échelle locale, tandis que d’autres trouvent un emploi stable ailleurs. Au travers de ces métiers, les résidents gagnent un revenu supplémentaire qui vient renforcer la stabilité financière et ouvrir les perspectives de leur famille.
La formation de spécialistes de la conservation et le renforcement des capacités à l’échelle locale permettent aux municipalités de créer des agences de gestion du patrimoine. C’est par exemple le cas de l’autorité de la ville fortifiée de Lahore, qui cherche actuellement à ouvrir une formation spécialisée dans la conservation du patrimoine architectural en vue de développer un vivier de professionnels qualifiés et de préserver le patrimoine local à long terme.
Lorsqu’elle est réalisée de manière intégrale, la restauration de monuments historiques ouvre la voie à l’amélioration des rues, des habitats et des espaces urbains adjacents, qui ont eux aussi été négligés ou mal réparés pendant plusieurs siècles. C’est par exemple ce qui a été fait lors de la création du parc Al-Azhar. Dans le sillage du projet, des programmes de microcrédit pour le développement de petites entreprises, un centre de soins, des cours d’alphabétisation et des formations pour adultes ont été lancés dans le quartier adjacent d’Al-Darb Al-Ahmar. De la même façon, la restauration du fort de Shigar, dans le nord du Pakistan, a permis la mise en place d’un système d’approvisionnement en eau potable, l’amélioration des services d’assainissement et l’installation d’un réseau électrique enterré.
Mais l’impact de ce travail va même au-delà de l’amélioration de la qualité de vie des communautés. Par exemple, l’accès à l’eau potable et à un assainissement correct réduit les maladies et améliore la productivité, de sorte que les résidents bénéficiaires peuvent envoyer leurs enfants à l’école, participer à l’économie locale et réduire leurs dépenses liées à la santé. Des infrastructures efficaces et sûres favorisent le développement industriel, ce qui rend un pays plus attractif pour les investisseurs et les touristes. Au cours des 15 dernières années, le quartier d’Al-Darb Al-Ahmar a connu l’un des développements les plus rapides du Caire.
En 2023, nos 13 parcs et jardins ont accueilli plus de six millions de visiteurs. Les dépenses de ces touristes, que ce soit dans les transports, l’hébergement, la restauration ou les billetteries, couvrent les frais de fonctionnement des sites, engendrent un afflux d’argent dans l’économie locale et augmentent les recettes publiques par le biais des taxes directes et du chiffre d’affaires des entreprises locales.
Les travaux de restauration que nous avons menés ont entraîné une augmentation du tourisme culturel. Depuis la fin de la restauration du complexe funéraire et des jardins de Humayun, à Dehli, en Inde, en 2013, le nombre de visites annuelles est passé de 20 000 à deux millions. Au Pakistan, depuis 2020, le nombre de visites annuelles sur le site du fort de Lahore, classé sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, est passé de 1,6 million à environ cinq millions. Dans le quartier historique d’Al-Darb Al-Ahmar, au Caire, la revitalisation du tissu urbain menée dans le sillage de la création du parc Al-Azhar se poursuit même après 20 ans. Un nouvel itinéraire touristique a été ouvert en février 2023 et a attiré quelque 8 000 visiteurs supplémentaires dans la zone, ce qui a entraîné le développement des activités des vendeurs et artisans locaux.
Les parcs et jardins rénovés deviennent des lieux culturels à l’empreinte unique et sont parfaitement adaptés pour accueillir des spectacles, des concerts et des expositions, ce qui engendre des revenus supplémentaires et stimule la production culturelle à l’échelle locale.
Les manifestations officielles et les rassemblements communautaires qui ont lieu dans le parc de Khorog, au Tadjikistan, attirent quelque 5 000 visiteurs par mois, tandis que le musée situé dans le hammam Shahi de Lahore attire environ 30 000 visiteurs par an. Le musée est autonome financièrement grâce à son programme de conférences, de séminaires et d’événements culturels et professionnels, mais participe également à la mobilisation de fonds en faveur de la conservation de la ville fortifiée.
Des chefs d’État, dont le président français Emmanuel Macron et l’ancien président des États-Unis Barack Obama, ont visité les sites de Delhi, tandis que le roi Charles s’est déjà rendu dans le parc Al-Azhar du Caire. Ces sites améliorent l’image de leur pays sur la scène internationale et ouvrent ainsi de nouvelles perspectives.
Actuellement, nous menons des projets sur des bâtiments, des quartiers, des parcs, des jardins ainsi que des sites classés sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO dans neuf pays. Cliquez sur ce lien pour les découvrir.